Chili : Communauté autonome Mapuche TEMUCUICUI : Déclaration publique devant les sièges réservés

Publié le 24 Décembre 2020


16/12/2020
 

La Communauté autonome Mapuche TEMUCUICUI, sur les sièges réservés, nous déclarons ce qui suit :

1. Dans le scénario actuel, où les soi-disant "sièges réservés" sont débattus au niveau législatif, pour les "peuples indigènes" il est fondamental que nous exprimions depuis le Lof en lutte notre rakiduam. Il faut rappeler que le peuple mapuche, après avoir vaincu les envahisseurs espagnols à Curalaba le 23 décembre 1598, et la destruction totale des villes d'Angol à Valdivia, a obligé les envahisseurs à adopter les Parlements comme instances de négociation politique, économique et culturelle jusqu'à la création de la République du Chili en 1818. Le peuple mapuche, grâce à la résistance et au sacrifice de beaucoup, a réussi à obtenir et à conserver sa souveraineté territoriale du rio Bio-bio au rio Cruces, y compris la pampa à l'est (l'Argentine actuelle), qui est devenue une grande extension du territoire que les Mapuche ont réussi à contrôler, mais dont la superficie en Amérique du Sud est plus petite que celle du peuple inca. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, la société mapuche possédait un grand nombre de têtes de bétail qui, selon de nombreux auteurs, était supérieur à celui du Royaume du Chili, ce qui leur permettait de faire du commerce et, surtout, de vivre une vie libre, libérée de toute oppression coloniale.

2. Avec la création de la République, après la Constitution politique de 1833, l'élite politique du Chili et de l'Argentine a commencé à planifier l'occupation du Wallmapu par la force, et avec le projet d'apporter la "civilisation", de peupler le territoire avec la population chilienne et européenne. Le résultat a été le plus grand génocide que le peuple mapuche ait jamais subi, l'enfermement par la réduction des terres, et l'obligation de devenir subordonné et discriminé à l'égard des chiliens ou des argentins. Depuis la création de la province d'Arauko en 1852, le peuple mapuche a souffert d'une relation de colonialisme avec l'État qui s'est traduite par le racisme. Depuis l'occupation du Wallmapu jusqu'à aujourd'hui, l'État a causé une pauvreté systématique et la destruction de l'environnement. Le plan que l'élite avait l'intention d'installer a été un échec retentissant qui a causé une pauvreté endémique chez les Mapuche et les chiliens, contre les grandes fortunes qui ont été forgées dans les mains de quelques-uns, comme l'a été Jose Bunster, propriétaire d'une grande partie de la province de Malleko à la fin du XIXe siècle. Aujourd'hui, la situation n'est pas différente, les terres des Mapuche sont toujours aux mains de quelques-uns que l'État néolibéral autorise, comme les compagnies forestières, et les latifundia survivent grâce aux subventions et aux redevances des gouvernements en place.

3. La souveraineté mapuche existe depuis 1598, avalisée par 24 traités avec la couronne espagnole et un traité avec l'État du Chili sous le gouvernement de Ramón Freire en 1825. À la lumière du droit international actuel et des études du rapporteur spécial des Nations unies José Martínez Cobo, ces instruments ont une valeur juridique. Conformément à cette position, l'État chilien commet des crimes permanents contre le peuple mapuche, en ne respectant pas le traité de 1825, et en prenant le territoire par la force, ce qui constitue toute l'illégitimité de ses actions et de ses règles au sein de Wallmapu. Aujourd'hui, l'histoire et le contexte décrits ci-dessus deviennent pertinents, lorsque les partis politiques néolibéraux proposent les "sièges réservés", en essayant de diluer toute l'histoire et la légitimité de la lutte mapuche, dans l'ambiguïté de la diversité.

4. Nous devons insister sur le fait que l'assemblée constituante, est née de la lutte dans la rue le 18 octobre 2020, l'indépendance des Mapuche le 23 décembre 1598, de cette façon la discussion constituante doit avoir lieu dans la rue, dans les assemblées du mouvement social, en dehors de toute sphère de contrôle et d'influence des partis néolibéraux qui ont apporté la marginalité, la dette et la destruction de l'environnement. Une discussion constituante sérieuse doit commencer par le respect des traités et de la souveraineté du Wallmapu, la liberté des prisonniers politiques mapuche, l'incorporation des droits établis dans les organismes internationaux tels que l'autodétermination et l'expulsion de toutes les entreprises forestières, et le paiement d'une compensation pour tous les dommages que les États du Chili et de l'Argentine ont causés au peuple mapuche. Assister aux instances des "sièges réservés", c'est accepter de s'installer à l'intérieur du corral, en ignorant la lutte actuelle qui est soutenue dans la récupération et le contrôle du territoire, qui a coûté la liberté de beaucoup et la vie de nos weichafe comme Alex Lemun, Jaime Mendoza Collio, Matias Catrileo et Camilo Catrillanka, assassinés seulement pour avoir voulu être des Mapuche libres.

5. Comme notre communauté, précise qu'étant la société Mapuche diverse et hétérogène, chacun fait ce qu'il croit légitimement être juste, mais nous croyons que la libération et la dignité Mapuche, sont réalisées dans la lutte de la Lof, dans la reconstruction et la déconstruction culturelle et sociale ; en coupant tous les liens de subordination et de bien-être de l'Etat, nous devons reconstruire le tissu social Mapuche à partir de toute instance créée par le pouvoir néolibéral pour le pouvoir néolibéral, c'est-à-dire par ceux qui ont pillé et saigné le peuple Mapuche.

Liberté pour tous les prisonniers politiques mapuche

Justice pour Camilo Catrillanca

Que cessent les persécutions politiques judiciaires

Que cessent les raids de police sur le territoire de Temucuicui

Que cessent la traque et l'espionnage des renseignements chiliens pour les membres de notre communauté

Lonko Victor Queipul

Werken Jorge Huenchullan

Communauté autonome de Temucuicui

Wall mapu, Temucuicui, mardi 15 décembre 2020

traduction carolita d'un communiqué paru le 16/12/2020

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Chili, #Mapuche

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