Disparition d'Hélène Martin

Publié le 23 Février 2021

Après le départ d'Anne Sylvestre, celui d'Hélène Martin dépose une croix noire sur le chemin noir de la chanson non crétinisante.

Magnifique interprète au répertoire poétique, varié, puisé à l'encre des mots de ces mots qui oublient le banal pour se concentrer sur l'essentiel : la poésie et sa grande force, une sublime évocation puissante et érudite qui permet à chacun de se hisser vers la qualité, d'oublier la médiocrité.

Hélène a porté comme Anne la parole chantée des femmes, de leurs luttes et de leurs espoirs. Elle était elle aussi, à mon avis avant-gardiste en ce combat et humaniste pour l'ensemble de son art.

Je l'ai connue et découverte grâce à mes amis des bois, mes grands découvreurs et j'ai une pensée très émue aujourd'hui en particulier pour Serge qui était un grand fan d'Hélène Martin. Merci à toi, à vous, mes amis pour cet éveil et ces connaissances qui accompagnent depuis mes pas et m'offrent comme vous l'ont offert ainsi qu'à d'autres des sujets à réflexion, des puits dans lesquels y trouver la réponse à nos maux ou à nos interrogations, de la détente également en se laissant bercer par la voix profonde et sincère, une voix qui fait penser à l'amitié

Carole Radureau

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Berceuse de l'enfant qui ne veut pas grandir

Ainsi Prague a perdu son âme et son poète
Lorsque j'irai tantôt je ne l'y verrai pas
Et son cœur s'est brisé comme un verre qu'on jette
À la fin du repas

Lorca Maïakovski Desnos Apollinaire
Leurs ombres longuement parfument nos matins
Le ciel roule toujours les feux imaginaires
De leurs astres éteints

Contre le chant majeur la balle que peut-elle
Sauf contre le chanteur que peuvent les fusils
La terre ne reprend que cette chair mortelle
Mais non la poésie

Ce siècle est au-delà du minuit de son âge
Ses poètes n'ont plus besoin d'être achevés
Ils ont usé leur vie au danger des images
Et croient avoir rêvé

Il se fit dans Paris un silence de neige
Un réveil de novembre à neuf heures battant
Quand Éluard partit rejoindre le cortège
Nezval meurt au printemps

C'est de sa belle mort comme disent les hommes
Qu'il meurt Nezval et tout par conséquent est bien
Il ne faut pas pleurer dans ce siècle où nous sommes
Cela ne sert à rien

Il meurt l'enfant terrible aux jours des primevères
Pâques éperdument auront sonné pour lui
Ses paupières fermées ses doigts se sont rouverts
Ses derniers vers ont lui

Dans le monde en gésine inhumain pathétique
Il tourne au firmament à jamais ses yeux bleus
Visage émerveillé des peintures gothiques
Soleil de quand il pleut

Il est entré vivant dans les cieux du folklore
Y chantant sa mère et la paix pareillement
Il nous montre demain comme une bague d'or
Dans la main d'un amant

Nezval de qui le nom notre lèvre façonne
Nezval attends un peu j'arrive à tes côtés
Du jour qui fut si beau déjà le soir frissonne
Et d'autres vont chanter.

Aragon

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.

Louise Labé

Rédigé par caroleone

Publié dans #Devoir de mémoire, #Chanson non crétinisante

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