Groenland : Les Inughuit ou Esquimaux polaires

Publié le 11 Novembre 2020

Inughuit de 1968, l'année du crash du bombardier

Von Joseph Thomas - http://josephthomas.deviantart.com/art/Thule-1968-53269212?offset=10, Gemeinfrei, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=23843603

Ce peuple Inuit que j’ai oublié dans mon travail de recherche sur les Inuit, je l’ai découvert grâce à la lecture de 2 livres de la collection Terre Humaine, Minik, l’esquimau déraciné de Kenn Harper et surtout Les derniers rois de Thulé de Jean Malaurie.

Il s’agit d’un petit groupe qui est l’un des derniers à avoir vécu traditionnellement (une expérience vécue par Malaurie avec eux pendant un an) et qui a été tragiquement et rapidement plongé dans la civilisation de la plus cruelle des façons.

Je ne peux qu'inciter les personnes passionnées par la découverte de cette ethnie de se référer à toute l'œuvre de Jean Malaurie, leur ami et leur défenseur, œuvre qui se décline dans plusieurs médias et dont le lecteur aura un petit aperçu en fin d'article. Je remercie en mon petit nom à moi cet homme pour ce qu'il a fait pour ce peuple, c'est rare et exceptionnel. J'aimerais que chaque peuple originaire puisse avoir au moins un ami et un ambassadeur dans notre monde dit "civilisé" pour défendre leurs intérêts et faire connaître leur culture, comme lui a su le faire.

LES INUGHUIT 

Peuple autochtone du Groenland qui est le groupe ethnique qui vit le plus au nord et le peuple le plus au nord du monde vivant au Groenland.

On les connaît aussi sous le nom orthographié de inuhuit, ou Inuit de Smith sound, ou encore « esquimaux polaires ».

Population

Ils ne représentent que 1% de la population du Groenland.

En 2010 : 800 personnes

Langue :

inuktun ou inuit de Thulé ou esquimau polaire. C’est un dialecte de l’inuktitut, langue esquimau-aléoute liée à la langue groenlandaise. L’inuktun est appelé avanersuamiutut. Le dialecte de Thulé et d’Angmagassalik est différent du groenlandais de la côte sud-ouest

C’est une langue incorporante et polysynthétique, les idées peuvent être liées ensemble en une chaîne sans fin dans un seul mot, mot à mille pieds.

Localisation

La grande majorité des Inuits polaires vivent à Qaanaaq , la plus grande ville du nord du Groenland. Le reste est principalement réparti entre les établissements permanents de Savissivik , Siorapaluk et Qeqertat et les lieux Qeqertarsuaq , Moriusaq , Etah et Neqi, qui ne sont plus habités toute l'année.

Qaanaaq Par Col. Lee-Volker Cox — http://www.af.mil/news/story.asp?id=123104132, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5141624

Thulé

En longeant le bord de la falaise qui domine au sud le fjord des glaciers Morris Jessup, j’entrevois le détroit de Smith : loin, loin, à l’ouest, le profil neigeux de la côte canadienne. L’eau et la glace nous entourent de toutes parts. Ce royaume de Thulé, d’Etah à Savigssivik se déploie sur 300 km mais en une bande de terre large de 5 à 10 km ; pas davantage, ici….l’espace, c’est la mer…..la mer et la banquise, sources de vie et de liberté dans une lumière qui vous met hors du temps. (Jean Malaurie)

Siorapaluk 

« la si jolie petite plage », Siorapaluk au pied de hautes falaises surmontées immédiatement par l’inlandsis  (Jean Malaurie)

Par JuBo14 — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4723827

 

Quelques données culturelles (tirées du livre Les derniers rois de Thulé de Jean Malaurie)

La maison

 

 

