Brésil : Contamination au mercure et covid sur les terres des Yanomami 

Publié le 1 Avril 2021

Blog des jeunes citoyens de l'Amazonie

Par Dario Vitorio Kopenawa Yanomami
Publié : 24/03/2021 à 18:09

Contamination au mercure et covid sur les terres des Yanomami 
 

Nous, les peuples Yanomami et Ye'kwana, avons déjà demandé au Vice-président de la République du Brésil, avec des documents, de faire la désintrusion de l'exploitation minière illégale dans la terre indigène Yanomami (TIY) en 2020.

Nous avons également réalisé et finalisé la campagne "Fora Garimpo, Fora Covid". Nous avons remis une pétition comportant 439 000 signatures, provenant du peuple brésilien et du monde entier. Nous l'avons déjà remis aux autorités et aux parlementaires pour renforcer notre demande de retrait des mineurs du territoire indigène Yanomami.

Au cours de l'année dernière, nous avons constaté que l'exploitation minière s'est développée de plus en plus rapidement. Il s'agit donc d'une question très préoccupante car les garimpeiros sont répartis sur le territoire des Yanomami. 

L'exploitation minière entraîne de nombreux problèmes de violence, de boissons alcoolisées et aussi de prostitution. Les femmes, qui ont migré du Venezuela, sont amenées sur la TIY illégalement. Ils consomment également des drogues. Lorsqu'une personne s'échappe de prison, elle entre automatiquement en terre yanomami. À cause de cela, de nombreux problèmes graves se produisent.

Nos rivières sont totalement contaminées en raison de la quantité absurde de mercure qu'ils utilisent. C'est une situation très inquiétante. La santé est mauvaise là où il y a des mines à proximité. Les communautés voisines courent de nombreux risques en raison de l'augmentation des activités minières. Il y a beaucoup de persécutions. Il y a la mort parmi eux, les garimpeiros. Ils s'entretuent et se volent les uns les autres. Celui qui gagne beaucoup d'or tue la personne et celui qui gagne moins d'or tue la personne. 

Maintenant, la terre des Yanomami est devenue un cimetière, car les garimpeiros les enterrent illégalement. C'est ce qui se passe en ce moment même dans le territoire autochtone.

Ils ont contaminé les principales rivières. La principale rivière, Uraricoera, est totalement contaminée. Et aussi le rio Mucajaí, là-haut, dans les montagnes, tout est contaminé. Le rio Catrimani est également menacé. Ces trois rivières sont les principales et sont très vulnérables à la contamination par le mercure. Elles sont intégrées au Rio Branco.

Nous avons pris l'avion pour voir comment est la situation dans chaque communauté, dans chaque camp de base. Nous avons survolé les régions de Maloca Paapiu, Homoxi, Xitei, Parima et Tatuzão, où il y a beaucoup de garimpeiros et de radeaux, beaucoup d'avions et beaucoup d'hélicoptères aussi. De plus en plus de garimpeiros descendent, montent et volent au-dessus du territoire indigène des Yanomami. Nous sommes donc très inquiets. 

Je suis particulièrement triste, car nous avons déjà mené une campagne intitulée "Fora Garimpo, Fora Covid", et nous avons déjà enregistré ces documents afin que les autorités puissent prendre des décisions et que le gouvernement fédéral puisse retirer les mineurs le plus rapidement possible. Nous voulons maintenant la désintrusion dans le territoire indigène des Yanomami !

Destruction de la forêt Yanomami par l'exploitation minière illégale (Photos : Dario Kopenawa Yanomami/Amazônia Real/2020)

Le 16 mars, la 2e Cour fédérale du Roraima a ordonné au gouvernement fédéral de présenter un calendrier pour le retrait de plus de 20 000 garimpeiros du territoire Yanomami dans un délai de dix jours. Le délai se termine le 27 mars sous peine d'une amende journalière de 1 million de reais. 

Le blog des jeunes citoyens de l'Amazonie est financé par le Rainforest Journalism Fund avec le soutien du Pulitzer Center.

Dario Vitorio Kopenawa Yanomami

Dario Vitorio Kopenawa Yanomami est le fils du chaman et grand chef Davi Kopenawa Yanomami. Jeune leader de son peuple, il est né dans la communauté de Watoriki (Serra do Vento), également connue sous le nom de Demini, en Amazonas. Il est professeur d'éducation interculturelle bilingue et étudie la gestion des territoires indigènes à l'Université fédérale de Roraima (UFRR). Il est le directeur de l'association Hutukara Associação Yanomami, dont son père est le président. En 2019, Dario a participé en tant qu'orateur au 2e atelier de jeunes citoyens d'Amazônia real en parlant aux étudiants de ce qu'est le rôle d'un leader sur les réseaux sociaux. Il est chroniqueur pour le Blog.

traduction carolita d'un article paru sur Amazônia real le 24/03/2021

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