Conjunto Cuncumén: Geografía musical de Chile. El folklore de Chile Vol. IX (1962)

Publié le 7 Septembre 2020

Cinquième album du Conjunto Cuncumén, volume IX de la série "El folklore de Chile/Le folklore du Chili", publié par le label EMI-Odeon. Il est sorti en 1962 et dans cet album, Cuncumén fait un voyage à travers les rythmes caractéristiques des différentes régions du pays, dont la plupart sont magistralement recréés par Rolando Alarcón. L'album comprend également les premières compositions de Victor Jara.

Les membres de Cuncumén au moment de cet enregistrement étaient : Gabriela Yáñez, Nancy Báez, Mariela Ferreira, Lucila Tapia, Clemente Izurieta, Jaime Rojas, Rolando Alarcón et Víctor Jara.

C'est ce qui est écrit au dos de la couverture du disque :

Il existe deux possibilités extrêmes pour confronter le folklore. Un : se soumettre rigoureusement à ses formes traditionnelles. L'autre : les prendre seulement comme point de départ pour une récréation gratuite. Dans le premier cas, il y a ceux qui respectent son contenu et ses expressions comme un monde immobile, permanent, voire stagnant, voire mort. Parmi ceux-ci, on trouve de nombreux chercheurs dont l'attitude est celle d'un anthropologue universitaire ou muséal. Parmi ces derniers, il y a ceux pour qui le folklore est un corps vivant, en vigueur, agissant, c'est-à-dire soumis aux conditions de changement et de développement de tout ce qui est vivant, de tout ce qui obéit aux lois des structures organiques avec un devenir constant de nouvelles formes, bien qu'il s'agisse de formes qui ont nécessairement émergé des précédentes, qui ont leurs racines et des moules plus généraux en elles.

L'ensemble CUNCUMEN a fait ses premiers pas en tant que groupe du premier type. Au cours de son existence relativement courte et réussie, il a montré une tendance de plus en plus accentuée à une attitude opposée. Entre la position conservatrice et la position rénovatrice, il a préféré la seconde. Mais soyons clairs : il ne s'agit nullement d'une approche révolutionnaire et iconoclaste. Leur contact authentique avec l'original les empêche de tomber dans la simple originalité. Ce sont des interprètes vivants et, en tant que tels, ils déterminent une empreinte personnelle (bien que dans ce cas, il s'agisse de celle d'un groupe), comme cela se produit toujours chez tout véritable interprète ou créateur, une empreinte qui, cependant, n'y porte pas atteinte, qui respecte profondément l'esprit populaire nourricier, mais qui l'exprime dans des variantes expressément valables des schémas magiques. C'est ce qui ressort, par exemple, du récital qu'ils nous ont donné avant de partir pour leur deuxième tournée en Europe, au Théâtre municipal, en compagnie de cette figure suprême qu'est Margot Loyola (curieusement, dans le cas de Margot Loyola aussi, le traditionnel et le personnel sont liés de manière très solide, le premier s'exprimant par une soumission précise aux canons collectifs ; le second à un niveau exceptionnel en raison de sa très haute qualité individuelle).

Nous avons dit plus haut véritable interprète ou créateur. Nous l'avons dit parce que dans le groupe, il y a à la fois des interprètes et des créateurs, et dans les deux possibilités, il y a le problème que nous avons mentionné : la rigueur et la liberté. Ainsi, en tant que simples interprètes, ils respectent totalement la forme et l'esprit d'un "pour le bien" comme QUE BONITA ESTÁ LA MESA (Comme la table est jolie), mais ils le varient, l'enrichissent, en alternant les voix féminines et masculines, une modalité qui peut parfaitement être le point de départ d'une manière qui devient traditionnelle. Il en va de même pour la forme canonique utilisée pour chanter l'Entrée des Chants à la Vierge de La Tirana. Des exemples de cette même attitude de créateurs libres et en même temps soumis (des recréateurs vivants, en fait) nous avons dans la CHANSON DU MINEUR, de Victor Jara, où l'auteur nous donne une forme originale, mais sans doute issue d'un milieu collectif auquel il appartient presque fièrement. Dans le même cas, Rolando Alarcón compose POR LOS CANALES SUREÑOS, où la ponctuation, le rythme et l'intervalle, bien que libres d'une tradition rigide, obéissent profondément à l'esprit de l'homme de cette région, pour une sorte de sympathie essentielle avec sa vie et le paysage qui l'entoure.

