Mexique : Libération des défenseurs des droits de l'homme Lázaro Sánchez Gutiérrez et Victórico Gálvez Pérez
Publié le 15 Avril 2021
Nous démentons la version d'un accident de voiture provoqué par nos compañeros.
- Nous exigeons que l'État mexicain respecte, protège et garantisse le travail des droits de l'homme au Chiapas.
Aujourd'hui, après minuit, nos défenseurs des droits humains Lázaro Sánchez Gutiérrez et Victórico Gálvez Pérez (Lázaro et Vico), qui ont été arbitrairement privés de liberté pendant plus de 40 heures, ont été libérés. Ils sont en bonne santé, c'est pourquoi nous célébrons leur vie et leurs retrouvailles avec leurs familles, leurs proches et la communauté Frayba.
Nous démentons catégoriquement les informations diffusées par l'État du Chiapas, où il a été déclaré que la raison de la détention de Lázaro et Vico était due à un accident de la route à Ocosingo.
Pour le Centre des droits de l'homme Fray Bartolomé de Las Casas (Frayba), ce type de discours est préoccupant car il minimise le contexte de violence dans la région et, par conséquent, le risque élevé auquel sont exposés les défenseurs des droits de l'homme, déformant les agressions dont nous sommes constamment victimes, les faisant passer pour des événements sans rapport avec notre travail. Et ce qui est encore plus inquiétant, c'est que l'on maintient la politique de simulation de la grave crise de la sécurité et des droits de l'homme, qui continue de menacer la vie des peuples indigènes, des communautés paysanne et métisse dans les différentes régions de notre État.
En ce qui concerne la situation vécue par nos compagnons, nous tenons pour l'instant à ne pas rendre publics les détails de ces événements car cela les met en danger et compromet leur sécurité et celle de ceux d'entre nous qui composent le Frayba, cependant, nous réaffirmons que la privation de liberté de nos camarades a pour origine notre travail de promotion et de défense des droits de l'homme au Chiapas.
Nous regrettons que face aux dénonciations faites par le Frayba, les actions de l'Etat mexicain soient inopérantes, lentes, et génèrent des actes qui permettent de maintenir le pacte d'impunité, lié à l'inefficacité du système judiciaire.
En tant que défenseurs des droits humains au Mexique, nous effectuons notre travail dans des territoires où les conditions d'insécurité et de violence portent de plus en plus atteinte à nos droits. Ce contexte est aggravé par l'omission et l'action de l'État mexicain, qui accroît la grave crise des droits de l'homme.
Nous savons que cette lutte pour la dignité et la justice dérange les acteurs, ils sont mal à l'aise avec notre présence et nos paroles, pour cette raison nous sommes préoccupés par les agressions, les menaces, le discrédit de notre travail et même l'utilisation de la liberté personnelle comme monnaie d'échange pour justifier une politique d'état qui favorise la confrontation et la violence institutionnelle.
Face à cette situation, nous nous souvenons de la mission que nous a laissée le jTatik Samuel Ruiz : marcher aux côtés des pauvres et des personnes organisées. Nous réaffirmons que nous continuerons à élever la voix pour dénoncer l'injustice, en accompagnant les personnes et les victimes de graves violations des droits de l'homme.
Notre mission devient de plus en plus forte lorsque vous nous accompagnez sur la route, là nous nous retrouvons dans l'humanité que nous sommes et que nous voulons être, c'est pourquoi nous envoyons notre sincère et profonde gratitude aux personnes, collectifs, villes, quartiers et colonies, églises, organisations de la société civile, ambassades, familles des victimes et médias, car leurs actions de solidarité et d'indignation ont rendu possible la liberté de Lazaro et Vico.
Nous n'avons pas d'autre façon de leur rendre la pareille que par notre gratitude qui vient du cœur et de l'engagement de la résistance et d'une vision des droits de l'homme qui émerge des Peuples, où la solidarité est permanente avec leurs luttes, leurs processus et est soutenue avec toute la force pour construire de nouveaux horizons d'une vie plus humaine et plus juste.
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San Cristóbal de Las Casas, Chiapas, Mexique
14 avril 2021
Bulletin n° 4
traduction carolita d'un communiqué paru sur le site du Frayba le 14 avril 2021