Chili - Les femmes salariées des secteurs de l'agriculture et de la mer font connaître leur position face à cette pandémie de coronavirus

Publié le 10 Juillet 2020


08/07/2020
 

Nous, les travailleuses de la campagne et de la mer, dénonçons la gestion du gouvernement Piñera concernant la crise sociale et sanitaire provoquée par le COVID-19. Il est possible d'avertir, sans grand effort, que sous la protection de la Constitution néolibérale de 1980, ce gouvernement n'a rien fait d'autre que de privilégier l'économie des grands hommes d'affaires au détriment de la santé et du bien-être de la population.

Notre peuple, acculé par la faim, la mort et l'avidité des entreprises qui obligent les travailleurs à continuer à travailler, se débrouille par l'organisation et la résistance populaires. Notre organisation, face à cette situation, a entamé une réflexion autour des axes suivants :


1. la nécessité de renforcer les droits collectifs : la pandémie nous confronte à la faiblesse du mouvement syndical chilien, et il est donc nécessaire d'aller de l'avant pour l'inverser. Aujourd'hui, nous trouvons de nombreux syndicats, atomisés, de petite taille, avec peu de pouvoir de négociation car la loi leur impose de négocier uniquement au niveau de l'entreprise, sans possibilité d'articulation nationale ou sectorielle. De notre point de vue, les travailleurs doivent promouvoir, dans le contexte constitutif, la consécration du droit à la négociation collective par branche économique, c'est-à-dire que tous les travailleurs d'une même branche économique négocient ensemble, au niveau national, pour assurer l'égalité des salaires et des conditions de santé, d'hygiène et de sécurité, quelle que soit la taille spécifique du syndicat en question. Pour le monde de l'agroalimentaire, c'est la seule façon de s'attaquer aux conditions d'exploitation et d'abus auxquelles nous sommes confrontés au quotidien.


2. Menaces sur la souveraineté politique et alimentaire : la réforme constitutionnelle qui a permis le plébiscite constitutionnel a introduit une disposition dangereuse qui stipule que le contenu de la nouvelle Constitution ne peut pas être en contradiction avec les traités commerciaux internationaux signés par le Chili. Cela nous semble être une menace pour la souveraineté politique car cela limite le champ d'action de ceux qui sont appelés à rédiger un nouveau texte constitutionnel. Pour notre secteur, en particulier, c'est inquiétant car avec cette disposition, nous ne pourrons pas mettre des obstacles au modèle extractif tel qu'il est réglementé dans de nombreux accords de libre-échange. Plus grave encore, si le PPT-11 est approuvé au Congrès, avant que la convention ne soit formée, nous pourrions avoir les mains liées pour consacrer des droits tels que la souveraineté alimentaire ou le droit à l'eau, car ils seraient en violation du traité. Ce qui précède est grave et nous oblige à promouvoir et à intervenir, en tant que travailleurs, en tant que classe organisée, dans le processus constituant, ceci étant la seule garantie pour la Convention constitutionnelle de se déclarer souveraine et pour la première fois depuis longtemps, la souveraineté populaire de passer sur les pouvoirs économiques multinationaux.

3. Réseaux d'approvisionnement solidaire : face à la crise et à la mauvaise gestion du gouvernement pour répondre aux exigences de la faim dans différents secteurs, des exemples historiques d'organisation et de solidarité ont refait surface comme les pots communs et d'autres ont été renforcés, qui visent à construire d'autres systèmes économiques comme les réseaux d'approvisionnement populaires, qui encouragent et promeuvent d'autres formes de relation entre les êtres humains et avec la nature, qui visent une économie de commerce équitable, locale avec un accent sur la souveraineté alimentaire. Nous avons vu comment les paysans et les travailleurs de la mer ont livré de grandes quantités de nourriture à des pots communs dans les centres urbains, preuve supplémentaire que leur travail est essentiel pour assurer notre alimentation.


4. Politique nationale de développement rural (PNDR) : En pleine pandémie, cette politique a été officialisée, promue depuis des mois par le monde de l'entreprise agricole qui cherche à obtenir de plus grandes garanties juridiques (encore plus) pour continuer à dépouiller les territoires ruraux. La sécheresse accentuée dans une grande partie du territoire national et la dévastation du sol, de l'air et de l'eau ainsi que la perte de la faune et de la flore indigènes démontrent que le modèle de développement imposé, celui de l'extraction, ne génère que de la richesse pour la classe dominante et de la pauvreté pour les habitants et pour l'écosystème des territoires exploités. Cette politique promeut le modèle de l'agro-exportation, reléguant l'agriculture paysanne familiale, qui nourrit le pays avec ses productions. La détérioration de l'agriculture familiale paysanne, à son tour, l'oblige à rejoindre le marché du travail agro-industriel formel où l'abus et l'exploitation du travail sont monnaie courante tandis que l'organisation collective des travailleurs est entravée et rendue difficile afin de faire face à cette inégalité.


5. Décret du Service de l'agriculture et de l'élevage (SAG) pour abroger la résolution n° 1523 : profitant de la pandémie et presque déguisé, le gouvernement, par le biais du SAG, entend assouplir les règles concernant la production transgénique dans le pays. Ainsi, sans consultation démocratique avec les acteurs sociaux intéressés ou le Congrès national lui-même, on a annoncé la promulgation d'un décret qui permet la production et la commercialisation de cultures transgéniques sur le marché intérieur, une question qui était jusqu'à présent limitée par la résolution 1523 du SAG. La gravité de cette situation est qu'elle montre le comportement autoritaire de ce gouvernement, qui est promu par les grands consortiums agro-industriels qui, au détriment de la santé et de la qualité de l'alimentation de la population, choisissent de ne pas respecter la convention 169 de l'OIT (qui exige la consultation des communautés) afin de se conformer pleinement aux traités commerciaux internationaux. Cela remet le débat sur la souveraineté politique et alimentaire au centre, car ce n'est qu'à travers lui que nous pouvons avancer vers un modèle agro-écologique qui respecte l'agriculture familiale paysanne et tend à équilibrer la relation entre les êtres humains et la nature. En tant qu'organisation, notre appel est de nous affilier, de nous organiser, de réfléchir et de lutter. Pour faire face au modèle néolibéral, extractiviste et patriarcal, il n'y a pas d'autre voie que l'action collective des femmes travailleuses.

UNION NATIONALE DES TRAVAILLEUSES DE L'AGRICULTURE ET DE LA MER ANAMURI CHILI

traduction deepl relecture carolita

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