Brésil : Le peuple Galibi d'Oiapoque
Publié le 5 Juillet 2020

Foto: Vincent Carelli, 1982
Bien qu’ils viennent de Mana en Guyane française, les indigènes Galibi se considèrent comme brésiliens. C’est la nationalité qu’ils ont embrassée et dont ils disent qu’ils ne voudront pas en quitter les terres qu’ils occupent à Oiapoque. Entre les années 1950 et 1960 les autorités françaises ont tenté à plusieurs reprises de les convaincre de rentrer en Guyane mais ils n’ont jamais accepté la proposition. L’histoire migratoire de ce groupe au Brésil se produit après des malentendus avec des parents dans leur village d’origine et implique une saga particulière. Ils ont été bien reçus à leur arrivée par les autorités brésiliennes et ont toujours bénéficié d’un soutien de la part des responsables du SPI et d’anthropologues.
Population : 88 personnes (2014)
Langue : galibi ou ka’lina de la famille des langues karib. Elle est bien conservée ce qui leur donne de la fierté mais malgré tout les enfants apprennent le portugais à l’école et ne parlent pas leur langue maternelle. Le patuá est également parlé, c’est une langue créole qui est utilisée au contact avec les autres groupes ethniques de la région.
Localisation
Le seul village existant est São José dos Galibi installée en 1959 quand le groupe est arrivé de St Georges. Ce village est situé sur un tronçon de continent entouré de champs familiaux et de selva.
- T.I Galibi – 6689 hectares, 151 personnes, réserve homologuée dans l’état de l’Amapá. Ville : Oiapoque. 2 peuples y vivent : Galibi d'Oiapoque (langue karib) et Karipuna de l’Amapá (langue créole).
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Galibis de l'Oiapoque - Histoire - coco Magnanville
Sr. Geraldo Lod fiando um cesto. Foto: Lux Vidal, 2000 Migration vers l'Oiapoque Les Galibi de l'Oiapoque viennent des villages de Couachi et de Grand Village sur la rivière Mana, en Guyane ...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2020/07/galibis-de-l-oiapoque-histoire.html
Religion
Le catholicisme de la ligne traditionnelle avec présence encore vive du chamanisme existait jusque dans les années 1960. Les chamans galibis étaient connus et reconnus par les peuples indigènes de la région. Actuellement il n’y a plus de chamans mais les Galibis gardent préservées les croyances traditionnelles. Il y avait un rituel d’initiation, des séances de guérison et des contacts avec les esprits.
La plus grande fête célébrée de nos jours a lieu le dernier jour de l’année lorsque ceux qui vivent en dehors du village se joignent aux Galibi pour célébrer, danser, manger et boire du caxixi.
En août a lieu la fête de Santa María (c’est la plus grande fête de Mana en Guyane) et la fête de San José le patron du village.
Artisanat
Le doyen du groupe Geraldo Lod qui était un grand chaman et sa mère qui était tisserande et céramiste sont décédés depuis longtemps et la femme de Lod était la seule personne a encore maîtriser le tissage des filets de coton typique des galibis. L’artisanat à vendre n’a jamais été accepté par ce groupe. Ils continuent de produire des objets utilitaires pour la subsistance, tamis, tipits (égouttoir à manioc), paniers, appareil pour remuer le beiju (pain avec de la farine de manioc), filets de coton (image)
Les récipients peints et les râpes à manioc sont obtenus des Karipuna du rio curipi.
Activités de subsistance

Préparation des galettes de manioc- Foto: Lux Vidal, 2000
La principale activité de subsistance est l’agriculture. Chaque famille a son abattis (champ de culture) et cette parcelle se transmet de parent à enfant. Dans le village galibi il y a 5 champs plantés proches des habitations. Les plantations sont le manioc doux, le cará (un tubercule, dioscorea alata), des pommes de terre, du manioc amer, des bananes, des ananas, du maïs, des tomates, des fruits de la passion. De nombreux arbres fruitiers se trouvent à proximité de chaque maison dont les cocotiers, les avocatiers, les orangers, (poutaria bullata), les anacardiers, les manguiers.
Poutaria bullata
Chasse et pêche
Il n’y a plus que deux hommes qui pratiquent encore la chasse ce qui limite la consommation de ce type de produit. Le poisson est à présent acheté à des pêcheurs quand les anciens de la communauté touchent leur pension de retraite.
Deux spécialités galibi sont à noter :
Les galettes de manioc
C’est un pain indigène fait avec du manioc râpé (mais non avec de la farine de manioc), pour faire un type grossier de beiju. Les galettes peuvent être stockées dans un endroit sec et se conservent pendant une longue période.
Le 2e produit est le caxixi, la boisson fermentée à base de manioc. C’est une boisson de couleur rosée, cette couleur étant obtenue par l’ajout d’une petite pomme de terre rouge spécifique pour sa préparation.
Rites de passage
Traditionnellement, en plus du mariage, les rites de passage les plus importantes étaient pour les femmes la réclusion lors des premières règles. Cette période était mise à profit pour former la jeune femme à ses devoirs de future femme et aux règles de conduite à tenir au moment de ces cycles comme par exemple le fait de savoir que le sang menstruel peut attirer les esprits aquatiques qui sont monstrueux. Aussi à ces périodes-là les femmes sont interdites de se rendre dans les rivières, dans les champs et de préparer le caxixi.
Les jeunes qui devaient devenir chamanes devaient subir aussi des longues périodes d’isolement.
Rites de deuil
Les deuils étaient des occasions de rassembler de nombreuses personnes de différents groupes locaux et d’envoyer les esprits des morts au ciel.
Aujourd’hui les rites de passage sont différents mais les croyances anciennes ont toujours leur signification et les valeurs sont préservées.
Les enfants sont à présent baptisés, ils préparent leur première communion, vont à l’école, se présentent parfois aux concours publics ou se préparent à la vie professionnelle (aux activités de subsistance traditionnelles, aux tâches rémunérées ou à la préparation politique , toutes ces tâches au sein de la communauté).
Source : pib.socioambiental.org