Mexique - Paroles du CIPOG-EZ, 12 octobre 2020
Publié le 14 Octobre 2020
12 OCTOBRE 2020
Nous n'avons pas été conquis, nous sommes toujours en vie, en résistance et en rébellion. 528 ans après la guerre d'extermination.
À l'Armée zapatiste de libération nationale
Au Congrès National Indigène, au Conseil Indigène de Gouvernement
Aux peuples du Guerrero, du Mexique, de l'Amérique latine et du monde
Aux femmes qui se battent pour la vie
A la sexta nationale et internationale
Aux réseaux de soutien
Les femmes, hommes, filles, garçons, grands-mères et grands-pères des communautés indigènes NaSavi, Me'pháá, Nahua, Ñamnkué, Mestizos et Afro-Mexicains de l'état du Guerrero, qui sont organisés au sein du Conseil indigène et populaire du Guerrero - Emiliano Zapata(CIPOG-EZ), et font partie du Congrès national indigène et du Conseil Indigène de Gouvernement (CNI-CIG).
Aujourd'hui, 12 octobre 2020, 528 ans après le début de la guerre d'extermination contre les peuples indigènes, nous voulons dire haut et fort que cette guerre contre nous continue. Au XXIe siècle, nos enfants continuent de mourir de malnutrition, nous survivons avec une pénurie d'eau et de nourriture, dans des maisons qui ont des problèmes de surpopulation et d'insalubrité, l'assistance médicale signifie que tous les deux mois, une brigade de santé composée d'un ou au maximum de deux médecins arrive pour s'occuper de centaines de personnes et parfois les médecins manquent, nous devons donc attendre encore deux mois.
L'éducation dans nos communautés est représentée par des écoles primaires ou secondaires pleines d'enfants mal nourris, des enseignants mal payés. Les rares personnes qui obtiennent un diplôme de l'enseignement supérieur oublient leur village, s'ils ne peuvent pas trouver un emploi décent dans les villes, et encore moins dans leur communauté. Le travail à la campagne donne de moins en moins de moyens de survivre, les possibilités de travail sont pratiquement nulles et c'est là que le crime organisé et l'alcoolisme sont présentés comme des alternatives terribles mais proches.
Nos territoires ne sont pas seulement dévastés par la soi-disant pauvreté extrême, la misère dit-on, mais ils ont été transformés en terribles champs de bataille entre les cartels de la drogue, les partis politiques, les sociétés extractives et les multiples religions. Alors que nous, les peuples indigènes, continuons à être la chair à canon dans toutes ces batailles, ils ne se tournent vers nous que pour y mettre leur corps et leur vie, parce que les profits et le pillage continuent à être perpétués à partir du pouvoir, qui n'est clairement pas indigène.
Quand ils nous parlent du train du progrès, il n'y a pas de différence entre le progrès que Hernán Cortez, Porfirio Díaz, le PRI et le régime fédéral actuel ont proclamé, cela ne signifie pas la santé, l'éducation, le travail décent, le logement, ou le respect de nos formes démocratiques que nous maintenons en tant que peuples. Pourquoi leur progrès continue-t-il à détruire nos territoires et à enrichir les riches ?
Cette guerre d'extermination est tellement réelle et palpable qu'aujourd'hui, en tant que peuples, nous commençons à peine à nous relever après un coup dur, l'assassinat de 18 de nos membres aux mains du crime organisé, cette fois représenté par "Los Ardillos" et le siège qu'ils continuent à exercer contre 22 de nos communautés dans la région de la basse Montaña.
Nos frères et sœurs assassinés : José Lucio Bartolo Faustino, Modesto Verales Sebastián, Bartolo Hilario Morales, Isaías Xanteco Ahuejote, David Domingo Alonso, Marcelino Pedro Rojas, Juana Hernández Ambrosio, Alberta Matías Tendón, José Julio Fiscaleño Hilario, Cándido Fiscaleño Hilario, Crescenciano Migueleño Coapango, Marcos Fiscaleño Bastizar, Antonio Mendoza Tolentino, Israel Tolentino Ahuelicán, Israel Mendoza Pasado, Florentino Linares Jiménez, Juan Joaquín Ahuejote, et Regino FiscaleñoChautla
À ce jour, il n'y a pas d'enquête d'office menée par les autorités correspondantes pour trouver les auteurs matériels et intellectuels de ces crimes, qui ont tenté de les faire tomber dans l'oubli. Ces meurtres ont commencé le 4 mai 2019, toujours sous le sextennat d'Enrique Peña Nieto et se sont prolongés avec le massacre de Mexcalzingo le 17 février 2020, où 10 compañeros musiciens, délégués du CNI et membres du CIPOG-EZ ont été assassinés, ce qui s'est déjà produit sous le sextennat de López Obrador. Ni les autorités locales, ni celles de l'État, ni les autorités fédérales n'ont cherché la moindre tentative de justice pour nos frères et sœurs, ni pour leurs familles, comme s'il s'agissait d'animaux, en essayant seulement de détourner les yeux pour ne rien savoir.