La maison esquimaude en 1905 et aux structures inchangées en 1950 : carrée ou rectangulaire, généralement monofamiliale, de 5 m2 (2,5 x 2) à 13 m2 (4,30 x 3). En 1909 la hauteur au centre de la pièce unique est de 145 cm à 160 cm. En 1950, une igloo de forme rectangulaire était toujours d’une seule pièce et avait au plus 18 à 20 m2 (160 cm de hauteur dans la partie la plus haute de l’entrée, 100,20 m de largeur, 3,70 m de longueur), un couloir d’entrée ou katak, en 1950, de 2 à 4 m de longueur, de 85 cm de hauteur, de 80 cm de largeur à l’entrée, se rétrécissant en dénivelé et généralement terminé par une peau ou une planche de 75 cm de largeur sur 40 cm de hauteur, que l’on pousse en entrant dans la pièce unique ; le katak débouche à l’extérieur et par grand hiver sur une igloo de neige sans porte (torssiuq). Les mesures de ce long couloir sont en 1909 : 3 m de longueur, 60 -75 cm de hauteur, 60/70 cm de largeur, envergure : le katak était étroit pour mieux se défendre contre les ours jadis très agressifs ; l’igloo de pierre étant le suprême refuge des chasseurs. Le katak comporte une partie plus intérieure : les chiots par grands froids ou l’iliarsuq (l’orphelin) peuvent y séjourner. En 1950 la plateforme a 1,40m de profondeur ; elle est surélevée de 30 cm ; elle est au fond de la pièce. Au-dessus des pierres l’on étend un tapis de racines et de broussailles doublée de foin, le tout étant recouvert d’une peau de phoque isolante. Sur les bas côtés (en 1950), les lampes à huile, généralement de 25 à 35,5 cm de longueur et de 3 cm de profondeur maximale (2 lampes en moyenne, 3 au maximum) et divers objets quotidiens. Au plafond, le séchoir en lanières de phoque. Les murs sont tapissés de peaux de phoque (1950 : 5 igloos sur 70). Un trou d’aération ou qingiaq. Les murs (épais de 40 cm) sont parfois encore de pierre entrelardées de tourbe, le plus souvent de bois ; en de rares cas ils peuvent être entièrement de mottes de tourbe comme par exemple en 1950/1951 à Nunatarssuaq, l’igloo de Sauninnguaq.

La fenêtre – à 108 cm du sol, de 56 cm de hauteur sur 60 cm de largeur – est unique. De peaux d’intestins  de gros phoque et appelée equut. Elle est percée d’un trou pour que l’on voit ce qui se passe au dehors. En 1950, préférée aux carreaux de la boutique parce qu’elle ne se givre et ne se casse pas aux grands froids.

Avant que les esquimaux ne disposent de bois, c’est-à-dire avant le 19e siècle, nombreuses étaient les maisons doubles, les maisons n’étant jamais rondes alors mais piriforme. Elle était adossée à une pente généralement tournée vers le sud. Elle pouvait avoir des excroissances latérales. (Les derniers rois de Thulé)

Les mois pour les Inughuit

Qaammaliq : le mois de la lune (janvier)

Seqinniak : le soleil apparaît (février)

Uluujuarsaat : le jour revient (mars)

Aqqajursivia : le soleil est chaud (avril)

Appaliarsuit tikitaafiat : les oiseaux reviennent

Innanit aarsatniartalerfiat (mai) 

Timmissat erniviat : ils ont des œufs (juin)

Innanit aarsatniartalerfiat (les oiseaux nouveau-nés s’envolent vers le sud (août)

Tatsit sikutoat : l’eau des lacs se glace (septembre)

Tutsarfik : on écoute (novembre)

Les jouets

Ajagaq (bilboquet)

Fabriqué en ivoire de morse. Le plus petit orifice, c’est l’anus, le gros, le vagin. Le poinçon doit être dirigé vers le gros orifice. Ce jeu en commun est pratiqué l’hiver (années 50), avec des règles et des pénalités. Celui qui a atteint sans échec le nombre de 20 crie en remuant sensuellement et vivement la pointe dans le trou : nanoqsuaq (cri de victoire du chasseur d’ours).

