Brésil - Le rituel de la Tucandeira du peuple Sateré Mawé

Publié le 5 Avril 2021

Le rituel de la Tucandeira est compris comme un rite de passage de l'adolescence à l'âge adulte. Son protagoniste est la fourmi tucandeira.
Les Sateré, dès leur enfance, sont psychologiquement préparés à être initiés, le rituel fait partie de leur identité culturelle. En étant initiés, ils démontrent leur résistance, s'élèvent socialement et sont bénis pour agir dans la communauté.

La cérémonie sacrée est structurée par des symboles religieux qui expriment des significations à travers des peintures corporelles, des parures, des chants, des prières, des boissons et de la nourriture, entre autres.

Lors de la réalisation du rituel de la Tucandeira, plusieurs procédures sont nécessaires, ce qui requiert une organisation impliquant l'ensemble de la communauté. Le jeune qui souhaite être initié, entre 8 et 10 ans, doit exprimer sa volonté de mettre ses mains dans les gants de la tucandeira, sa volonté de passer de la puberté à la phase adulte de la vie.

Paraponera clavata, est le nom scientifique de la toucandeira, également appelée fourmi-balle en raison de la douleur intense que sa piqûre génère, comparée à celle de recevoir une balle.
Elles mesurent jusqu'à 3 cm, leur abdomen se termine par un puissant aiguillon. Leurs terribles piqûres provoquent une douleur intense dans la zone concernée, des douleurs musculaires dans tout le corps, des nausées et des vertiges. Ses effets durent plus de 24 heures.

Ils doivent suivre les instructions du pajé (chaman), ils doivent s'isoler pendant au moins trente jours, n'avoir aucun contact avec le sexe opposé et suivre un régime à base de châtaignes, de chibé (boisson à base de farine de manioc) et de fruits. Cette étape les préparera psychiquement et physiquement à la cérémonie.

Les cérémonies ont lieu pendant l'été amazonien (d'octobre à décembre), ils ne peuvent pas manquer le çapó, une boisson à base de poudre de guarana, qui a été préparée par les femmes et sera servie à tous, car elle donnera l'énergie nécessaire pour maintenir l'équilibre du corps.

Entre les danses et les chansons, le jeune homme devra mettre ses mains dans les gants pour se faire piquer par des dizaines de tucandeiras. Il doit le faire 20 fois pour pouvoir dire qu'il a "fait la Tucandeira".

Selon les croyances des Sateré-Mawé, "les morsures de fourmis fonctionnent comme un vaccin, pour prévenir les maladies et faire de nous de meilleurs chasseurs", "L'homme Sateré qui ne passe pas par le rituel est considéré comme un homme malchanceux, il peut attraper n'importe quel type de maladie, il n'est pas un bon guerrier, ni un bon chasseur, en plus il ne pourra pas construire une famille".

En participant à la cérémonie, l'initié croit qu'il sera béni, qu'il aura une bonne santé, qu'il sera un bon guerrier, chasseur, mari et père. De cette façon, les valeurs et les idéaux qui définissent sa culture, en tant que marque d'identité, sont maintenus.

1. collecte de fourmis

Les initiés et les femmes ne participent pas à la capture. Les fourmis sont "séduites" par une fine lamelle d'inajá (palmier, Maximiliana maripa) qu'ils introduisent là où se trouve la colonie des tucandeiras, les attirant à y grimper.

2. Conservation dans le tum-tum

Les tucandeiras sont placées à l'intérieur d'un tube en bambou fermé par des bouchons. Cet élément, appelé tum-tum, permet de maintenir en vie des dizaines de fourmis.

3. Collecte de bourgeons d'anacardier

Des hommes expérimentés enlèvent les jeunes pousses d-anacardier qui serviront à préparer une solution dans laquelle les tucandeiras seront immergées.

4. Endormir les fourmis

Dans un bol, ils font macérer les feuilles d'anacardier pour obtenir un "jus" appelé travoso. Les tucandeiras sont placées dans cette substance pour les faire s'endormir. Le chanteur et les jeunes qui participeront au rituel font la préparation.

 

5. Placement dans les gants

Dans des gants tissés (sa'aripé) avec des fibres végétales (guarumó), à l'aide de petits bâtons, les tucandeiras sont placées sur l'abdomen, les aiguillons à l'intérieur du gant et la tête tournée vers l'extérieur.

6. Forme et décoration des gants

Leur forme peut varier, il existe des formes cylindriques, ovales, rondes, etc. Selon le dessin qui le caractérise (poissons, animaux terrestres), il reçoit son nom. Le pajé est chargé de sa fabrication et de son ornementation.

 

7. Les tucandeiras se réveillent


Une fois les gants préparés, ils sont accrochés à une barre dans la cabane de danse. Ils attendent que toutes les fourmis se réveillent. Elles le feront furieuses et irritées lorsqu'elles se découvriront la proie de l'abdomen.

8. Préparation du corps

Le corps est peint avec des encres extraites du jenipapo, les mains entièrement noires. Un tissu autour de la tête préviendra la perte future de cheveux. Une clochette (nhaa-pé) est attachée au mollet.

 

9. Début de la cérémonie

Le chaman procède à la purification des corps, d'abord pour les initiés, puis pour les autres participants et invités. Au son des cors, une note aiguë et prolongée marque le début de la cérémonie proprement dite.

10. Enfiler les gants

Le tuxaua (chef du village) met les gants sur les mains des initiés, les morsures des tucandeiras sont immédiates. Le tuxaua se tient à côté du jeune homme en lui tenant le bras, d'autres le rejoignent en formant une longue file.

 

11. La danse

La danse se déroule entre les chansons jusqu'à ce que l'initié prouve qu'il a réussi l'épreuve en résistant à la douleur des morsures. Puis le gant est jeté et la danse continue jusqu'à ce que ce soit le tour d'un autre candidat.

12. Nourriture et boisson pour le rituel

Il y a des intervalles pour manger et boire. La cérémonie peut durer une journée ou plusieurs jours en fonction du nombre de participants.

source d'origine
Ritual de passagem das terras indígenas às áreas urbanas dos Sateré-Mawé. Joelma Monteiro de Carvalho. Editorial UEA, 2019.

traduction carolita du site Pueblos originarios.com

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article