Mexique : Déclaration de la communauté indigène Nahua de Tonalá, Jalisco

Publié le 5 Novembre 2020

3 NOVEMBRE 2020

A la société civile de Jalisco, du Mexique et du monde
Aux médias
Au Congrès National Indigène
À l'Armée zapatiste de libération nationale

Nous, qui sommes originaires de ces terres mexicaines et de ces terres Tonaltecas, nous saluons les peuples, nations et tribus indigènes avec respect, et les médias honnêtes.
Nous saluons nos sœurs et frères du Congrès National Indigène et de l'Armée zapatiste de libération nationale qui sont un exemple de résistance et de dignité. Nous vous disons que de ce site à Jalisco brille un miroir Nahua qui a prévalu, reflétant le soleil depuis des temps immémoriaux malgré la croissance de la ville, le pillage, le mépris, la discrimination et l'oubli. Notre identité et notre culture brillent de plus en plus, comme la pyrite et la boue brunie.
Depuis le lieu sacré du Xictepetl, également appelé Cerro de La Reina, nous avons vu comment la ville s'est développée sur les terres qui étaient celles de nos ancêtres et qui sont aujourd'hui des colonies, des avenues et des décharges. Pendant ce temps, nous avons construit nos maisons dans la périphérie où ils nous ont laissés, ces bandes de terre que nous avons laissées avant l'extermination, avant l'oubli que le mauvais gouvernement voudrait voir. Cependant, le souvenir de la résistance qui existe dans nos veines depuis mars 1530, lorsque l'envahisseur Nuño Beltrán de Guzmán est arrivé, est plus fort.
Dans notre mouvement de Tastoanes, nous gardons le souvenir de la guerre avant l'arrivée de Beltrán de Guzmán, qui a cherché à s'emparer des terres et a trouvé des guerriers enragés qui sont sortis de la barranca. Ils sont descendus du Cerro de la Reina et ont combattu sans peur "Santiago Apóstol", qui selon le mythe de l'Eglise catholique, a aidé l'envahisseur à mutiler et tuer des milliers d'indigènes à Tonalá, Zalatitán, Coyula et Tetlán. Rien que sur cette colline, on dit que 5 000 de nos ancêtres sont morts parce qu'ils pensaient différemment. Pour avoir eu un régime politique qui n'était pas celui de l'Espagne.
Nos grands-pères et nos grands-mères ont regardé avec colère et désespoir alors qu'ils prenaient tout, tandis que nous, en tant que peuple de la terre, continuions à travailler la poterie.
Avec douleur, nous voyons aujourd'hui encore la trahison des mauvais gouvernements.

Nous avons réalisé, par hasard, qu'il y a une fausse consultation publique sur les programmes d'urbanisme et de développement dans le centre de population des terres entourant notre Cerro de la Reina. Nous le disons clairement : nous ne sommes pas d'accord avec la façon dont l'urbanisation est projetée autour de notre lieu sacré.
Nous ne reconnaissons pas que nous ayons déjà été consultés, car la consultation n'a pas eu les procédures qu'elle aurait dû avoir, elle ne couvre pas les minimums internationaux de sorte qu'il s'agisse d'une consultation libre, préalable, informée, culturellement adéquate et de bonne foi.
Il y a les experts anthropologues, il y a la recommandation 15/2019 de la Commission des droits de l'homme de l'État de Jalisco où il est demandé que notre existence soit reconnue par l'État, et plus encore pour protéger ce lieu sacré.
Cependant, nous ne sommes toujours pas inscrits au registre des communautés indigènes du gouvernement de l'État, et les actions municipales continuent à ne pas agir dans le respect de notre peuple, comme le montre la procédure illégitime et illégale que la prétendue consultation a dû suivre pour urbaniser les environs de la colline et d'autres zones où la communauté indigène est présente.
Notre pensée, notre cœur indigène, notre culture et notre territoire sacré continueront à vivre malgré l'État.
La lutte pour affirmer l'existence du peuple Nahua de Tonalá sera toujours plus grande et il est de l'obligation du gouvernement à tous les niveaux de reconnaître et de respecter nos processus d'autonomie et nos droits à une consultation libre, préalable, informée, culturellement adéquate et de bonne foi, un droit fondé sur l'article deux de la Constitution, la Convention 169 de l'Organisation internationale du travail, la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples indigènes, la Déclaration américaine des droits des peuples indigènes, les Accords de San Andrés sur les droits et la culture indigènes, entre autres instruments.
La communauté indigène Nahua de Tonalá exige qu'une véritable consultation soit engagée, où des informations précises soient présentées et où les critères que notre assemblée détermine comme adéquats pour un dialogue honnête sont respectés.

De quelque part sur notre territoire sacré
Au 2 novembre 2020
Communauté indigène Nahua de Tonala
Aixcaquema !!

traduction carolita d'un communiqué paru sur le site du CNI le 03/11/2020

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Mexique, #Peuples originaires, #pilleurs et pollueurs, #Nahuas

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