Chasseur du Groenland sur la mer gelée

Von Vadeve (talk) 18:05, 27 November 2012 (UTC) - Eigenes Werk, Gemeinfrei, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=22892221

Le jeu de ficelle ajaraaq

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A l’aide d’une ficelle nouée de façon à former une boucle, les Inuit représentent des figures : animales (caribou, renard…), des outils du quotidien (la lampe à huile, la foëne, le harpon, les lunettes de neige…), des parties du corps humain (bras, bouche, anus…), ou encore des esprits. Dans les régions de l’Arctique central canadien, les jeux de ficelle étaient pratiqués tout particulièrement la première moitié de l’hiver, en période nocturne, alors que le soleil (Siqiniq, entité féminine) avait disparu. Ils étaient prohibés à partir du retour du soleil à l’horizon. Celui qui y jouaient en présence Siqiniq risquait de lui infliger des coupures avec la ficelle et ainsi de la blesser. (source)

Personnages de la cosmovision

Le tupilak

Le tupilak est une créature mi-homme mi-animale, créée par un sorcier (chaman) que l’on nomme angakkoq, dans le but de tuer un individu en particulier. C’est un mélange entre la créature de Frankenstein, Léon et Flipper le dauphin. Une espèce de Golem animal et meurtrier.

L’angakkoq donne vie au tupilak, dessin de Bruno Lévêque

L’angakkoq fabrique la statuette du tupilak, lui donne vie, puis la jette dans la mer en lui donnant le nom de sa future victime. Le tupilak nage alors vers elle et accomplit son œuvre macabre. Si sa mission échoue, le tupilak se retourne contre son créateur et le dévore.

Le tupilak est polymorphe. Il peut avoir plusieurs formes et en changer au besoin. Il ressemble la plupart du temps à une espèce de patchwork de la faune polaire : tête de morse, pattes d’ours, corps de phoque…

Pour l’ethno-historien-géographe français Jean Malaurie, le tupilak symbolise aussi la part animale en chaque homme. Une des angoisses latentes des Inuits est de revenir à l’état animal.

Les angakkoqs ayant pour ainsi dire disparus, les tupilaks sont aujourd’hui fabriqués par des artistes et sont vendus aux touristes de passage. Cependant, aucun tupilak chamanique n’ayant jamais été retrouvé, les statuettes contemporaines ne sont donc qu’une représentation artistique du concept du tupilak. Il est impossible de dire si celles-ci ressemblent ou non à l’arme enchantée d’origine.

Nanoq

Nanoq, esprit collectif des ours, dessin de Bruno Lévêque

Nanoq (parfois orthographié Nanuq, Nanuuq ou Nanook) signifie « ours polaire » en Kalaallisut. Il ne s’agit pas d’une créature particulière, mais d’une forme d’esprit collectif : l’esprit des ours.

Il est parfois évoqué dans les très nombreux rituels liés à la chasse à l’ours. (source )

Attelage de chiens de traîneau dans la région de Qaanaaq Von Drew Avery - https://www.flickr.com/photos/33590535@N06/5391571785, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=41899946

Activités de subsistance, quelques animaux essentiels

La chasse au morse

Illustration d'une chasse au Morse en 1856

La chasse au morse était jusqu’au moment du négoce de la fourrure de renard avec les européens, en mesure d’assurer à la société inuite quelque puissance. Le morse mesure environ 3.50 m de long, 3 mètres de tour de taille et pèse une tonne et demie. Il est enveloppé d’une peau robuste et d’une couche de lard de 30 cm d’épaisseur. Il peut être divisé en 22 morceaux et partagé entre les personnes. Pour nourrir un attelage de 10 chiens pendant 2 mois d’hiver également. La chasse avait lieu toute l’année, le morse était souvent harponné dans les trous de respiration, sur le bord de la banquise à glace peu épaisse (c’est la plus ancienne chasse au morse).

