Brésil : Le peuple Tenharim
Publié le 10 Juillet 2020

Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état d’Amazonas. Tenharim est le nom sous lequel sont connus 3 groupes indigènes vivant aujourd’hui dans la région du cours moyen du rio Madeira, dans la sud de l’état d’Amazonas et appartenant à un groupe plus large de peuples s’appelant Kagwahiva. Ces peuples partagent la même autodénomination Kagwahiva, parlent une langue appartenant à la famille linguistique tupí-guaraní et sont organisés selon le même système de moitiés exogames portant des noms d’espèces d’oiseaux.
Le nom et la langue
Le nom kagwahiva = notre peuple.
La langue : kagwahiva, branche VI des langues tupí- guaraní.
Actuellement il reste peu de descendants de ces peuples, ce sont :
- Les Tenharim du rio Marmelos ;
- Les Tenharim de l’Igarapé Preto ;
- Les Tenharim du rio Sepoti ;
- Les Parintintin et les Jiahui.
Les Tenharim du rio Marmelos, de l’Igarapé Preto et du rio Sepoti sont tous bilingues. Pour ceux de l’Igarapé Preto et du rio Sepoti leur langue était presque perdue mais elle est en cours de récupération.
Population : 828 personnes (2014)
Localisation et terres indigènes
- T.I Sepoti – 251.349 hectares, 110 personnes, réserve homologuée. Ville : Manicoré.
- T.I Tenharim do Igarapé Preto – 87.413 hectares, 100 personnes, réserve homologuée. Ville : Novo Aripuanã. 3 peuples y vivent : Tenharim (langue tupí guaraní), isolés de l’igarapé Preto, isolés Kaidjuwa.
- T.I Tenharim/Marmelos – 497.521 hectares, 535 personnes, réserve homologuée. Villes : Humaitá , Manicoré.
- T.I Tenharim/Marmelos (Gleba B) – 474.741 hectares, 393 personnes, réserve homologuée. Villes : Humaitá, Manicoré.
Les groupes Tenharim vivent dans la région définie par l’anthropologie comme Madeira/Tapajos, chacun situé dans une zone différente et identifiée géographiquement : le rio Marmelos, le rio Sepoti et l’Igarapé Preto.

Rio Marmelos - Par Tom Fischermann — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=56864649
Le groupe du rio Marmelos et celui de l’igarapé entretiennent une alliance remontant à la période précédent le contact au milieu du XXe siècle.
Le groupe Sepoti est apparu dans les années 1940 lorsque deux femmes du rio Marmelos ont épousé des habitants locaux et sont allés vivre plus bas sur un affluent de cette rivière.
Bien que le système soit patrilinéaire et que les habitants de Sepoti descendent de deux habitants déjà morts, l’identitué qu’ils supposent est celle des Tenharim.

Tenharim du rio Marmelos
Leur village était divisé par la route transamazonienne par laquelle transitent leurs produits issus de l’extraction ou de la culture (noix du Brésil, copaiba, farine de manioc)et c’est l’entrée des produits manufacturés comme le sel, l’huile, le savon.
Dans les années 1970 il y a une grave dépopulation due au transfert vers les bords de cette route et la mort de nombreuses personnes de maladies comme la grippe ou le paludisme.
En 1994 la population était de 301 personnes, 58% ont moins de 15 ans.
Tenharim de l’Igarapé Preto

T.I Igarapé Preto - By Ibama from Brasil - Terra Indígena Tenharim do Igarapé Preto, Amazonas, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=74323656
La région où ils vivent est l’intermédiaire entre la forêt de montagne et le cerrado. En 1997 il y avait 43 personnes vivant de la chasse, de la pêche, de la récolte de noix du Brésil, de la production de farine vendue sur le marché. A partir des années 1940 ils vivaient dispersés dans la région expoloitant le caoutchouc après être entrés dans le système de l’avamiento sous le commandant de plusieurs patrons. Dans les années 1960 la zone est envahie par des mineurs à la recherche de cassitérite découverte dans le Rondônia et le sud de l’Amazonie vers 1953.
La route BR-364 (Cuiabá/Porto Velho) et la route BR-230 (Transamazonienne) laissent la région occupée par des mineurs effectuant l’extraction à la main. Les Tenharim ne peuvent plus ni chasser ni pêcher, partout se trouvent des mineurs.
Tenharim du rio Sepoti
Il y a 65 personnes en 1998, la majorité de jeunes. La zone est divisée en 2 glèbes, ma glèbe Estirão Grande où se trouve le village actuel et la glèbe Sepoti où ils exercent les activités productives et construisent le nouveau village. Ils ne sont pas différentes des Tenharim des rio Marmelos et Igarapé Preto seulement ils sont plus impliqués économiquement dans le système commercial avec les regatões, ces marchands ambulants fluviaux qui naviguent sur le rio Marmelos et ils échangent leurs produits naturels contre des produits industriels.

