Chili : Elisa Loncon, candidate à la Constituante : "Le Mapudungun est l'âme Mapuche. Je connais bien cette âme, aujourd'hui encore elle n'est pas libre"

Publié le 6 Janvier 2021

05/01/2021
 

"Avec votre vote et votre participation, nous vaincrons le racisme et la discrimination. Notre sagesse va renaître. Pour la bonne vie de notre peuple et de notre mère la Terre. Pour une Constitution avec la pensée des peuples originaires et traduite dans les langues originaires". Ce sont là quelques-unes des phrases fortes d'une lagmien de première ligne. Elle a été liée aux diverses luttes du peuple mapuche à différentes époques et dans différents territoires. Elle est une universitaire de prestige international, une défenseure du Mapudungun et une promotrice de son développement. Elle s'appelle Elisa Loncon Antileo...

Par : Patricio Melillanca
05 janvier 2020

 

- Mari mari y Lagmien.... Quelles sont les raisons qui vous font aspirer à faire partie des personnes qui rédigeront une nouvelle Constitution dans la République du Chili ?

- "Ma candidature a été proposée par différents groupes de la Warría (ville), et par des personnes liées au monde de l'éducation, aux langues indigènes, aux artistes, aux éducateurs et aux organisations urbaines. Une autre raison importante est que je viens de plusieurs écoles et l'une d'entre elles est la communauté et la famille traditionnelle Mapuche du Wallmapu. Je suis née et j'ai grandi dans une communauté mapuche, dans une famille qui a toujours fait partie du mouvement indigène. Je connaissais la lutte de près. Mes grands-parents, ma mère, mes parents et mes oncles ont participé aux processus de récupération des terres à la fin des années 1960 et dans les années 1970. Et mes parents ont toujours cherché à obtenir justice pour les prisonniers politiques et aussi pour les familles. J'ai participé à des organisations de jeunes Mapuche pendant mes études universitaires. J'ai également participé au processus AdMapu. Et j'ai également participé activement à la création de notre Wenufolle. D'autre part, en tant que Réseau pour les droits éducatifs et linguistiques, nous avons rédigé, avec des enseignants, des juristes et des personnes issues des communautés, le projet de loi pour les droits linguistiques.

Et comme vous le savez, la langue est l'âme du peuple. Je connais très bien cette âme. Aujourd'hui, elle n'est toujours pas libre et doit être assumée avec tous ses droits. Mon travail dans l'éducation a également favorisé le dialogue interculturel avec les étudiants, avec les enseignants, et je crois que ce dialogue interculturel est une clé pour construire une Constitution plurinationale et aussi interculturelle.

- Quelles sont donc les idées fortes que vous défendez et qui devraient figurer dans cette future Constitution ?

- La renaissance de l'Admapu. La force de la voix et de la pensée est soutenue par la renaissance de l'Admapu. Nous recherchons le dialogue de toute la société dans le monde d'aujourd'hui avec la pensée du peuple mapuche et la pensée des peuples autochtones. Cela implique la réciprocité avec la nature, le soin des êtres qui l'habitent, y compris les hommes et les femmes et les êtres non humains. Une deuxième idée de la force est le ZOMO newen, le ZOMO Kimun, qui est la force des femmes et la sagesse pour la participation et la contribution du féminin et de la pensée des peuples originaires comme une force présente sur terre et dans la société.

Cette campagne met en lumière les talents et les désirs invisibles des femmes mapuche qui ont gardé leur mémoire tout au long de leur vie et jusqu'à aujourd'hui.

Le troisième élément de force est l'interculturalité comme moyen de se connaître et de dialoguer entre les différents peuples, dans le respect et l'égalité. Cela suppose également de reprendre les droits des peuples originaires. Le Mapuche-Kimun est une connaissance précieuse, fondamentale pour pouvoir projeter ce dialogue dans le cadre de ce qu'implique la rédaction de la nouvelle Constitution. Le Kume Mogen ou le bien vivre, comme une façon de penser le droit à la santé et à l'équilibre avec toutes les dimensions de l'être Mapuche : physique, spirituel, social et politique.

Une bonne vie pour nos communautés, notre famille, pour la culture du raquisuam mapuche et aussi pour le sentiment de notre propre cœur, de notre esprit et de notre corps.

Dans l'idée de forces qui sont dans la proposition, il y a aussi tout ce qui se réfère à la plurinationalité, en proposant une reformulation de l'État, en reconnaissant la diversité des peuples autochtones et l'exercice des droits collectifs de ces mêmes peuples, le droit à l'autonomie et à l'autodétermination, et fondamentalement d'exercer la décision politique que nous, les peuples, exigeons.

Aujourd'hui, nous ne décidons pas de notre avenir. D'autres décident pour nous et cela ne nous permet pas de projeter. Cela ne permet pas aux peuples eux-mêmes de projeter leur avenir politique, culturel et territorial. Le droit à la terre, aux territoires et aux biens communs trouvés dans la nature.

