OIT : 55 millions d'autochtones touchés par la grande vulnérabilité au COVID-19

Publié le 5 Juin 2020

Des mesures urgentes sont nécessaires pour faire face aux conséquences de la pandémie parmi les peuples indigènes, qui sont touchés de manière disproportionnée par la pauvreté et le travail informel. Une analyse de l'OIT souligne la nécessité de faire face à l'urgence sanitaire ainsi qu'à des "siècles de marginalisation".

Servindi, 4 juin 2020 - Une analyse de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) avertit que 55 millions de femmes et d'hommes indigènes vivant en Amérique latine et dans les Caraïbes sont très vulnérables à la COVID-19 en raison de facteurs qui se prolongent depuis avant la crise actuelle.

Le rapport publié le mercredi 3 juin appelle à répondre à l'urgence sanitaire ainsi qu'à réduire "une marginalisation centenaire".

"Une série de vulnérabilités socio-économiques, sanitaires et environnementales différentes dans le contexte de COVID-19 exposent les peuples indigènes et tribaux aux effets particulièrement graves de la crise actuelle", a noté l'OIT.

Vinícius Pinheiro, directeur de l'OIT pour l'Amérique latine et les Caraïbes, a souligné que "le côté le plus néfaste de cette pandémie est celui de l'inégalité, car la maladie et ses conséquences sociales et économiques touchent davantage ceux qui en ont moins, comme les peuples indigènes et tribaux".

Les populations indigènes ne bénéficient souvent pas de protection sociale et ont un accès limité à tout type de soins de santé, explique M. Pinheiro.

La pandémie touche 476 millions d'autochtones dans le monde, dont 11,5 % vivent en Amérique latine et dans les Caraïbes.

"En plus de vivre dans des conditions précaires, une grande majorité des femmes et des hommes indigènes de la région travaillent dans des conditions informelles dans les secteurs les plus touchés par la crise, ce qui se traduit par la perte de leurs moyens de subsistance", a ajouté M. Pinheiro.

En Amérique latine et aux Caraïbes, le taux de travail informel parmi les travailleurs indigènes est de 82%, soit près de 30 points de pourcentage par rapport à 54% pour l'ensemble de la population, selon un rapport publié au début de l'année à l'occasion du 30e anniversaire de la Convention (n° 169) de l'OIT relative aux peuples indigènes et tribaux, 1989.

Le même rapport note que les peuples indigènes et tribaux constituent 8,5 % de la population, mais 30 % de ceux qui vivent dans l'extrême pauvreté.

Trente et un pour cent de la population active indigène de la région n'a reçu aucune éducation, contre 12,8 % des non-indigènes, et moins de 30 % ont reçu une éducation intermédiaire et supérieure, contre plus de 48 % des non-indigènes.

L'OIT souligne que la situation sociale et économique produite par le COVID-19 a généré des situations telles que la "migration inverse" de personnes retournant dans leurs communautés en raison du manque de moyens de subsistance, ce qui, ajouté à d'autres mouvements de personnes dans les zones rurales, augmente les risques de contagion.

Il est également important de faire des efforts pour assurer la protection des populations autochtones vivant dans l'isolement volontaire ou le premier contact.

Le document indique que "plusieurs pays ont adopté des mesures spécifiques pour prévenir la propagation de COVID-19 vers et au sein des communautés indigènes", mais selon l'OIT, il sera nécessaire de redoubler d'efforts en raison de la rapidité de la contagion et de la gravité de ses effets économiques.

En termes d'impact sur l'emploi, l'analyse rappelle que dans le monde entier, des dizaines de millions de femmes et d'hommes indigènes ont également travaillé dans des secteurs particulièrement touchés par la crise provoquée par le COVID-19, des services, y compris le travail domestique, l'hôtellerie et le tourisme, au commerce, aux transports, à l'industrie manufacturière et à la construction.

Comme les pertes de revenus touchent les travailleurs en général, les conséquences sont particulièrement graves pour les femmes et les hommes indigènes, car ils sont plus susceptibles d'être employés dans des conditions informelles.

L'OIT met en garde contre les "effets en cascade des effondrements économiques, avec des signes alarmants de perte de revenus, d'insécurité alimentaire et d'aggravation des effets sur les femmes indigènes".

"Avec la réduction de la demande et de la capacité à fournir leur travail, leurs biens et leurs services en raison des fermetures, des perturbations de la chaîne d'approvisionnement et de la crise économique générale, la capacité des peuples indigènes à acheter des produits de base, y compris des denrées alimentaires, diminue et le spectre de la famine plane pour de nombreux hommes et femmes indigènes". 


Les recommandations d'action faites par l'OIT soulignent principalement les besoins urgents de protection contre la pandémie, y compris la prévention, l'information dans les langues maternelles ou les soins de santé d'urgence.

De même, d'autres mesures soutenues de soutien et de protection des travailleurs, des employeurs et des communautés indigènes pour faire face à la crise qui affectera les marchés du travail dans un avenir proche.

Elle souligne également l'importance de renforcer les institutions qui s'occupent des carences des peuples indigènes dans le monde.

"La crise provoquée par le COVID-19 a mis en évidence ces lacunes, car les gouvernements sont souvent incapables de répondre de manière adéquate aux besoins de protection des communautés indigènes, avec leur participation pleine et effective", ajoute le document.

traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 04/06/2020

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