Le renard

canis lagopus, terrianniaq

Dans cette région montagneuse, ils sont pour la plupart de fourrure foncée, brun-bleuté, dans le nord du Canada et en Sibérie septentrionale leur fourrure est presque toujours blanche. Ils ont leur propre territoire, les renards bleus de Thulé ne vont pas se mêler aux renards blancs des toundras.

Le narval

Monodon monoceros, qualugaq.

Sa peau (mattak) est un antiscorbutique comme celle de la baleine blanche. Sa graisse est source d’éclairage et sa chair le rendent essentiel. Sa dent ou défense était utilisée autrefois en guise de lance. Le corps du nerval peut mesurer 440 cm de long, sa circonférence faire 280 cm. L’animal tué est divisé en 11 parts et peut assurer la nourriture d’un attelage de 10 chiens pendant un mois d’hiver.

un groupe de narvals au Groenland Par Dr. Kristin Laidre, Polar Science Center, UW NOAA/OAR/OER — NOAA Photolib Library, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=45807150

La kiviak (oiseaux pourris)

 

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En 1850, 10 kiviaq pouvaient assurer la subsistance d’une famille pendant 4/5 mois. Les mois de février et mars étaient les mois de pénurie où la kiviaq était consommée exclusivement par les plus démunis. Elle se mange ensemble. Il y a 3 façons de la conserver : la plus courante (kiviaq)  dans une outre en phoque avec sa graisse, placées sous des pierres ou les oiseaux sont déposés sous les pierres d’un cairn, le quinneq ou dans le sable, le siornga.

Le phoque

Phoca hispida (puisi, natserq), phoque annelé ou marbré

Par Lee Cooper — http://www.nsf.gov/od/lpa/news/press/01/pr0186.htm, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3155513

Il est commun dans la région mais rare dans les secteurs parcourus par les morses car il redoute leurs attaques. Il constitue pour les Inughuit un rôle essentiel dans de nombreux domaines : chauffage et éclairage (la graisse de phoque est meilleure que celle du morse), pour l’alimentation et l’habillement (bottes, gants, anoraks), pour la construction des tentes (20/30 peaux de phoques par tente familiale), pour la confection d’équipements, kayak, harnais, fouet, bouée, kiviaq, sac pour oiseaux.

Le phoque hiverne dans le district de Thulé, il nait en mars-avril.

Il mesure 100/150 cm de long, 120/130 cm de circonférence, pèse 50 kg en moyenne. Il est chassé l’hiver avec la technique nipparneq, l’été avec la technique uutoq (les phoques dorment que la glace en mai/juin), ainsi qu’en kayak.

Phoca barbata, reigmatus barbatus, ussuk

Il est très recherché pour la résistance de son cuir.

Il mesure 190 cm de long, 140 cm de circonférence, ne fait pas de trou de respiration. Sa chasse est peu aisée car c’est un animal très vigilant, non myope comme l’autre phoque. Il est divisé en 7 parties. Le cuir sert à fabriquer des lanières de traine, des fouets, des harnais, des semelles de bottes et la peau des intestins sert de vitre (transparentes).

Pour nourrir un attelage de 10 chiens de traîneau il faut :

1 phoque tous les 2 jours durant l’hiver

I phoque tous les 3 jours à l’automne et au printemps

1 phoque tous les 7 jours durant l’été

50 phoques chaque année par traîneau et par famille.

Des vêtements traditionnels

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Qulitsaq

C’est une veste en peau de rennes à manches longues avec un capuchon cerné de queues de renard bleu, des manchettes en mentonnière en poil d’ours. Elle est faite avec des peaux séparées, coupées par les femmes à la demande et cousues sur le côté.