Mais cela va être impossible parce que nous, en tant que CIPOG-EZ, nous allons les semer encore et encore avec notre parole et continuer à demander justice jusqu'à ce que nous la trouvions, même si nous devons aller là où il le faut et autant de fois qu'il le faut. Parce qu'ils n'ont commis aucun crime, ils ont été assassinés pour avoir lutté pour la vie de leur communauté, afin de ne pas servir de chair à canon au crime organisé, pour le bien-être collectif et pour un avenir meilleur pour les nouvelles générations.
Nos conseillers José Lucio Bartolo Faustino et Modesto Verales Sebastián ont été chargés de recueillir des signatures pour notre porte-parole "Marichuy", ils l'ont accompagnée dans sa tournée des caracoles zapatistes et ont organisé sa tournée dans tout l'état du Guerrero. Ils ont également mené la marche du 10 avril 2019 contre l'assassinat de Samir Flores Soberanes, et 24 jours plus tard, ils ont été assassinés et ont ainsi commencé les exécutions des promoteurs du CIPOG-EZ et des délégués du CNI dans la basse Montaña.
Aujourd'hui, en tant que CIPOG-EZ, nous voulons dire qu'ils n'ont pas réussi à mettre fin à notre organisation, tout comme la couronne espagnole n'a pas réussi à nous conquérir, ni à nous exterminer, ni les mauvais gouvernements actuels. Il y a un mois, nous sommes allés au cœur du Mexique dans une caravane et avons été reçus par des collectifs et des organisations sœurs, qui nous ont accueillis et se sont tenus à nos côtés en tant que compañeros et compañeras, qui ne nous ont pas laissés seuls dans cette guerre. Nous les avons écoutés et ils nous ont écoutés, nous avons partagé notre douleur et notre rage face à tant d'injustice, et nous sommes retournés dans nos montagnes en sachant ce que nous savions déjà ; les gouvernements n'ont pas changé, ils continuent à être hypocrites et traîtres, et les peuples indigènes n'ont été qu'une fois de plus, de la chair à canon pour parvenir à leur triomphe et ensuite essayer de nous enterrer dans l'oubli.
Pour toutes ces raisons, nous avons décidé de deux points dans nos assemblées, que nous voulons partager publiquement afin que ceux qui se sentent interpellés puissent s'avancer et nous accompagner dans notre démarche.
1. l'élection de nouveaux conseillers et conseillères du CIPOG-EZ pour continuer notre voyage avec le CNI-CIG, qui seront des compagnons qui poursuivront l'exemple de Lucio Bartolo et Modesto Verales, en parcourant les villes, les communautés et les territoires pour renforcer l'organisation. Nous vous demandons d'être attentifs à leur parcours et de prendre soin d'eux afin que cette histoire de meurtre et d'impunité ne se répète pas. Nos nouveaux conseillers, qui sont nommés aujourd'hui et ratifiés par la suite, sont :
- Evangelista Campos Eugenio
- Alberto Santiago Portillo
- Leonor Martínez Mauricio
- Roberto Macario Marcelino
- Jésus Placido Galindo
2 - Nous continuerons à construire notre autonomie dans le domaine de la communication par la continuité de notre radio FM Zapata 94.1, qui a tant de fois chuté et qui est en train de remonter. Et dans le domaine de l'éducation grâce à notre "Maison de la connaissance" située dans l'ejido de Buena Vista, Mpio de San Luis Acatlán. Les maisons de la connaissance sont des espaces de réflexion, d'accords et de formation collectifs, avec l'espoir de pouvoir résoudre depuis nos propres communautés les grands problèmes auxquels nous sommes confrontés en tant que peuples.
Compañeros et compañeras nous voici, en tant que CIPOG-EZ, en train de nous remettre des coups durs de cette guerre, en conservant toujours notre mémoire de peuple, pour vous dire que nous continuerons à marcher avec le CNI-CIG, avec nos sœurs et frères de l'EZLN et avec toutes les dignes luttes contre le capitalisme.
Cordialement :
Nos fruits ont été cueillis,
Ils ont coupé nos branches,
Ils ont brûlé notre bûche,
Mais ils n'ont pas pu arracher nos racines.
Conseil indigène et populaire du Guerrero - Emiliano Zapata(CIPOG-EZ)
Régions : Costa Chica, Costa Montaña, Montaña Alta et Montaña Baja au Guerrero.
Halte à la guerre guerranarco-paramilitaire contre les communautés zapatistes de l'EZLN !
Halte à la guerre narco-paramilitaire contre les communautés indigènes du CNI-CIG !
Justice pour tous nos prisonniers, assassinés et disparus du CNI-CIG !
Plus jamais un Mexique sans nous !
Plus jamais un Mexique sans nous les femmes !
traduction carolita d'un communiqué paru sur le site du CNI le 12/10/2020
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Palabras del CIPOG-EZ, 12 de Octubre de 2020 - Congreso Nacional Indígena
No nos conquistaron, seguimos vivos, en resistencia y rebeldía. A 528 años de la guerra de exterminio. Al Ejercito Zapatista de Liberación Nacional Al Congreso Nacional Indígena, Concejo Indíg...
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