Guatemala : assassinat d'un garde forestier de Laguna Lachuá
Publié le 14 Juin 2020
par Rodrigo Soberanes le 12 juin 2020
- En Amérique centrale, la violence contre les défenseurs de l'environnement et du territoire continue d'augmenter, surtout dans le nord du pays, où les gardes forestiers sont confrontés à des tâches impossibles.
Alberto Cucul Choc, qui était garde forestier dans le parc national de Laguna Lachuá depuis 13 ans, a été assassiné le 8 juin. Ce crime exacerbe le climat de violence contre les défenseurs de l'environnement et du territoire au Guatemala, où les attaques contre eux se sont multipliées ces dernières années.
Le parc national Laguna Lachuá est situé dans le département d'Alta Verapaz, au nord du Guatemala, où les gens vivent sous la pression de l'avancée des cultures de palmiers africains, de l'exploitation illégale des bois fins, de la chasse d'espèces protégées et de la croissance des territoires agricoles, selon une personne qui a travaillé avec Alberto Cucul, consulté par Mongabay Latam et qui, pour des raisons de sécurité, a demandé que son nom ne soit pas publié.
Alberto Cucul a été tué alors qu'il se déplaçait à moto sur un chemin de terre qui mène à l'endroit où il faisait son travail. Les pompiers de la région, cités dans la presse locale, ont rapporté que le garde forestier a été abattu.
Des attaques de plus en plus récurrentes
La Fondation Laguna Lachuá, dans un message posté sur ses réseaux sociaux, a rapporté qu'un compagnon d'Alberto Cucul l'a trouvé blessé dans un endroit du parc. "Ils m'ont déjà eu, dis à ma femme de donner une bonne éducation à mon fils", lui aurait dit Alberto avant de mourir.
L'Association des étudiants universitaires s'est exprimée sur les réseaux sociaux au sujet du crime d'Alberto Cucul : "Les gardes forestiers (comme on les appelle au Guatemala) et d'autres institutions continuent d'être menacés, attaqués et même tués parce qu'ils font leur travail, transformant ainsi leur travail en un domaine à risque en raison de l'insécurité et de la violence qui se perpétue à l'égard de ceux qui se consacrent à la surveillance des zones protégées".
Alberto Cucul avait 46 ans et vivait dans le village Pie del Cerro, dans la municipalité de Cobán, dans l'Alta Verapaz.
Le rapport de Global Witness, Ennemis de l'Etat, publié en juillet 2019, a documenté que 16 personnes défendant l'environnement et le territoire ont été tuées au Guatemala en 2018. Ce chiffre représente une forte augmentation par rapport à 2017, année où trois défenseurs ont été tués.
Le 23 mars 2020, la Plateforme pour la défense de la terre et du territoire du Guatemala, composée de sept organisations, a organisé une mobilisation dans le zocalo de la ville de Guatemala pour exiger que le gouvernement prenne des mesures pour protéger les défenseurs de l'environnement.
Selon la Plateforme, il y a une escalade de la violence au Guatemala qui poursuit la tendance révélée par l'étude de Global Witness, puisque 30 meurtres et 290 cas de criminalisation contre des personnes qui défendent l'environnement et le territoire ont été documentés entre 2018 et 2019.
Un parc national sous pression
Le directeur régional du Conseil national des zones protégées (CONAP) dans la région de Las Verapaces, Pablo César Valdez Aguilar, a déclaré à Mongabay Latam que dans le parc "il y a beaucoup de pression" provenant de différents facteurs, tels que le pillage illégal des ressources naturelles et les "problèmes sociaux" qui provoquent des invasions.
L'Institut national des forêts (INAB) estime que 18 % de la surface du parc est envahie par des établissements humains.
Le gouvernement guatémaltèque et la CONAP ont publié un communiqué dans lequel, en plus d'exprimer leur répudiation de l'assassinat d'Alberto Cucul, ils soulignent que la protection de l'environnement est "une tâche de plus en plus risquée en raison des niveaux élevés de violence et d'insécurité auxquels on est exposé.
