Patricio Manns: Cuando me acuerdo de mi país (1983)

Publié le 6 Janvier 2021

Cuando me acuerdo de mi país (Quand je me souviens de mon pays) est un album anthologique du compositeur et interprète Patricio Manns, sorti au Chili par le label Alerce en 1983, en pleine dictature. Il tire son titre de la chanson du même nom écrite par Manns en 1974, où il évoque la nostalgie de la patrie générée par l'exil.

La cassette rassemble des enregistrements de différentes sources. La face A (pistes 1 à 5) est la plus hétérogène ; elle comprend deux enregistrements de Manns avant son départ du pays ("Edurne" et "Estación terminal"), qui figurent sur l'album Patricio Manns (1971), où il est accompagné par l'Orchestre symphonique du Chili et les Blops. Deux autres enregistrements ("Cuando me recuerdo de mi país" et "Estación terminal") correspondent à des enregistrements réalisés à Cuba en 1974, qui ont été publiés dans l'album Canción sin límites (1977). Enfin, la face A se termine par une version inédite de "Arriba en la Cordillera", où il est accompagné par le groupe Quilapayún, qui a été enregistré en République démocratique allemande le 11 octobre 1967.

En revanche, la face B (pistes 6 à 10), est entièrement tirée des enregistrements réalisés en Italie avec le groupe Inti-Illimani, qui faisaient partie de l'album Con la Razón y la Fuerza (1982).

C'est écrit à l'intérieur de la cassette :

On m'a interrogé sur les méandres du chant ; on m'a fait une enquête approfondie pour savoir comment ce matériau énigmatique sous forme non écrite, qui est une chanson non encore écrite, quitte son état d'être pour devenir un fait ; comment elle parvient à atteindre le niveau de la perception consciente du chanteur, à quitter la cage contagieuse tremblante - qui est l'une - et à se relier aux autres tristesses ou joies environnantes - qui sont vous. Pour répondre, je dois chanter. Mais chanter, peu importe ce qui est absurde. C'est pourquoi je m'explique avec cette sélection personnelle, que je revendique comme une représentation formelle de mes deuxième et troisième étapes. Le troisième est, pour l'instant, le dernier par ordre chronologique, et je soupçonne que d'autres suivront, à en juger par certains signes qui me confirment déjà sévèrement.

Pour communiquer à une telle distance, il faut compter sur deux complicités : celle du médium (en l'occurrence, Ricardo Garcia) qui portera dans ses bras la pierre gravée de mes rêves les plus dissemblables, les plus arbitraires ; et vous, qui recevrez votre charge et vous installerez au bord de la route, en faisant une halte sur le chemin du voyage, pour écouter cette voix qui vient de si loin avec son chant. Rien n'est plus simple, semble-t-il, et pourtant rien n'est si compliqué. Une des chansons que j'ai choisies avec Ricardo et Alejandra commence ainsi, et c'est presque un programme, comme vous allez l'entendre :

Enfin, cette lettre était
écrite comme dans un rêve,
sculptée elle était entre des rêves comme
une énorme pierre,
et l'amour et la douleur la couvraient
de signes,
la convertissant alors en
la chaîne de votre nom.

Suivez le reste vous-même. Pour ceux qui se souviennent de moi comme folkloriste (je ne l'ai jamais été, vraiment), ces chansons seront une surprise ; pour ceux qui ne me connaissaient pas quand mon pays était encore le mien (et avant qu'il ne le soit à nouveau), notre rencontre menace de définir quelque trace ; pour ceux qui ne me connaissent pas ou ne se souviennent pas, ou qui font semblant de ne pas se souvenir ou de ne pas me connaître, je passerai mais pas en silence, et, comme le dit Neruda, "en leur laissant peut-être ma brûlure". En vérité, je n'aspire pas à plus. J'ai choisi le chemin le plus long, le plus tendu, le plus solitaire, le plus douloureux ; j'ai choisi le moins facile, l'agressif, le tendre, l'inconnaissable. Je suis un homme attaché à l'os, à la moelle, à la vie et à toutes les choses de la vie. Je crois en l'homme et je ne me trompe pas et ne le cache pas. J'assume mes fonctions de chanteur avec la plus grande loyauté possible.

Et parce qu'un chant est une blessure et une guitare une épée ; parce qu'ils blessent des amis et des ennemis à cause de la douleur ou de la haine qu'ils apportent, le simple fait de savoir que je circule dans les mains et les oreilles de mon peuple, qui est le vôtre, est la plus haute décoration à laquelle un homme peut aspirer lorsqu'il a bandé son épée pour soigner la blessure qu'elle va causer.

Patrick Manns.

Liste des chansons

1. Cuando me acuerdo de mi país (Patricio Manns) (3:47)

2. Escrito en el trigo (Patricio Manns – Desiderio Arenas) (4:28)

3. Edurne (Joan Manuel Serrat) (4:12)

4. Estación terminal (Patricio Manns) (3:07)

5. Arriba en la cordillera (Patricio Manns) (3:44)

6. Las caídas (Patricio Manns – Horacio Salinas) (2:49)

7. Palimpsesto (Patricio Manns – Horacio Salinas) (4:00)

8. Llegó volando (Patricio Manns) (3:00)

9. El equipaje del destierro (Patricio Manns – Horacio Salinas) (4:45)

10. El pacto roto (Patricio Manns) (3:17)

traduction carolita du site Perrerac.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #Nueva canción, #Chanson du monde, #Chili

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