L'Amazonie crie pour la vie !

Publié le 26 Juillet 2020

Servindi, 25 juillet 2020 - Les échos de l'Assemblée mondiale pour l'Amazonie se poursuivent et à cette occasion nous partageons une déclaration qui résume l'impulsion de 540 groupes amazoniens et pro amazoniens et avec le soutien initial de plus de trois mille citoyens qui se sont mobilisés.

Le manifeste appelle à arrêter l'écocide qui progresse vers un "point de non-retour" de la savanisation et de la fracture de l'écosystème en Amazonie et à consolider les droits de la nature "en tant qu'être vivant substantiel à la survie de la planète".

Le document "Cris de l'Amazonie pour la vie" appelle à l'arrêt de l'ethnocide et du génocide des peuples indigènes, des afro-descendants et des Amazoniens en général, qui a été aggravé par la pandémie de COVID-19 et l'omission et l'abandon de l'État dans la Panamazonie.

Il exige une couverture d'urgence des services sociaux, avec des systèmes de santé et d'autosoins basés sur des structures communautaires et étatiques qui combinent les connaissances traditionnelles et la médecine occidentale.

De même, des systèmes d'éducation interculturelle bilingue de qualité, fondés sur le dialogue équitable des connaissances et le respect du patrimoine intellectuel collectif et transgénérationnel des peuples.

Il souligne la nécessité de l'autonomie et de l'autodétermination des peuples indigènes, en particulier des peuples en situation d'isolement et de premier contact, des quilombolas, des caboclos, des siringueros, des riverains, des marrons, des paysans et des peuples amazoniens en général.

Il réaffirme les formes de l'autorité sociale collective, fondée sur la communauté, pour l'exercice collectif de l'autorité publique et du gouvernement territorial, et ainsi pour surmonter les oppressions du centralisme d'État.

En ce qui concerne le territoire, il exige le titre territorial légal des peuples et la reconstitution de leur territorialité intégrale, sans l'imposition de zones protégées par l'État.

Il demande l'arrêt de l'extractivisme et de ses structures de déprédation, d'oppression et de corruption "pour des économies communautaires, avec réciprocité et solidarité, avec et dans la forêt, afin qu'elle reste debout.

Il préconise de forger des "transitions vers le post-extractivisme", de dé-commercialiser la vie et de mettre fin à la dictature écocentrique des entreprises du capitalisme privé et du capitalisme d'État, dans leurs diverses expressions politiques.

Il appelle les citoyens du monde à s'amazoniser, c'est-à-dire à "sceller une alliance permanente et solidaire avec l'Amazonie", à s'informer, à se mobiliser et à agir pour la défense de la vie et des droits des hommes et de la nature.

Il se termine en invitant à participer aux campagnes d'action pour l'unité dans la diversité adoptées lors de la première assemblée, et à celles qui seront promues lors des assemblées suivantes.

Voici la déclaration complète :

L'Amazonie crie pour la vie !

Les cris de l'Amazonie pour la vie

Autoconvoquées et autoconvoqués  face à la destruction de l'Amazonie et de ses peuples, qui produira une catastrophe mondiale, en raison de la profonde interdépendance de tout ce qui existe.  Sous l'impulsion de 540 groupes amazoniens, et avec le soutien initial de plus de 3 098 citoyens, nous appelons à une mobilisation mondiale en faveur de l'Amazonie, pour les objectifs suivants :