Kamiks (bottes)

Elles sont en peau de phoque, épilée et blanchie. L’hiver on utilise des bottes en peau d’ours. Les bottes intérieures sont en peau de lapin retournée. Dans les bottes les pieds sont nus. Par grand froid, par-dessus la botte, on porte des chaussons en peau d’ours ou de renne, lacés au-dessus du pied, dit kamikpang.

Pantalon en peau d’ours

Les poils sont à l’extérieur ; le pantalon descend légèrement au-dessous du genou et se serre sur la jambe par un lacet ; très serré sur la cuisse, il s’ouvre par un rabat ; ceinture en peau de phoque attenante.

Kayak

Sur les côtes nord-ouest du Groenland, la barque était en peau de phoque ou de morse et exclusivement conduite par les femmes. Aujourd’hui (1951) en bois, l’esquimau polaire ne réutilise le kayak que depuis plus d’un siècle (1870 environ). Il a ignoré et n’a pas eu d’umiak en peau : il n’est pas marin mais homme de glace. Si la banquise a été son 1er radeau à partir duquel il chassait en eau libre, phoques et morses, il n’avait pas besoin de s’aventurer en eau libre.

structure d'un kayak groenlandais CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=191598

Les peaux

Les peaux sont la base même de la vie du chasseur ; une double botte dure une ou deux années ; elle nécessite une peau de phoque. Un chasseur a 2 ou 3 paires de bottes. Une veste de phoque a une durée de 3 ans. Elle nécessite 3 peaux. Un pantalon d’ours est usé au bout de 5 ans. Il nécessite une peau entière d’ours. Une qulitsaq ou veste à capuchon en peau de renne a une durée de 4 ans ; elle nécessite 2 peaux de renne. Un kayak, inutilisable après 5 à 10 ans nécessite 5 peaux de phoque. Une tente familiale, 15 peaux, celles-ci au faîte sont dédoublées pour donner de la clarté.

Démonstration des techniques traditionnelles de kayak pour la chasse aux narvals.

Von Brocken Inaglory, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11799293

Les peaux

Les peaux sont la base même de la vie du chasseur ; une double botte dure une ou deux années ; elle nécessite une peau de phoque. Un chasseur a 2 ou 3 paires de bottes. Une veste de phoque a une durée de 3 ans. Elle nécessite 3 peaux. Un pantalon d’ours est usé au bout de 5 ans. Il nécessite une peau entière d’ours. Une qulitsaq ou veste à capuchon en peau de renne a une durée de 4 ans ; elle nécessite 2 peaux de renne. Un kayak, inutilisable après 5 à 10 ans nécessite 5 peaux de phoque. Une tente familiale, 15 peaux, celles-ci au faîte sont dédoublées pour donner de la clarté.

Femmes Inughuit, Cape York (vers 1910)

Von Tekniskamusett c/o: Underwood & Underwood, 1880-1910. - https://www.flickr.com/photos/tekniskamuseet/8767008604/, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=41900266

Histoire

Il est supposé qu’ils descendent du peuple de Thulé, peuple proto-inuit développé sur la côte de l’Alaska en l’an 1000 et s’étendant vers l’est à travers le Canada atteignant le Groenland au 13e siècle. Au cours de ce processus, ils auraient remplacé les personnes de la culture de Dorset antérieure habitant la région auparavant.

A Uummanaaq se trouve la plus ancienne colonie thuléenne.

La ville, surplombée par le mont Uummannaq. La source n’a pas pu être reconnue automatiquement. « Travail personnel » supposé (étant donné la revendication de droit d’auteur)., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4723992

Au 17e siècle, le changement climatique a refroidi dans les régions du nord-ouest du Groenland coupant les Inughuit des autres Inuit et des autres régions. Ils développent à cette époque leur langue et leur culture unique différente de celle des autres Inuit. Ils perdent à cette époque la capacité et la compétence nécessaire à la construction de kayaks et d’umiaks ce qui restreint leurs déplacements et contacts avec d’autres communautés.

