Le livre qui explique pourquoi les ultra-religieux sont un danger
Publié le 31 Octobre 2020
Aujourd'hui, les groupes évangéliques ne font pas seulement des alliances avec des politiciens de droite en raison de leurs affinités idéologiques, mais aussi avec ceux de gauche. Cela démontre leur pragmatisme afin de gagner en influence dans la prise de décision. La croissance du pouvoir évangélique est due à la plasticité avec laquelle ils se sont adaptés à toutes sortes de systèmes sociaux et politiques.
Trump, Bolsonaro et Áñez : "Pouvoir évangélique", le livre qui explique pourquoi les ultra-religieux sont un danger
Contrainformación, 29 octobre 2020 - Le chercheur argentin Ariel Goldstein détaille la pénétration de la communauté évangélique dans la politique du continent, avec Trump, Bolsonaro et Áñez comme principaux exposants.
Ils pensent que gouverner est un mandat divin. Ils militent contre l'avortement, l'éducation sexuelle, les droits sexuels et reproductifs, le féminisme et la communauté LGBTIQ.
Leurs pasteurs deviennent de célèbres youtubeurs. Ou des stars des médias, parce qu'ils obtiennent des licences de chaînes de télévision.
Ils ont une vision patriarcale de la société. Ils diabolisent leurs adversaires. Ils s'allient à la fois avec la gauche et la droite. Ils ont déjà de nombreux sièges législatifs et occupent des ministères dans différents pays.
Et aujourd'hui, ils peuvent se vanter de quelques-uns de leurs plus grands triomphes : l'arrivée de Donald Trump à la présidence des États-Unis et de Jair Bolsonaro au Brésil, ainsi que le coup d'État qui a permis à Jeanine Áñez de diriger un gouvernement de facto en Bolivie.
C'est une communauté conservatrice qu'Ariel Goldstein, docteur en sciences sociales, analyse dans Poder evangélico. Comment les groupes religieux s'emparent de la politique en Amérique, son dernier livre publié en Argentine par Marea Editorial, dans lequel il met en garde contre les risques liés à la pénétration de ce groupe dans les pouvoirs publics.
"Ce nouveau Pentecôtisme ne peut être considéré sans danger pour la démocratie", déclare l'auteur dans une interview à RT.
Le problème, explique-t-il, est qu'ils introduisent dans la politique des catégories religieuses de bien et de mal purs dans lesquelles l'adversaire doit être exterminé, ce qui nuit à la coexistence politique et sociale.
"Lorsque l'adversaire est identifié au diable et que les dirigeants comprennent leur tâche comme une mission divine, le danger d'une dérive autoritaire augmente, menaçant la coexistence démocratique basée sur le respect de la pluralité", déclare Goldstein.
Stratégies
Goldstein a décidé d'étudier comment les évangéliques ont acquis autant de pouvoir politique au cours des dernières décennies. Ce qui l'a le plus frappé, c'est qu'ils ont accru leur légitimité sociale grâce à leur travail territorial dans les secteurs vulnérables et à un processus de collecte économique qui leur permet ensuite de construire leurs propres médias.
"Les deux cas les plus réussis sont les États-Unis et le Brésil, mais ce qui se passe en Amérique centrale est énorme, ils avancent très vite", dit l'auteur.
Ce qui peut être surprenant, ajoute-t-il, c'est que les groupes évangéliques s'allient non seulement avec des politiciens de droite sur la base d'affinités idéologiques, mais aussi avec ceux de gauche, comme dans le cas de Nicolás Maduro au Venezuela ou d'Andrés Manuel López Obrador au Mexique, ce qui démontre leur pragmatisme afin de gagner en influence dans la prise de décision.
Le livre présente l'histoire et l'état actuel des progrès de cette communauté religieuse sur le continent, avec un agenda commun et avec des dirigeants locaux ou des pasteurs d'Amérique latine qui sont souvent formés aux États-Unis ou qui évangélisent depuis ce pays.
Bien qu'il soit évident qu'il existe une stratégie commune et très bien organisée, Goldstein précise qu'il n'adhère pas à l'idée d'une conspiration internationale car cela simplifierait ce processus.
Ce qui montre plutôt, dit-il, la croissance des groupes évangéliques, c'est la plasticité avec laquelle ils se sont adaptés à toutes sortes de systèmes sociaux et politiques, du bipartisme aux États-Unis au multipartisme au Brésil.
Moins catholique, plus évangélique
L'auteur avertit également que cette progression va de pair avec le déclin du catholicisme qui préoccupe tant le pape François, puisque dans les années 1960, 94% de la population latino-américaine s'identifiait comme catholique, mais en 2014, ce chiffre était déjà tombé à 69%, tandis que la proportion d'évangéliques passait de 9,0% à 19%.
Il souligne également que les pays les plus croyants de la région, tels que le Mexique et le Paraguay, sont un terrain fertile pour le renforcement des évangéliques car ils ont des sociétés très religieuses malgré leur laïcité.
Au contraire, souligne-t-il, l'Uruguay est un cas exceptionnel, car c'est le seul pays de la région à avoir un État et une société laïques, ce qui explique que les évangéliques n'aient pas pu y pénétrer avec le même rythme et la même intensité que dans le reste du continent.
En ce qui concerne les alliances politiques, Goldstein explique qu'il est tentant pour les dirigeants politiques progressistes de s'associer aux évangéliques au début, mais que, comme cela s'est déjà produit avec Luiz Inacio Lula da Silva au Brésil, cela ne leur sert qu'à court terme.
traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 29/10/2020
El libro que explica por qué los ultrareligiosos son un peligro
En la actualidad los grupos evangélicos no solo hacen alianzas con políticos de derecha, por su afinidad ideológica, sino también con los de izquierda. Esto demuestra su pragmatismo con tal de ...