Brésil - Semence après semence, les femmes du Xingu reboisent ce que l'homme blanc a déboisé
Publié le 19 Juin 2020
par JoAnna Haugen le 18 juin 2020 | Traduit par Eloise de Vylder
- Le mouvement des femmes Yarang du peuple Ikpeng a collecté plus de 3 tonnes de graines indigènes au cours de la dernière décennie.
- Les semences indigènes sont vendues aux propriétaires terriens et aux organisations pour aider à reboiser les zones qui ont été dégradées. Un million d'arbres ont déjà poussé dans le bassin du Xingu grâce à leurs efforts.
- Le mouvement fait partie du réseau de semences du Xingu, responsable de la reforestation de près de 6 000 hectares dans le bassin du Xingu.
- Les changements imprévisibles des conditions météorologiques ont rendu le processus de collecte des semences plus difficile ces dernières années.
Chaque matin, les femmes des villages de Moygu et Arayó, dans le Moyen Xingu, quittent la maison avec des paniers, des sacs et des machettes. Transportant de l'eau, elles rassemblent les enfants et commencent à marcher dans la forêt pour une autre journée de collecte de semences locales. Sous les arbres, leurs doigts brassent la terre, balayant les feuilles tombées pour révéler des graines de murici-da-mata, jatobá, leiteiro, carvoeiro, cafezinho-do-pasto, mamoninha, lobeira et autres espèces locales.
Lorsque les paniers et les sacs sont pleins, le groupe se dirige vers la maison des semences du mouvement des femmes Yarang, installée entre les deux villages, en plein centre du parc indigène Xingu. Là, les femmes utilisent un tamis pour sélectionner les graines, qui sont ensuite mises à sécher puis stockées, en attendant une commande. Six heures après avoir quitté leur village, elles rentrent chez elles.
Depuis plus de dix ans, les 65 membres du Mouvement des femmes Yarang du peuple Ikpeng du Mato Grosso ont méticuleusement fouillé la forêt autour de leurs villages à la recherche de graines indigènes. Le nom du groupe, yarang, signifie fourmi coupeuse (ou saúva) dans la langue locale. "Nous travaillons comme les fourmis coupeuses, qui travaillent ensemble, comme des graines, vont dans la forêt, ramassent. Elles travaillent avec les semences, toujours en groupe", explique Koré Ikpeng, l'une des récolteuses.
Les femmes Yarang vendent les graines à des pépinières, des propriétaires terriens et des organisations pour reboiser les zones dégradées en amont du rio Xingu. "Les Blancs, responsables de la déforestation, n'ont nulle part ailleurs où collecter des semences. Ils utilisent donc nos semences pour refaire leur forêt", dit Koré.
Le Mouvement des femmes Yarang a déjà collecté 3,2 tonnes de semences dans le cadre de l'Association du réseau de semences de Xingu, un réseau de développement communautaire qui, depuis 2007, gère et vend les semences collectées par 568 membres de 15 groupes indigènes.
Environ 1 million d'arbres (environ 300 hectares) ont été replantés grâce aux graines collectées par le mouvement des femmes Yarang. En comptant tous les groupes, le réseau de semences de Xingu a déjà collecté plus de 200 tonnes de semences de 220 espèces indigènes, ce qui a permis de reboiser près de 6 000 hectares.
En raison de la pandémie de covid-19, le réseau de semences du Xingu a interrompu ses activités sur le terrain afin que les populations indigènes puissent rester dans leurs villages et éviter tout contact avec les habitants des villes voisines. Cependant, les femmes Yarang continuent de collecter des graines pour les vendre à l'avenir.
Cette activité a permis aux femmes du Mouvement des femmes Yarang de gagner 105 000 R$ en revenus directs au cours de la dernière décennie, mais elles ne le font pas seulement pour l'argent. La déforestation dans les tronçons du rio Xingu à l'extérieur du parc indigène a un impact direct sur les eaux qui traversent les villages où elles vivent.
"L'objectif du mouvement Yarang est de reboiser les forêts du bassin du Xingu et de récupérer d'importantes ressources forestières pour celles-ci, en améliorant la qualité de l'eau et du sol, en protégeant le fleuve de l'envasement, en apportant plus de fruits pour les poissons et les animaux et en luttant contre le changement climatique", explique Dannyel Sá, consultant socio-environnemental pour le réseau de semences du Xingu.
Bien que le réseau ait énormément contribué à stimuler les initiatives locales de reforestation, le défi n'est pas mince : environ 150 000 hectares de forêts riveraines sont dégradées à la source du Xingu - une superficie équivalente à celle de la municipalité de São Paulo. Au cours de la dernière décennie, plus d'un million d'hectares ont été déboisés dans le bassin du Xingu. Rien qu'en 2018, 150 millions d'arbres ont été abattus dans la région.
Un autre défi pour les collecteuses de semences du peuple Ikpeng est le changement climatique. Comme les pluies ont été moins intenses dans le parc indigène du Xingu ces dernières années, il est de plus en plus imprévisible de prévoir quelles espèces et combien de graines elles pourront récolter à chaque période de l'année.
Ces défis n'ont cependant pas intimidé les femmes Yarang. Lorsqu'elles ne sont pas à la recherche de graines, elles s'occupent des récoltes, râpent et lavent le manioc, cuisent le poisson et s'occupent de leur famille. "Ce sont des chanteuses, des chamanes, des sages-femmes et des gardiennes de l'agrobiodiversité de la communauté", explique Dannyel Sá.
Le récolteuse Magaró Ikpeng résume l'essence du mouvement : "Nous devons enseigner la valeur des semences, la valeur des forêts. Nous devons veiller à ce que nos petits-enfants aient un avenir. Ils valoriseront la forêt que s'ils la considèrent comme quelque chose de bien. Si cela n'a pas de sens, ils ne l'apprécieront pas".
traduction carolita d'un article paru sur Mongabay latam le 18 juin 2020
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Semente por semente, mulheres do Xingu estão reflorestando o que o branco desmatou
O Movimento das Mulheres Yarang, do povo Ikpeng, coletou mais de 3 toneladas de sementes nativas na última década. Um milhão de árvores já brotaram na bacia do Rio Xingu como resultado de seu ...
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Brésil : Les ikpeng - coco Magnanville
Les ikpeng Peuple autochtone qui vit dans l'état du Mato Grosso au Brésil Connu aussi sous le nom de txicão, un nom donné par des tribus hostiles Ils font partie du parc indigène du Xingu (PIX...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2013/11/br%C3%A9sil-les-ikpeng.html