Histoire moderne

Les premiers contacts avec des européens a lieu en 1818 avec l’expédition de John Ross sur leur territoire. Ils vivaient auparavant dans un tel isolement que certainement, ils ignoraient l’existence d’autres humains.

Ils sont décrits comme l’une des seules sociétés non agricoles à vivre sans querelles ni guerre, un état qui a continué après le contact.

Le premier ethnologue qui étudiera les Inughuit est le danois Erik Holtved.

Au milieu du XIXe siècle, les Inuit de Baffin visitent et même, vivent avec les Inughuit. Ils leur réapprennent des technologies perdues comme la construction et le maniement des bateaux, l’utilisation et la construction d’arcs et de flèches. Les Inughuit à leur tour leur enseignent une forme avancée de la technologie du traîneau à chiens.

Au XIX et début du XXe siècle, des explorateurs ont de nombreux contacts avec eux dont Robert Peary et Frederick Cook qui se servent de membres de l’ethnie comme guides pour mener à bien leurs expéditions au pôle géomagnétique.

Les Inughuit deviennent suite à ces contacts plus dépendants de produits manufacturés et les maladies sont introduites par les blancs alors qu’ils n’ont aucune immunité.

Knud Rasmussen, anthropologue et explorateur groenlandais établi un poste de traite à Uummanaaq en 1910. Il modernise la société inughuit en créant le conseil des chasseurs en 1927.

A cette même époque arrivent les missionnaires chrétiens dans le but d’évangéliser cette population.

L’ère de la guerre froide qui suit à des conséquences dévastatrices sur les Inughuit.

Dans les années 50, les EU établissent une base aérienne secrète près d’Uummanaaq et forcent les Inughuit à se déplacer à 116 km de leur territoire au nord, en direction de Qaanaaq.

Leur vie culturelle et sociale est terriblement perturbée par cette assimilation forcée et provoque des ravages sur leur vie, leur santé, leur mental dont ils peinent encore à se sortir aujourd’hui

Vue aérienne de la base de Thulé Par http://www.thule.af.mil/images/baseshot.jpg, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=487681

L’accident nucléaire à Thulé du 21 janvier 1968

(note de Jean Malaurie dans Les derniers rois de Thulé) extrait

Le 21 janvier 1968, un B52, porteur de  quatre bombes à hydrogène, s’écrase à quelques kilomètres de la Base nucléaire de Thulé, dans l’Extrême Nord du Groenland. Trente ans après l’accident, une vingtaine de travailleurs danois ayant participé au « nettoyage » de la zone de banquise contaminée (cinquante mille tonnes de neige et de glace contaminées), qui s’étendait sur plusieurs centaines de mètres et qui avait partiellement fondu sous l’impact du bombardier immergé, portent plainte (…)

Comment ne me souviendrais-je pas de l’installation de cette base américaine de Thulé, puisque, précisément « j’y étais » ; seul scientifique étranger, au retour d’une longue mission géomorphologique dans les déserts inhabités du Nord du Groenland, en traîneaux à chiens, avec mes compagnons inuit ? Nous sommes le 16 juin 1951 ; la guerre coréenne tourne à la débâcle pour l’armée américaine et l’éventualité d’une troisième guerre mondiale embrase l’imagination. La gigantesque base nucléaire est édifiée en toute hâte et dans le plus grand secret, successivement par l’UA Air Force et la US Navy au centre même du royaume légendaire de Thulé , où vivaient encore, à l’âge du phoque, les trois cents esquimaux les plus au nord du monde.

