Mexique - AMLO a coupé le ruban festif pour une nouvelle illégalité en temps de pandémie : Múuch' Xíinbal
Publié le 3 Juin 2020
Rédaction Desinformémonos
1er juin 2020
Mexico | Desinformémonos. Ce lundi, le président Andrés Manuel López Obrador (AMLO) a donné le "banderazo/fzu vert" aux travaux du méga-projet du train maya dans la péninsule du Yucatán, malgré l'opposition des communautés indigènes et le feu rouge dû à l'urgence sanitaire face à la pandémie de coronavirus.
Dans une lettre adressée à AMLO, l'Assemblée des Défenseurs du Territoire Maya Múuch' Xíinbal a critiqué le fait que le président se soit rendu dans la Péninsule pour "couper le ruban festif d'une nouvelle illégalité en temps de pandémie, de mort et de deuil", car le méga-projet n'avait pas l'approbation des communautés mayas qui seront affectées par sa construction et son fonctionnement sur leurs territoires.
"Vous serez marqué dans l'histoire comme le président du train qui a assassiné le peuple maya, qui a trompé son peuple avec des discours et dans la pratique, en imposant des projets d'extraction qui ne font qu'enrichir le grand capital et ne répondent pas aux besoins réels de ce digne peuple", a déclaré Múuch' Xíinbal.
Face à la menace que représente le train maya et le début des travaux avec la pandémie encore latente, l'Assemblée a assuré dans la missive qu'elle poursuivra la défense du territoire et de la culture maya avec les moyens à sa portée, parmi lesquels la lutte juridique dans les instances nationales et internationales.
Vous trouverez ci-dessous la lettre complète :
M. Andrés Manuel López Obrador
Président constitutionnel des États-Unis mexicains.
Monsieur le Président Lopez,
Vous visitez à nouveau le Yucatán, avec l'alerte au rouge, où le racisme et la discrimination sont toujours omniprésents et où l'argent et l'hypocrisie font toujours la loi.
Vous arrivez sur une terre où le respect de nos droits collectifs, comme c'est le cas dans tout le territoire indigène mexicain, est ignoré et piétiné en toute impunité présidentielle et sans retenue. Et vous, M. López, vous venez couper le ruban inaugural d'un autre exemple flagrant.
Vous arrivez sur une terre, M. Lopez, où brûle la mémoire de notre frère Samir Flores Soberanes, assassiné l'année dernière devant sa maison à Amilcingo, Morelos. Paysan, forgeron et journaliste communautaire de Nahua, il a été tué pour que se taise sa voix contre le Projet Intégral Morelos, juste après que vous, M. López, ayez apporté votre soutien à sa mise en œuvre. Samir a été tué quelques jours avant que vous, M. López, ne simuliez une "consultation", qui n'était ni libre ni informée, ni respectueuse de la culture et des droits collectifs des Nahua.
Samir est l'un des dix membres du Congrès National Indigène (CNI) qui ont été tués pendant votre présidence, M. López, pour avoir défendu leurs terres, leur identité, leur dignité et leurs droits collectifs. Nous nous souvenons d'eux ici :
- 17 janvier 2019, Tuxtla Gutiérrez, Chiapas. Indigènes Choles Noé Jiménez Pablo et Santiago Gómez Álvarez, respectivement dirigeant et militant du Mouvement paysan indépendant régional, une organisation membre de la Coordination nationale Plan de Ayala Mouvement National (MOCRI-CNPA MM). Kidnappés, torturés et assassinés.
- 20 février 2019, Amilcingo, Morelos. Indigène Nahua Samir Flores Soberanes, leader de la communauté, l'un des principaux opposants au Projet Intégral Morelos et délégué au Congrès National Indigène. Tué par arme à feu devant son domicile.
- 12 avril 2019, San Luis Acatlán, Guerrero, indigène Me'phaa Julián Cortés Flores, coordinateur de la Maison de la justice de San Luis Acatlán.
