Honduras : Il y aura un procès pour un auteur intellectuel de l'assassinat de Berta Cáceres

Publié le 30 Mars 2021

Par
Eugenia López
-

26 mars 2021

Le président exécutif de l'entreprise DESA, Roberto David Castillo, a été arrêté en 2018 en tant que cerveau présumé du meurtre de Berta Isabel Cáceres Flores. La Chambre I de la Cour nationale de condamnation du Honduras a indiqué qu'il y aura un procès oral et public contre Castillo qui commencera le 6 avril et durera jusqu'au 30 avril.

Pour Berta Züñiga, le détenu, ingénieur électricien, diplômé de l'académie militaire de West Point aux États-Unis, lieutenant adjoint des renseignements militaires des forces armées du Honduras (2006-2008) et ancien directeur de Desarrollos Energéticos S.A. (DESA), est "la pièce maîtresse qui relie les auteurs intellectuels" de l'assassinat.

"Nous avons le sentiment que nous sommes maintenant au moment de briser le mur le plus solide qui a été érigé en matière d'impunité, la capture des cerveaux", a déclaré la fille aînée de Cáceres. 

Dans le cadre de la commémoration du meurtre de Caceres, ses proches et les membres du COPINH ont réitéré leur demande de justice, estimant que l'État "est endetté", malgré le fait que sept personnes aient été condamnées. 

"Notre volonté n'est pas née pour poursuivre les personnes qui ont été payées par ce groupe de personnes liées à la famille Atala Zablah (liée au secteur bancaire du pays), mais pour poursuivre et punir ceux qui ont payé et ordonné ce crime, ce qui n'a pas été réalisé jusqu'à présent." La demande pour "capturer et punir les auteurs intellectuels (du crime) est la même", a déclaré Zúñiga au journal Efe.

Elle a également dénoncé la collusion qui existe entre les cerveaux et le système judiciaire hondurien, déclarant que le principal obstacle auquel ils ont été confrontés en tant que famille est de "briser le pacte d'impunité qui existe entre le système judiciaire et les cerveaux du processus".  


La menace latente

Au début du mois, on a commémoré le cinquième anniversaire du meurtre de la défenseuse des droits de l'homme Lenca Berta Caceres, qui a consacré sa vie à la défense des territoires et des droits des femmes face à la violence de l'État, des entreprises, de l'armée et de la politique.

C'est aux premières heures du 2 au 3 mars 2016 que quatre tueurs à gages sont entrés chez elle à La Esperanza, dans l'ouest du Honduras, et l'ont assassinée pour avoir défendu le rio Gualcarque, sacré pour le peuple Lenca et menacé par un projet de barrage hydroélectrique connu sous le nom d'Agua Zarca et mené par la société Desarrollos Energéticos S.A. (DESA).

Après l'assassinat de Cáceres, la construction de la centrale hydroélectrique a été interrompue. Le projet n'a pas avancé à ce jour, mais le risque demeure, car la concession accordée est de 50 ans.

"Pour nous, c'est toujours une menace latente", a déclaré au quotidien El País sa fille aînée, Berta Züñiga, qui dirige aujourd'hui le Conseil civique des organisations populaires et indigènes du Honduras (COPINH), que Cáceres coordonnait avant sa mort.

La lutte continue 

Cinq ans après la mort de la femme indigène Lenca, sa force et son esprit restent vivants, et le COPINH est toujours actif malgré la pandémie. 

"Il y a beaucoup de circonstances qui nous donnent un scénario compliqué et sans espoir. Mais ici il est nécessaire que nous continuions le travail pour transformer la réalité du Honduras, ainsi que pour honorer la mémoire des martyrs", a déclaré la jeune femme.

La dépossession par les mégaprojets en hausse

Ces dernières années, les conflits liés au contrôle des terres et de l'eau ont augmenté dans toute la région. Selon le rapport Territorios en Riesgo II d'Intermón Oxfam, 112 barrages hydroélectriques sont déjà en service au Honduras, et 300 autres sont en projet, dont 25 se trouvent à l'intérieur de zones protégées et 34 autres en territoire Lenca.

Comme si cela ne suffisait pas, en janvier dernier, le gouvernement hondurien a approuvé et annoncé la construction, l'expansion et l'exploitation de 14 barrages, justifiant sa décision par les récents ouragans Eta et Iota qui ont causé des dégâts dans le pays. Avec le décret exécutif PCM 138-2020, les barrages ont même été déclarés mégaprojets prioritaires d'intérêt national, comme mesure d'endiguement des inondations. 

Répression et criminalisation

La répression n'a pas non plus cessé dans ce pays d'Amérique centrale. Depuis le meurtre de Berta Caceres en 2016 et selon Global Witness, 50 défenseurs de l'environnement ont été tués au Honduras. "Malheureusement, au cours de ces cinq années, la situation a plutôt empiré. Quand nous avons commencé ce travail pour la justice, l'objectif était de contribuer à la non-répétition des crimes contre les personnes qui défendent des territoires. Mais, actuellement, les circonstances de persécution et de criminalisation par l'État et les grandes entreprises continuent d'exister. Il n'y a pas de volonté politique et cela va prendre plus de temps que nous l'aurions souhaité", déclare Zuñiga.

traduction carolita d'un article paru sur Avispa midia le 26/03/2021

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