Deux ans plus tard, j’apprends l’expulsion, masquée en volontariat des habitants, inuit de Thulé, déplacés comme du vulgaire bétail à une centaine de kilomètres plus au nord, par la base américaine désormais souveraine. En juin 1951 comme en 1953, l’avis de la population n’a évidemment pas été demandé une seconde, aucune compensation financière n’a été accordée pour la perte de son territoire de chasse : 1/5e du territoire de chasse et parmi le plus giboyeux. Pour des raisons militaires d’ordre supérieur, dans lesquelles les inuit n’étaient absolument pas partie prenante, une population était ainsi publiquement et progressivement dépossédée d’une partie de son territoire.

Profondément conscient de toutes les conséquences malheureuses de la brusque confrontation avec une base militaire, d’une population traditionnelle, et des inévitables dangers nucléaires, que de surcroît, elle encourt –leur concrétisation, avec 4 bombes nucléaires, ne devait pas se faire attendre – je tente, avec quelques personnalités danoises et groenlandaises, de protester contre l’autoritarisme du gouvernement danois qui n’a pas hésité, dans le cadre de son « protectorat » du Groenland et sa politique géostratégique métropolitaine, à autoriser, dans sa lointaine colonie du Groenland, l’installation d’une gigantesque base qui restera top secret pendant de nombreuses années.

Se documenter sur les Inughuit

 

Les derniers rois de Thulé de Jean Malaurie

 

 

 

 

Ultima Thulé de Jean Malaurie

 

 

Minik, l’esquimau déraciné de Kenn Harper lien article blog

 

 

 

 

Hummocks 1 De la pierre à l'homme avec les Inuit de Thulé de Jean Malaurie

 

 

 

 

Tous les 4 dans la collection Terre Humaine

  • Les INUIT et nous, entretien avec Jean Malaurie PDF

http://uv2s.cerimes.fr/media/revue-eps/media/articles/pdf/70286-9.pdf

  • VIDEO et film à louer ou acheter des Derniers rois de Thulé de Jean Malaurie

https://www.filmsdocumentaires.com/films/1920-les-derniers-rois-de-thule-avec-les-inuits-du-pole

1ère partie : L’esquimau polaire, le chasseur

2 partie : l’esquimau chômeur et imprévisible

Film en 16 mm, 125 minutes, couleur, tourné à Thulé en avril-mai 1969 (détroit de la Baleine, régions de Natsilivik, Qaanaaq, Siorapaluk et Thulé-Dundas). Diffusion sur la chaîne 2 de l’O.R.T.F en 1970. Propriété de la Télévision Française (INA) Paris.

série documentaire de Jean Malaurie

  • La saga des Inuit

https://www.filmsdocumentaires.com/films/6399-la-saga-des-inuit

Série Inuit, 16 mm, couleur tourné en 1974 et 1976 de la Sibérie au Groenland. TV Parie Antenne 2, 1980.

Inuit, le cri universel du peuple esquimau, 1H30

Les Groenlandais et le Danemark : Nunarput (Notre Terre), 55 minutes

Les Groenlandais et le Danemark : Le Groenland se lève, 55 minutes

Les Esquimaux canadiens et le Canada : l’incommunicabilité, 55 minutes

Les Esquimaux alaskiens et les Etats-Unis d’Amérique : les fils de la baleine, 55 minutes

Les Esquimaux alaskiens et les Etats-Unis d’Amérique : pétro-dollars et pouvoir, 55 minutes

Explorateur, anthropologue et géomorphologue, Jean Malaurie a participé à une trentaine de missions polaires depuis 1948. Témoin depuis soixante ans des bouleversements que connaît le Groenland, il revient sur sa grande aventure aux côtés des Inuits. Scandalisé par "l'esprit colonial" de Donald Trump qui a confirmé le 18 août vouloir acquérir l'île arctique, il lance un vibrant plaidoyer en faveur de l’indépendance du peuple groenlandais. En exclusivité pour GEO.

https://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1952_num_7_4_2828

sources : Les derniers rois de Thulé de Jean Malaurie, diverses notes de lui sur des sites du net, wikipedia en anglais et les sources qui figurent sur certains passages comme les personnages mythiques et les jouets.

 

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