La validité des nouvelles chaînes dans le domaine du folklore peut être discutée, il n'y a aucun doute. Mais elle nous semble extrêmement respectable ; elle semble même être une aventure que nous devons défendre quand elle est si sérieusement articulée, si organiquement enracinée avec la plante primitive, comme elle l'est dans le groupe CUNCUMEN de tout temps. L'avenir dépend peut-être d'une telle attitude si nous voulons qu'elle soit spécieuse et fertile.

Que cette liberté dans la rigueur ne détermine pas l'altération de l'authenticité est démontré par l'unité de ce dossier, une unité faite sur la base, très probablement, du fait de laisser ou d'utiliser un aspect psychologique typique de l'homme chilien. Nous faisons référence à sa mélancolie. Nous ne voulons pas postuler, au passage, que la mélancolie est sa seule caractéristique, ni même qu'elle est la plus prononcée. Mais elle est, avouons-le, très proche de nous et très générale. Elle va du nord au sud, de la mer à la montagne, et elle teint à la fois une cueca -comme dans ÁGUILA QUE VAS VOLANDO- et une tonada -comme dans PADEZCO GRAVE DOLOR- ; toutes deux sont un petit chef-d'œuvre du chant au divin, comme l'est ADIÓS MUNDO INDINO, et le chant au profane, qui est AL PIE DE LA CRUZ DEL VALLE ; à la fois une expression du Nord, comme les chants religieux de La Tirana, et les expressions du Centre (ADIÓS MUNDO INDINO) ou du Sud (ÁGUILA QUE VAS VOLANDO) ; à la fois l'authentique folklorique (PALOMO DESMEMORIADO) et celui créé par certains membres de CUNCUMEN (LOS ARENOS o ACURRACADITA TE ESTRANDO).

Pour terminer, soulignons une vertu du groupe CUNCUMEN que tous nos artistes folkloriques n'ont pas. Nous faisons référence à leur capacité, à leur faculté de s'adapter naturellement, sans effort visible et en restant en même temps sincères et différents pour chaque cas, à l'esprit de chaque région, de chaque zone de notre pays ; cette capacité de rapport sympathique dont la déjà nommée Margot Loyola est l'exemple remarquable parmi nos artistes.

L'album présenté ici a réparti nos différentes régions artistiques-spirituelles selon leur ordre géographique. Elle va donc du Nord au Sud. Cela le place, en même temps qu'un récital purement musical, dans un bon échantillon pédagogique, anthropologique et d'étude. Nous devons également en remercier le groupe CUNCUMEN.

CÉSAR CECCHI DIAZ

Liste des chansons

01. Caliche [Calatambo Albarracín] (1:26)

Chants à la vierge de Tirana

02. Cantos a la Virgen de La Tirana [Chanson traditionnelle chilienne. Version de Rolando Alarcón] (3:58)
03. Canción del minero [Víctor Jara] (2:03)
04. Al pie de la cruz del valle [Chanson traditionnelle collectée à Elqui. Version de Rolando Alarcón] (2:33)
05. En Santiago está la gloria [Cueca recueillie à Elqui. Version de Rolando Alarcón] (1:26)

Norte Chico

06. Palomo desmemoriado [Polca recueillie à Elqui. Version de Rolando Alarcón] (3:11)
07. Adiós, adiós mundo indino [Canto a lo divino recueilli à Melipilla. Version de Rolando Alarcón] (3:01)
08. Los areneros [Rolando Alarcón] (1:48)

Zone centrale

09. Palomita, verte quiero [Víctor Jara] (3:17)
10. Águila que vas volando [Cueca punteada recueillie à Traiguén. Version de Rolando Alarcón] (1:29)
11. Qué bonita está esa mesa [Parabién de novios recueillie à Chillán. Version  de Rolando Alarcón] (1:54)

Zone sud

12. Padezco grave dolor [Tonada de desengaño recueillie à Ñuble. Version de Rolando Alarcón] (3:08)
13. Acurrucadita te estoy mirando [Víctor Jara] (2:49)
14. Por los canales sureños [Rolando Alarcón] (1:55)
15. Busca tu vida, mozo [Danse de Chiloé recueillie par Arturo Vallega] (1:39)

Zone australe

16. En la punta de un muelle [Cueca chilota. Version de Rolando Alarcón] (1:42)

traduction carolita du site Perrerac.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #Nueva canción, #Chanson du monde, #Chili, #Folklore

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