Cosmovision Toba/Qom : Lapichí, héro culturel

Publié le 11 Avril 2021

Héros culturel du peuple Toba, également appelé Dapithí ou Dapitchí.

Il apportait l'eau, la pluie et les graines dans une jarre, traçait le cours des rivières en creusant des sillons avec un bâton, et enseignait aux gens les techniques de pêche et d'agriculture.

Il a appris aux hommes et aux femmes à se respecter mutuellement et a imposé la monogamie. Dans le Peletché, mythe de la création du monde, rédigé par Enrique Palavecino, on lui attribue la formation de la terre, en prenant l'eau et en la laissant sous forme de miel battu qui deviendra plus tard dur, "solide, comme un plancher".

Puis il monta au ciel, avec la mission que lui avait confiée Kharta d'indiquer aux femmes-étoiles leur place précise dans le monde d'en haut.

 

Narration Toba. Compilation orale réalisée par Alfredo Tomasinia.

C'est une histoire des anciens, quand il n'y avait pas de pluie. C'est donc Dapitchí1 qui a fait tout ça. Avant, les vieux savaient travailler, semer ; mais la pluie ne tombait pas d'en haut, elle venait de sous la terre et quand il pleuvait, elle sortait comme de la brume. Il ne pleuvait donc pas beaucoup. Cette brume était comme un crachin, mais elle venait du sous-sol. Et puis il n'y avait plus de rivière, plus rien. Et à partir de ce moment-là, Dapitchí a commencé à travailler ; il était avec tous les gens, et il pensait qu'il devait y avoir une rivière, qu'il devait pleuvoir. La pluie est venue, l'eau d'en haut, du ciel, pour qu'elle tombe ici et que l'humidité reste. Puis il a dit que oui, tout le monde est resté parce qu'ils voulaient qu'il y ait une rivière. Alors Dapitchí a donné à Wayagaláchi un pieu, pour qu'il plante cette lance, mais c'est Dapitchí qui l'avait mis, c'est là que ça avait commencé. Puis ils ont mis une corde autour de la taille de Wayagaláchi, il devait la tirer pour qu'il y ait une rivière. Wayagaláchi est venu en tirant la corde. Dapitchí dit à Wayagaláchi :

-Il faut prendre bien droit, sinon, là-bas, il va y avoir une courbe, il faut prendre bien droit, pour que la rivière soit droite.

Alors Wayagaláchi lui dit :

-Je ne vais pas être capable de le porter droit comme ça.

Il a commencé à tirer là où il avait commencé. Quand il s'est approché, il le portait toujours droit, mais Wayagaláchi a commencé à devenir un peu plus bossu, il a commencé à se retourner, c'est comme ça qu'il le portait. Et à partir de ce point, il a commencé à y avoir une rivière, quand il a tiré ; et quand il a atteint je ne sais quelle distance avec ce pieu, il y avait une rivière, mais elle était étroite, comme un petit canal, où on pouvait à peine voir les poissons. Et il a sûrement dû faire la jonction là, où il y a une mer en aval. Depuis lors, il y a une rivière. Et les poissons ne pouvaient pas monter là-haut, parce que la rivière était petite et n'avait pas de courant. Puis il a commencé à pleuvoir, et il pleuvait d'en haut. Toute l'eau qui tombait là, sur la colline, entrait dans ce petit canal que Wayagaláchi avait fait. Toute l'eau est tombée, et à partir de ce moment-là, la crue est arrivée, elle a commencé à creuser, elle a abattu tous les ravins qui étaient là, et le canal a commencé à s'agrandir, il s'est ouvert. Chaque année, il s'ouvrait davantage quand l'inondation arrivait. Et là, en aval, il y avait une chute d'eau, l'eau entrait, et elle a commencé à creuser et à creuser ; les lianes d'eau poussaient de ce côté, en amont, de sorte que tous les poissons qui entraient devaient sauter pour sortir de là. Je ne sais pas combien d'années ont dû s'écouler : c'est un conte de vieilles femmes. Et puis la rivière est arrivée jusqu'ici, mais elle était déjà plus large, et elle a commencé à monter ; maintenant je ne sais pas où c'est, du côté bolivien, et on dit qu'il y a un gros rocher qui traverse la largeur de la rivière. Donc l'eau coule toujours comme ça, dans une cascade. La pierre ne bouge pas, elle est toujours là, et quand les poissons arrivent à cet endroit, ils restent coincés, il y a un gros virage à cet endroit. Donc tous les poissons restent là, et les collas 2, quand les poissons arrivent, ils les attrapent facilement, parce qu'ils tournent juste là, ils ne peuvent pas monter parce que la cascade est très haute ; seuls les gros poissons peuvent monter ; le plus gros poisson, le plus vigoureux, c'est la dorade, et aussi les bogas. Ceux qui sautent. Donc tous les autres poissons sont juste laissés là, ils sont attrapés à la main.

C'était comme ça avant, et cette chute d'eau est toujours là.

Notes :

a. Juan Alfredo Tomasini. Anthropologue à l'Université de Buenos Aires, chercheur du CONICET au Musée de La Plata.

1. Dapitchí, Dieu du ciel chez les Toba. Créateur de l'ordre cosmique, il s'est ensuite retiré dans le ciel, où il forme la constellation des Pléiades ou des Sept Petits Chèvres, Siete cabritas. Cette histoire a été obtenue en 1970 chez les indigènes Toba du Chaco occidental, lors d'une recherche ethnographique menée par Alfredo Tomasini et dirigée par le Dr Marcelo Bórmida.

2. Collas : Coyas, métis boliviens.

Les Pléiades

Les Pléiades ou "sept petites chèvres" sont les sept filles de Lapichí qui, depuis la région céleste située entre les palais de ses filles, observe l'évolution des humains. Comme toutes ses filles sont des femmes, il protège particulièrement les femelles.

La position verticale des Pléiades à minuit annonce aux Toba que l'hiver se termine.
Dans les premiers temps, elles ont parcouru la Terre avec Kharta et d'autres dieux de la terre, transmettant aux humains les premières connaissances culturelles. Toutes sortes d'exploits et d'enseignements leur sont attribués - dont certains sont attribués à d'autres dieux dans d'autres versions -.

traduction carolita du site Pueblos originarios.com

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