  • Arrêter l'écocide qui avance au "point de non retour" de la savanisation et de la fracture de l'écosystème de l'Amazonie et de ses connexions avec l'Orénoque, la Chiquitanía, le Chaco, la Mata Atlántica, le Cerrado et d'autres.  La fin de l'enfer des incendies et des brûlages massifs, du garimpo, du trafic de terres, du morcellement, de la colonisation, pour les intérêts du bétail, du soja, du palmier à huile, de la monoculture, de l'exploitation minière, des hydrocarbures et autres. Mettre fin à la dictature des infrastructures (telles que les autoroutes et les barrages hydroélectriques) et des produits de base conventionnels ou faussement "verts"
  • Consolider les droits de la nature et de l'écosystème amazonien en tant qu'être vivant important pour la survie de la planète.  Avant que cela ne devienne irréversible, il faut arrêter la catastrophe de la vie mondiale, par la destruction de l'Amazonie en tant que cœur du monde, pour ses innombrables bienfaits comme la méga biodiversité, l'oxygène, l'eau douce, la régulation du climat et le refroidissement. 
  • Mettre fin à l'ethnocide et au génocide des peuples indigènes, afro-descendants et amazoneiens en général. Aggravé par la pandémie de Covid19 et l'ethnocide par omission et négligence de l'État dans la Pan Amazonie. Mettre fin aux aberrations du génocide, de la nécropolitique et des "corps jetables", de la part des Etats, notamment le Brésil et ailleurs. Éliminer le racisme structurel, social, technocratique, étatique, ontologique et épistémologique ; la destruction et l'homogénéisation des cultures et le mythe des "races", et ainsi avancer dans la décolonisation du pouvoir, de la connaissance et de l'être. Cesser d'être ce que nous ne sommes pas, ni ne pouvons ni ne voulons être. 
  • Couverture d'urgence des services sociaux, avec des systèmes de santé et d'autosoins basés sur des structures communautaires et étatiques qui combinent les connaissances traditionnelles et la médecine occidentale ; investissements stratégiques et cohérents des autorités publiques dans la santé et l'éducation, avec la participation et le contrôle des peuples amazoniens ; attention intégrale et transfrontalière aux pandémies (actuelles et futures) et aux maladies tropicales. Des systèmes d'éducation bilingues interculturels de qualité, non marginaux, basés sur un dialogue équitable des connaissances et le respect du patrimoine intellectuel collectif et transgénérationnel des peuples.
  • Éradiquer toutes les formes de domination et de violence de genre, que ce soit dans la sphère privée ou publique, en établissant des relations efficaces d'équité entre les sexes et les générations et en surmontant les oppressions historiques du patriarcat. Les femmes amazoniennes sont les protagonistes de la résistance, des formes d'économie locales et cycliques, des nouvelles ouvertures sur le sacré de la vie. La jeunesse amazonienne renforce les processus, avec la rénovation managériale et la créativité dans de multiples dimensions, comme celle de la communication et de l'art.
  • Autonomie et autodétermination des peuples indigènes et de la société, en particulier des peuples en situation d'isolement et de premier contact, des quilombolas, caboclos, siringueros, riverains , marrons, paysans et des peuples amazoniens en général. Formes d'autorité sociale collective, basées sur la communauté, pour l'exercice collectif de l'autorité publique et du gouvernement territorial, afin de surmonter les oppressions du centralisme d'État. Titre territorial légal des peuples et reconstitution de leur territorialité intégrale, sans imposition de zones protégées par l'État. Arrêter l'assassinat des dirigeants, défendre les défenseurs de la vie, sans criminalisation et judiciarisation des droits et des luttes sociales. Institutionnalisme et organisations sociales laïques, avec une spiritualité libre et sans sectes de la peur, de la répression et de la violence psycho-sociale.
  • Mettre fin aux industries extractives et à leurs structures de prédation, d'oppression et de corruption des entreprises et des États, ainsi qu'aux traités ou accords de "libre-échange" qui les renforcent. Pour des économies communautaires, avec réciprocité et solidarité, avec et dans la forêt, afin qu'elle se tienne debout. Forgeons des transitions vers le post-extractivisme et l'utilisation équilibrée de la bonté de la nature. Autosuffisance, souveraineté et sécurité alimentaire. Des énergies renouvelables écologiques, sans centrales hydroélectriques ou nucléaires, qui permettent de surmonter l'addiction aux énergies fossiles et leur destruction éternelle des forêts, des peuples et des cultures. 
  • Décommercialisation de la vie. Mettre fin à la dictature écocentrique des entreprises du capitalisme privé et du capitalisme d'État, dans leurs diverses expressions politiques. La justice climatique avec une réduction nette des émissions sans fausses solutions (géo-ingénierie, marché du carbone et autres).  Action sociale et étatique pour arrêter les mafias, les tueurs à gages et toutes les formes de violence des "économies" illégales dans les domaines de l'exploitation minière, du bois, du trafic de drogue, des plantations et du trafic de terres. 
  • Villes inclusives, égalitaires, accueillantes, écologiques et économiquement durables. Des politiques et les investissements urbains, avec une priorité accordée au droit à un logement décent, à l'accès à l'eau et à l'assainissement de base, et à des relations équitables dans l'échange avec la campagne et la forêt. Que cesse la consommation de produits amazoniens basée sur l'écocide, l'ethnocide et les multiples formes d'oppression - pas une goutte de sang indigène et populaire de plus dans les économies amazoniennes ! Stopper la croissance sans fin sur une planète limitée et les modes de consommation incompatibles avec la préservation de la vie. 

Nous croyons aux processus d'auto-organisation des peuples de la Pan Amazonie et d'Abya Yala, avec la mobilisation des communautés, des villes et des mouvements sociaux.

Nous appelons les citoyens du monde à s'amazoniser : à sceller une alliance permanente et solidaire avec l'Amazonie : informons, mobilisons et agissons pour la défense de la vie et des droits des hommes et de la nature !

Nous appelons à la participation aux campagnes d'action pour l'unité dans la diversité qui suivent, adoptées lors de cette première assemblée, et à celles qui seront promues lors des assemblées suivantes.

Il n'y a plus de temps !

Assez d'anthropocentrisme, d'orgueil suicidaire, de technologie à croissance illimitée, jusqu'à l'explosion mondiale !

L'Amazonie ne nous "appartient" pas, nous vivons ensemble et dépendons d'elle. La pleine vie est l'interdépendance entre tout ce qui existe. 

Amazonie Vivante, Humanité Sûre, Bien-Vivre pour tous et toutes !

19 juillet 2020.

traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 25/07/2020

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Amazonie, #Assemblée mondiale pour l'Amazonie, #PACHAMAMA

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