Colombie : L'ONIC dénonce la situation critique des droits de l'homme et le manque d'attention du gouvernement et de l'entité territoriale envers les peuples autochtones plurinationaux du département d'Arauca

Publié le 30 Avril 2021

 par Willander Pushaina dans ONIC Communiqués 28 avril 2021

L'Organisation nationale indigène de Colombie -ONIC-, en tant qu'autorité autonome, rejette le manque d'attention que les entités territoriales et nationales ont accordé à la grave situation humanitaire dans laquelle se trouvent les communautés et les peuples indigènes du département frontalier d'Arauca.

Le Bureau consultatif sur les droits des peuples autochtones, les droits de l'homme et la paix de l'ONIC a envoyé une équipe dans le territoire araucano afin de mener des actions visant à renforcer la politique et l'organisation, l'attention aux cas et le suivi dans le domaine des droits de l'homme, et a pu confirmer la situation humanitaire critique et alarmante des peuples indigènes dans le département, qui est ancrée dans la grave situation économique de la République bolivarienne du Venezuela, la présence de groupes illégaux qui opèrent actuellement à la frontière entre la Colombie et le Venezuela, l'abandon de l'État colombien à fournir une solution structurelle aux besoins insatisfaits des communautés indigènes et, enfin, la corruption des institutions de l'entité territoriale, qui s'approprie les ressources qui, via la République bolivarienne du Venezuela, sont allouées aux communautés indigènes de ce département à travers le Système Général de Participations -SGP- et le Système Général de Redevances -SGR-, en tenant compte du fait que ce sont des droits que nous avons gagnés par la lutte sociale et dans de multiples Mingas et qui sont aujourd'hui des conquêtes qui sont matérialisées dans la Constitution Nationale de la Colombie.

En tant qu'Organisation Nationale Indigène de Colombie, nous sommes préoccupés par le sort de nos frères indigènes du département d'Arauca, car en plus du peu de ressources qu'ils reçoivent, les institutions de l'entité territoriale déduisent, par des ruses illégales, des pourcentages substantiels pour effectuer la livraison des ressources aux Resguardos.

Face à la situation ci-dessus, nous dénonçons et demandons aujourd'hui ce qui suit :

1- L'Organisation nationale indigène de Colombie a pris connaissance d'actions de corruption apparentes et présumées de la part des dirigeants locaux de ce département, qui prélèvent des pourcentages injustifiés et illégaux des ressources provenant du trésor public et destinées exclusivement aux communautés indigènes.

2- Aujourd'hui, les peuples indigènes plurinationaux des côtés colombien et vénézuélien subissent la rigueur du conflit armé, car il est de notoriété publique qu'il existe un différend dans cette zone pour le commerce lucratif généré par la contrebande d'essence, de bétail, de cultures de feuilles de coca pour le trafic de drogue ; l'exploitation illégale de l'or du côté vénézuélien par des groupes illégaux dans les territoires indigènes  transfrontaliers et les derniers événements dans l'État d'Apure, où quelque 200 indigènes du peuple plurinational Macaguán ont été déplacés de force et massivement du côté vénézuélien vers la municipalité d'Arauquita en Colombie.

3- Dans le cadre de l'attention portée à la crise humanitaire de ces 200 indigènes, de graves irrégularités se sont produites, puisque nous avons appris qu'un fonctionnaire de la mairie d'Arauquita se serait présenté à la communauté déplacée avec des kits de biosécurité, aurait recueilli des listes d'aide, puis serait reparti avec le véhicule dans lequel il transportait ces éléments de biosécurité sans livrer un seul kit à la population qui en avait tant besoin.

4- De même, nous dénonçons le fait que l'administration municipale ait enlevé la maison indigène aux peuples indigènes présents dans la municipalité d'Arauquita, qui utilisaient cette propriété depuis plus de 20 ans, et qu'elle soit aujourd'hui entre les mains de l'entité territoriale municipale.

5- Nous dénonçons le fait que, apparemment, l'administration d'Arauquita a ignoré les accords qui avaient été conclus concernant l'embauche de l'agent de liaison pour les affaires indigènes dans cette municipalité, puisque ces dernières années, un indigène a été embauché pour des contrats de quelques mois (environ 3 mois), laissant sans réponse les besoins et les ponts d'articulation et de communication avec les autorités et les communautés indigènes.

6- En tant qu'ONIC nous avons appris que les actions qui ont été prises par les administrations municipales dans ce département n'ont prétendument pas le consentement des autorités et des communautés indigènes, et atteignent le point d'imposer ce qu'ils devraient ou ne devraient pas dépenser les ressources qui proviennent de la SGP et de la SGR aux Résguardos Indigènes, ajoutant à cela le facteur aggravant que nous présentons dans le paragraphe un (1) ; transformant ceci en actions avec dommages, qui ne présentent pas de solutions réelles aux besoins des Peuples et des communautés indigènes dans le département.

7- Nous invitons très respectueusement le maire municipal d'Arauquita-Arauca, à nous donner une réponse dans les termes de la loi au droit de pétition présenté par le Conseil des droits des peuples indigènes, des droits de l'homme et de la paix de l'Organisation indigène de Colombie -ONIC le 26 avril 2021, avec des supports et des dates qui montrent de manière ordonnée à quoi ont été dépensées les ressources destinées à nos communautés autochtones, l'application de l'approche différentielle avec une pertinence ethnique autochtone, le consentement et le respect de la volonté déterminée par les autorités et les communautés autochtones sur ce dans quoi leurs propres ressources doivent être investies.

Nous demandons aux administrations locales de ce département de respecter la volonté des communautés quant à leur avenir et à la projection de leur vie avec les ressources du trésor public destinées aux communautés indigènes, et de s'occuper réellement de la situation humanitaire critique dans laquelle elles vivent, afin d'éviter de nouveaux dommages à leurs structures sociales que le colonialisme et l'État colombien ont endommagées et dégradées au cours de l'histoire.


Comptez sur nous pour la paix, jamais pour la guerre !

traduction carolita d'un communiqué paru sur le site de l'ONIC le 28 avril 2021

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