Organisation sociale
Ils sont organisés en un système complexe de moitiés exogames portant des noms d’oiseaux. Ces moitiés sont : Mutum-Nanguera, le mutum, oiseau crax blumenbachii est associé au nanguera qui n’est pas un oiseau (selon eux cela signifie quelque chose du passé). La deuxième moitié est Kwandu-Tarave : kwandu est l’épervier, associé au tarave qui est le maracana, ara d’illinger.
Chaque individu appartient à la moitié du père car le système est paytrilinéaire. Comme ils sont exogames, ils ne peuvent épouser qu’une personne de l’autre moitié. La société Tenharim est donc divisée en deux grands groupes qui se marient entre eux.
La règle de résidence est patrilocale.
Univers symbolique

Le village de rio Marmelos est une référence pour tous les groupes Tenharim. C’est le siège de leurs fêtes traditionnelles rassemblant la plupart des groupes Kagwahiva.
Le festival principal est le Mboatawa qui a lieu entre juillet et août et qui est en relation étroite avec le groupe domestique.
Un individu assure l’organisation de la fête et convoque les meilleurs chasseurs et pêcheurs pour partir en expédition. Pendant leur départ les groupes domestiques restés au village préparent de grande quantité de farine de manioc, des bananes vertes sont cueillies et placées près des maisons pour mûrir, ils récupèrent des produits donnés par la Funai et les entreposent.
Des expéditions partent récolter des noix du Brésil pour préparer le plat principal de la fête qui est un plat de viande de tapir cuit dans du lait de châtaigne (noix).
Quand au loin les chasseurs et pêcheurs sont entrevus, les hommes qui sont restés au village, déjà peints avec les peintures ornementales les saluent en criant. L’organisateur de la fête chante, joue de la flûte en se promenant devant les maisons.
Le gibier est cuit et distribué, le poisson et la farine de manioc sont distribués également.
Les noix du Brésil sont broyées et portées à ébullition avec la viande de tapir puis ce plat est servi avec la farine de manioc sous forme de purée.
Les hommes commencent à danser sur le terrain du groupe d’appartenance de l’organisateur de la fête. Ils sont ornés de coiffes et portent des jupes, leurs longues flûtes en bambou et tapent du pied sur le sol, dansant en rond pointant leurs Yveru (les longues flûtes en bambou) vers le centre ou se trouve le cercle de danseuses les femmes rejoignent ensuite les bras de leurs maris respectifs et sont intégrées dans la danse.
Activités économiques
Au début de la saison sèche en juin dans le sud de l’Amazonie, c’est l’ouverture des champs et le début des semis. Dans le rio Marmelos, les familles quittent le village pour vivre temporairement dans leurs chacras préparant le travail du sol. Certains vivent en permanence dans les chacras et maintiennent des maisons temporaires au village.
Dans les chacras on constate l’introduction de nouvelles plantes comme les pastèques et du bétail. La farine de manioc même si valeur marchande est faible reste la production prioritaire.
Dans l’igarapé Preto, le surplus de farine est échangé contre des produits industriels dans le village-même. La troc est effectué par des commerçants venus de la ville à la demande de la population mais en général, ils surévaluent les produits manufacturés et sous-évaluent les produits des Tenharim. En plus de la farine de manioc, ils sont intéressés par l’huile de noix et la copaiba.
Sur le rio Sepoti, le commerce se fait avec les regatões qui arrivent au village avec des barques chargées de produits industriels pour le troc.
En plus de l’agriculture les Tenharim chassent, pêchent et récoltent.
Certains groupes produisent beaucoup d’artisanat, arcs, flèches, coiffes, colliers, bracelets, bagues qui sont vendus à Porto Velho ou par d’autres biais.

Source : pib.socioambiental.org