"Le Conseil national des zones protégées est en deuil. Une fois de plus, notre personnel a été victime de la violence qui sévit dans le pays", a déclaré l'agence, qui a également appelé les autorités judiciaires du Guatemala à faire la lumière sur ce meurtre et à assurer la protection des défenseurs de l'environnement.
Le parc national Laguna Lachuá a été créé en 1996 avec une extension de 14 600 hectares de forêt dans le département d'Alta Verapaz. Au Guatemala, on l'appelle "le miroir du ciel" en raison de la quantité d'eau qu'il contient. C'est l'un des principaux poumons qui restent dans le pays. Il est également certifié comme site Ramsar.
"C'est un miroir d'eau qui doit être conservé", a déclaré Pablo Valdez, qui est chargé de surveiller et de contrôler cinq zones naturelles protégées par l'État guatémaltèque, ainsi que d'autres appartenant à des personnes qui consacrent leurs terres à la conservation de l'environnement.
L'écorégion de Lachuá abrite 120 espèces de mammifères, ce qui représente près de 50 % du total du Guatemala. En outre, il existe 177 espèces d'oiseaux et 36 espèces de poissons.
Le plan directeur du parc contient plusieurs rapports sur les situations qui menacent le lieu, comme les revendications territoriales (lors de la création du parc, plusieurs communautés ont été relocalisées), l'avancée de la frontière agricole sur la zone protégée, et d'autres "conflits et menaces".
Parmi ces conflits et menaces, on note, par exemple, que les deux routes qui traversent les limites du parc sont des points chauds rouges d'extraction "potentielle" de ressources forestières, en particulier du bois, bien qu'il y ait aussi du pillage d'autres espèces de la flore et de la faune.
Le bureau du médiateur guatémaltèque pour les droits de l'homme a indiqué mardi qu'il ouvrira un dossier "pour donner suite aux actions entreprises par le ministère public (MP) et la police nationale civile (PNC) concernant le meurtre de M. Alberto Cucul Choc.
Les gardes forestiers : un risque constant
La source proche d'Alberto Cucul a déclaré que dans la région de Lachuá, les attaques contre les gardiens des parcs et les personnes qui se consacrent à la défense de l'environnement sont courantes.
L'étude du Fonds mondial pour la nature (WWF), Life on the Front Line, publiée en novembre 2019, souligne qu'en Amérique latine, 81 % des gardes forestiers de la région estiment que leur travail est dangereux.
En revanche, 84,2 % des gardes de parc interrogés dans le cadre de cette étude ont déclaré que lorsqu'ils effectuent des patrouilles, ils le font sans arme à feu.
Life on Front Line a également révélé que 67% des gardes ont des enfants, comme Alberto, et que 97,3% font leur travail sans compagnie.
Au Guatemala, la violence contre les défenseurs de l'environnement et du territoire n'est pas seulement présente dans la zone du parc national de Laguna Lachuá, où Alberto Cucul a été assassiné.
Cette situation est également présente dans d'autres départements, comme El Petén. Pablo Valdés mentionne qu'au début du mois de juin, 30 personnes de diverses institutions - dont la CONAP - qui se déplaçaient dans la réserve de la biosphère Maya pour effectuer un travail de surveillance, ont été détenues par des individus armés.
Leurs véhicules ont été brûlés et bien que toutes les victimes privées de leur liberté aient survécu, elles ont été menacées. Selon Pablo Valdez, ces incidents sont présents tous les jours.
"Il est temps de demander aux autorités des garanties de fonctionnement. Les conditions actuelles ne nous permettent pas de faire notre travail", a déclaré Pablo Valdez, de la CONAP, qui a perdu avec le meurtre d'Alberto Cucul un des membres de son équipe, qui effectuait une tâche fondamentale sur le terrain pour la conservation du parc national de Laguna Lachuá.
traduction carolita d'un article paru sur Mongabay latam le 12 juin 2020
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Guatemala: asesinan a balazos a guardaparque de Laguna Lachuá
Alberto Cucul Choc, quien desde hace 13 años era guardaparque en el Parque Nacional Laguna Lachuá, fue asesinado el pasado 8 de junio. Este crimen agudiza el clima de violencia contra los defensores
https://es.mongabay.com/2020/06/guatemala-asesinan-a-balazos-a-guardaparque-de-laguna-lachua/