- 4 mai 2019, Tuxtla Gutiérrez, Chiapas. IndigèneTsotsil Ignacio Pérez Girón, syndic indigène de la municipalité d'Aldama, militant qui a dénoncé les attaques paramilitaires contre sa communauté. Il a été kidnappé, torturé et assassiné.
- 4 mai 2019, Chilapa de Álvarez, Guerrero. Indigènes Nahuas José Lucio Bartolo Faustino et Modesto Verales Sebastián, conseiller et délégué, respectivement au Conseil Indigène de Gouvernement et au Congrès National Indigène. Tous deux membres du Conseil indigène et populaire du Guerrero Emiliano Zapata (Cipo EZ). Ils ont été pris en embuscade et tués alors qu'ils rentraient dans leurs communautés après avoir tenu une réunion à Chilpancingo.
- 23 mai 2019, Chilapa de Álvarez, Guerrero. Indigènes Nahuas Bartolo Hilario Morales, de la communauté de Tula, et Isaías Xanteco Ahuejote, de la communauté de Xicotlán. Le premier était le commandant de la coordination régionale des autorités communautaires - police communautaire des peuples fondateurs et le second était un membre actif de la même organisation. Tous deux ont été les promoteurs du Conseil indigène et populaire Emiliano Zapata du Guerrero (Cipo EZ). Ils ont été kidnappés et leurs corps ont été retrouvés démembrés.
- 31 mai 2019, Zacualpan, Comala, Colima. Jeune homme Nahua tué par des hommes armés qui se sont introduits dans la communauté.
- Telcruz, Ayotitlan, Jalisco. Indigènes Nahuas Juan Monroy et Jose Luis Rosales. Poursuivis par des hommes armés et abattus.
- Santa María Ostula, Michoacán. Iindigène Nahua Feliciano Corona Cirino, membre de la communauté et membres de la garde communale qui ont récupéré des terres dans la communauté de Santa María Ostula qui étaient aux mains de trafiquants de drogue et de "petits propriétaires".
Monsieur López, vous venez au Yucatán, la terre où les mauvais gouvernements (des trois niveaux) se mettent sans décence ni modestie au service de méga-projets à l'âme pourrie, semant la discorde et le conflit social dans nos communautés. Vous arrivez, M. López, dans le Yucatán où l'illégalité, la dépossession et les crimes contre l'identité et la biodiversité indigènes sont incontrôlés.
C'est pourquoi vous venez à Maxcanú, M. López : pour couper le ruban festif d'une nouvelle illégalité en temps de pandémie, de mort et de deuil. Même les moqueries nous ne vous les pardonnons pas, M. López.
Vous arrivez au Yucatán, Monsieur le Président, avec votre queue de coyotes, de vautours et de tueurs à gages, que vous ne pouvez pas voir parce que la queue, c'est déjà vous.
"Mais nous nous battons et nous nous battrons avec dignité, avec tous nos efforts et tout ce qui est en notre pouvoir, pour mettre fin à ce nouvel écocide et à ce mayacide."
Nous allons peut-être mourir dans la bataille présidentielle, mais vous serez marqué dans l'histoire comme le président du train qui a assassiné le peuple maya, qui a trompé son peuple par des discours et dans la pratique, en imposant des projets d'extraction qui ne font qu'enrichir le grand capital et ne répondent pas aux besoins réels de ce peuple digne. Vous, Monsieur le Président, avez dit que "ensemble, nous ferons l'histoire" mais vous serez jugé par cette histoire, et elle sera de notre côté parce que nous avons raison et que vous avez trahi.
Aucune autre particularité.
Assemblée des défenseurs du territoire Maya Múuch' Xíinbal
*(Information tirée de La "guerre" contre le Congrès national indigène, Zósimo Camacho, contralinea.com)
traduction carolita d'un article paru sur Desinformémonos le 1er juin 2020
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