Pérou - Rejet de la menace du droit à la consultation préalable 

Publié le 3 Juillet 2020

Servindi, 1er juillet 2020 - L'annonce faite par le ministre de l'économie et des finances de financer l'identification des peuples indigènes pour mener à bien des processus "virtuels" de consultation préalable afin d'accélérer la mise en œuvre des projets miniers a été rejetée par la Confédération nationale agraire (CNA).

Les déclarations du ministre "démontrent une fois de plus que pour ce gouvernement, comme pour ses prédécesseurs, la consultation préalable n'est pas un droit humain des peuples indigènes mais une simple procédure administrative."

La ministre María Antonieta Alva a fait cette déclaration le mardi 30 juin, lors d'une conférence de presse du gouvernement péruvien.

La déclaration du ministre était "indigne, suscite une profonde inquiétude et un rejet, car elle brise plusieurs fondements essentiels du droit à la consultation et au consentement préalable, libre et éclairé, inscrit dans la Convention 169 de l'OIT", déclare la CNA.

Cela suggère que pour le gouvernement, la consultation préalable n'est qu'une "barrière bureaucratique" qui exige des solutions rapides et simplifiées pour faciliter les investissements privés.

"Il est particulièrement répréhensible qu'ils essaient de tirer profit de la crise nationale générée par la pandémie de Covid-19", affirme le communiqué de la CNA, une organisation qui fait partie du Pacte d'unité des organisations indigènes du Pérou.

La consultation préalable exige des conditions essentielles telles que le dialogue interculturel dans des conditions d'équité, la bonne foi, l'information en temps utile et la pertinence culturelle à chacune des étapes de ces processus.

Les téléphones portables, les ordinateurs et les plates-formes virtuelles ne peuvent pas le garantir, étant donné que ces ressources sont étrangères à la cosmovision et aux pratiques culturelles de la grande majorité de nos citoyens indigènes.

En outre, ces moyens technologiques "sont indisponibles ou déficients dans les endroits les plus reculés de notre pays, ce qui, dans la pratique, rend tout dialogue efficace impossible.

Ils ont besoin d'un "contact direct pour établir un dialogue interculturel adéquat et fiable avec l'État et les autres acteurs", souligne l'organisation.

Reproche au ministère de la culture

La CNA exprime également son reproche quant à l'attitude complice du ministère de la Culture, en réponse aux déclarations du ministre de l'Economie et des Finances.

Elle souligne que le secteur de la culture est mal géré et a mis en place une commission multisectorielle composée de divers secteurs du pouvoir exécutif et d'organisations indigènes, mais qui ne comprend pas le ministère de la culture, malgré la demande de la partie indigène d'intégrer ce ministère.

La CNA rappelle que le ministère de la Culture n'a pas enregistré tous les peuples et communautés indigènes du pays, et s'est engagé à "reporter et exclure de la base de données des milliers de communautés paysannes et toutes les patrouilles paysannes".

"Cependant, maintenant que c'est dans l'intérêt des entreprises extractives, l'exécutif a décidé d'accélérer cet enregistrement", déclare le CNA.

Elle précise que le pouvoir du ministère de la culture d'"identifier" et de "reconnaître" les peuples indigènes est inconstitutionnel et viole les instruments internationaux.

L'"identification" que l'exécutif cherche à accélérer aujourd'hui "manque de toute légitimité, non seulement en raison du retard avec lequel il a agi en la matière, mais parce qu'elle contredit ouvertement les dispositions de la Convention 169 de l'OIT et de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.

Politiques concernées

Dans le cadre de la pandémie Covid-19, les peuples indigènes requièrent une attention urgente de l'État par le biais de politiques pertinentes et d'investissements suffisants pour garantir notre santé et notre intégrité et pour assurer le développement normal de nos activités économiques traditionnelles.

Elle souligne en particulier l'importance de l'agriculture familiale, "qui s'est avérée vitale pour le Pérou en garantissant notre sécurité et notre souveraineté alimentaires dans le contexte de l'urgence sanitaire dont nous souffrons."

Traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 01/07/2020

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Pérou, #Consultation préalable, #Droit

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