Il est important d'établir un pacte avec la nature en reconnaissant le droit à l'eau. La souveraineté des semences. Le droit à la montagne et la protection des habitants de la terre. Comme les zones humides que sont beaucoup d'entre elles. Ces zones fournissent les médicaments, les Lawen, qui sont utilisés dans nos communautés. Les droits des femmes, pour faire entendre la voix des droits civils et politiques des femmes en général et aussi des femmes indigènes en particulier, en revendiquant la mémoire et la sagesse. Et tout ce qu'elle a contribué à maintenir les peuples jusqu'à aujourd'hui. Sans la participation des femmes, il est impossible de penser à l'autonomie et à l'autodétermination. C'est pourquoi il est fondamental de reconnaître leurs droits, notre droit à la protection des enfants et des adolescents. Tout cela en considérant qu'ils ont été sévèrement battus par le système colonial oppressif. Les enfants indigènes ne se voient pas garantir leur droit de grandir en liberté et d'être éduqués dans leur propre système.

Des droits linguistiques et éducatifs pour faire progresser la re-fonctionnalisation des langues indigènes Accroître les fonctions sociales dans les langues indigènes. Cela implique de le dire publiquement dans les médias, dans les institutions, dans les espaces administratifs où les populations autochtones interviennent et participent, et le droit de garantir tous les droits collectifs qui appartiennent à nos peuples, droits déjà reconnus dans les Pactes internationaux et aussi dans la Déclaration universelle des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.

Et comme dernier point, pour avancer dans la hiérarchie normative des traités sur les droits de l'homme comme la Convention 169. Aborder la situation actuelle des droits collectifs des peuples indigènes au Chili et plus particulièrement la situation de criminalisation de la demande politique sociale de notre peuple Mapuche. Ainsi que l'amnistie pour les prisonniers politiques de la révolte".

- Lagmien Elisa, dans le peuple mapuche, la participation politique a eu différentes formes d'expression. Il y a des législateurs mapuche dans l'histoire du XXe siècle et maintenant, dans les dernières décennies, il y a des maires mapuche. Comment voyez-vous ce degré de présence, de contrôle territorial peut-être dans le cas des maires. Quelle est votre opinion ? Et bien, que recommandez-vous dans ces processus qui se déroulent parallèlement à ce qui sera l'élection des électeurs ?

- En ce qui concerne la participation politique des organisations territoriales et des organisations mapuche, même si nous savons qu'elles ont un degré d'autonomie différent de celui de toutes les autres organisations, c'est que leur influence politique n'a pas été suffisante, car tout se heurte à la Constitution actuelle, qui ne permet pas au peuple de décider lui-même de son avenir. Ainsi, par exemple, nous avons des mairies dirigées par des Mapuche, mais ceux-ci ont eux-mêmes reconnu et dit que ces mairies ne sont pas dirigées par des Mapuche, qu'elles ne sont pas dirigées par des indigènes parce qu'elles représentent et sont dirigées conformément à la loi chilienne. Ce ne sont donc pas des gouvernements autonomes mapuche. C'est pourquoi il est nécessaire de tracer notre propre voie, fondée sur les droits collectifs des peuples et sur la pensée autochtone, ainsi que sur le dialogue et l'apprentissage interculturel sous la forme d'une participation à la prise de décision.

Et la projection d'institutions indigènes dans différents domaines, par exemple, la création de l'Institut des langues indigènes pour planifier de nouvelles politiques linguistiques pour les langues indigènes. Projeter dans le système de santé le système de santé interculturel non marginalisé au niveau communautaire, mais aussi qu'il influence au sein des institutions de formation, que la santé interculturelle est développée dans toute l'école d'infirmerie de médecine. En d'autres termes, il y a un besoin de professionnels interculturels qui peuvent dialoguer avec les connaissances des peuples originaires, ainsi que des progrès dans la création d'universités autochtones. Ce sont donc des besoins, des expressions, des parcours, qu'il est nécessaire de profiler pour avancer dans la participation politique des peuples autochtones.

- Avez-vous pensé à la possibilité d'une constitution politique mapuche, d'une Magna Carta, d'une charte fondamentale pour le peuple mapuche ?

- "En ce qui concerne une charte fondamentale pour le peuple mapuche, nous ne pouvons pas exclure ce futur possible, il est nécessaire. Et pour cela, nous réactivons notre propre réflexion, nos propres valeurs, nos propres connaissances, notre propre philosophie. Et dans une éventuelle Magna Carta du peuple Mapuche, l'AZMAPU doit être le paradigme directeur de cette future charte. Le Nor MOgnen qui fait référence aux devoirs et aux droits des peuples, des individus, des communautés et aussi à leur interaction avec la nature et à toutes les connaissances que le monde et la culture des peuples originels impliquent. En l'occurrence, "Mapuche".

- Enfin, quel est votre message de campagne, votre message au peuple mapuche qui doit voter lors de ces élections en avril.

- "Avec votre vote et votre participation, nous vaincrons le racisme et la discrimination. Notre sagesse va renaître. Pour la bonne vie de notre peuple et de notre mère la Terre. Pour une Constitution avec la pensée des peuples originaires et traduite dans les langues originaires".*****FIN*****

traduction carolita d'un article paru sur Mapuexpress le 05/01/2021

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