Mexique : Assassinat de quatre indigènes Nahuas du CIPOG-EZ à Chilapa, alors que les assassins jouissent de l'impunité des trois niveaux de gouvernement

Publié le 21 Décembre 2020

Chilapa de Álvarez, Guerrero, Mexique, 20 décembre 2020.

 

A l'Armée Zapatiste de Libération Nationale

Au Congrès National Indigène CNI

Au Conseil Indigène de Gouvernement CIG

Au peuple du Guerrero, du Mexique et du monde

A la sexta nationale et internationale

Aux réseaux de soutien du CNI-CIG

Aux médias libres, honnêtes et indépendants.

Nous, femmes, hommes, grands-parents, garçons et filles du Conseil indigène et populaire du Guerrero - Emiliano Zapata (CIPOG-EZ), qui sommes les peuples Na savi, Me pháá, Ñamnkue, Nahua, Afromexicains et Mestizo de l'État du Guerrero, élevons une fois de plus la voix, avec colère et douleur. Hier, 19 décembre 2020, à midi, nos sœurs María Agustín Chino, Amalia Morales Guapango et nos frères José Benito Migueleño et Miguel Migueleño ont été retrouvés assassinés.

Tous indigènes Nahuas de la communauté d'Alcozacan, municipalité de Chilapa de Álvarez, nos frères et sœurs ont disparu le vendredi 18 décembre. Hier à midi, leurs corps ont été retrouvés dans leur propre camion sur l'autoroute Chilapa - Tlapa. Ils ont été torturés, leurs mains ont été attachées et on leur a administré le dénommé "Tiro de gracia". 

Un mois exactement après que nous ayons brisé le siège narco-paramilitaire, le 18 novembre, des milliers d'indigènes Nahuas ont retrouvé leur mobilité sur notre territoire. 22 communautés entourées par le groupe narco-paramilitaire "Los Ardillos" ont décidé de dire Ya Basta ! parce que ce n'est pas la vie que nous voulons vivre. Mais ils commencent déjà à faire payer le prix du sang, parce qu'ils veulent que nous soyons des esclaves et qu'ils veulent que nous soyons soumis et maîtrisés.

Nous avons osé dénoncer le sous-secrétaire des droits de l'homme, de la population et des migrations, de la 4T, Alejandro Encinas. Il n'est venu que pour semer la division et acheter des consciences, précisément à Alcozacan où, le 17 janvier 2020, dix compaéneros ont été assassinés dans ce massacre. Et maintenant, loin d'atteindre la justice, ils ne font que nous envoyer plus de morts, et ils nous envoient leurs signes de guerre. Encinas et López Obrador, vous n'êtes pas différents du PRI, vous êtes devenus ce que vous prétendez combattre.

Aujourd'hui et dans les temps à venir, ils continueront à nous assassiner, sur nos cadavres sera construit ce Mexique dans lequel nous sommes à nouveau sur le chemin. Mais nous ne pouvons plus continuer l'esclavage, ici dans la basse Montaña du Guerrero le COVID-19 est le dernier de nos soucis, ils nous assassinent, comme ça, comme des animaux. Sans que personne n'écoute, sans que personne ne fasse rien. Notre Ya Basta ! continuera et coûtera plus de sang, parce qu'aucune lutte pour la vraie liberté et la justice n'a jamais été facile, jamais dans l'histoire le peuple n'a reçu notre liberté.

Nous tenons pour responsables des assassinats de María Agustín Chino, Amalia Morales Guapango, José Benito Migueleño et Miguel Migueleño ; le gouvernement municipal de Chilapa de Álvarez par Jesús Parra García du PRI, le gouvernement de l'État de Héctor Astudillo Flores du PRI, la présidence de la république par Andrés Manuel López Obrador de MORENA. Les trois niveaux de gouvernement savent parfaitement ce qui se passe à Chilapa, mais ils font leurs négociations au lieu de mettre fin au crime organisé. 

Celso Ortega Jiménez est le commandement opérationnel de "Los Ardillos" et Bernardo Ortega Jiménez est le commandement politique, la police ministérielle de Chilapa de Álvarez, comme nous l'avions déjà dénoncé, fait partie du problème et la Garde nationale sait tout cela, après tant de temps sur place, ils ne font qu'espionner notre organisation au lieu de démanteler le crime organisé.

Nos promoteurs d'État continuent de recevoir des menaces de mort et les intimidations du CIPOG-EZ, du CNI-CIG, des communautés de base qui  deviennent de plus en plus sévères. Maintenant, le meurtre, encore et encore l'impunité des autorités, ne nous permet que de voir leur complicité. C'est pourquoi Encinas refuse de prendre des mesures de précaution, pourquoi la CNDH n'a envoyé aucune visite pour enregistrer les violations des droits de l'homme à Chilapa et dans les 22 communautés qui ont souffert du siège narco-paramilitaire.

Soeurs et frères qui ne nous ont pas laissés seuls, aidez-nous à faire grandir cette parole et faites savoir ce que font la 4T et son allié le PRI dans le Guerrero. Que nos morts ne restent pas dans l'ombre du "progrès", que notre sang sème le chemin de la liberté pour notre peuple. Nous nous mobiliserons et nous réitérerons notre détermination. Notre lutte est pour la vie et pour la liberté. Nous ne voulons pas être les esclaves du crime organisé, ni servir de monnaie d'échange aux mauvais gouvernements déguisés.

 

Cordialement :

Conseil indigène et populaire du Guerrero - Emiliano Zapata (CIPOG-EZ)

Régions : Costa Chica, Costa Montaña, Montaña Alta et Montaña Baja dans le  Guerrero, 

Organisation Paysanne de la Sierra del Sur (O.C.S.S.).

Stop à la guerre paramilitaire contre les communautés zapatistes de l'EZLN !

Stop à la guerre paramilitaire contre la drogue dans les communautés indigènes du CNI-CIG !

Justice pour tous nos prisonniers, assassinés et disparus du CNI-CIG ! 

Plus jamais un Mexique sans nous !

traduction carolita d'un communiqué paru sur le site du CNI le 20/12/2020

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