Brésil : Le peuple Pitaguary
Publié le 24 Juin 2020

Peuple autochtone du Brésil qui vit dans l’état du Ceará. Pour autant cet état niait la présence indigène sur son territoire y compris au XXe siècle. A la suite de cette mesure de vastes étendues de terres sont devenues disponibles pour l’élevage extensif de bétail ainsi l’état a pu exercer un contrôle croissant sur les colonies créées pour l’expansion de cette activité, sur les travailleurs locaux notamment les indigènes soumis au régime du travail forcé. Cette hégémonie de l’état sur les indigènes laisse place à un processus de perte de visibilité indigène qui ne s’inversera que dans la seconde moitié du XXe siècle où l’on commence à parler de nouveau de présence indigène dans le Ceará avec la mobilisation des Tapeba puis des Pitaguaries qui s’organisent politiquement pour faire pression pour la démarcation de leur territoire Pitaguary.
Population : 3623 personnes (2014)
Autodénomination : pitaguary. Ce nom est celui de peuples vivant au pied des montagnes entre les municipalités de l’état du Ceará de Maracanaú, Pacatuba et Maranguape. Le terme pitaguary est d’origine tupí. Il apparaît dans les documents officiels des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles désignant un lieu, une montagne, une ferme ou une terre. Peut-être est-ce un terme dérivé de variables du nom Potiguara, une ethnie qui aurait occupé de vastes terres déjà en 1603 sur la côte du Ceará.
Langue : portugais.
Localisation et terre indigène
- T.I Pitaguary – 1735 hectares, 3623 personnes, déclarée. Villes : Maracanaú et Pacatuba.
Brésil - Peuple Pitaguary - Histoire - coco Magnanville
image En 1665, après les conflits impliquant les habitants indigènes, portugais et néerlandais du Ceará, les Potiguara ont formé un grand village original dont le nom sera plus tard connu sous...
Lieux de mémoire

Rituel dans le village de Pedreira da Encantada lors d'un acte public contre l'expulsion. Des images : Renato Santana/Cimi
Il existe plusieurs lieux de mémoire du peuple Pitaguary dans sa région et parmi eux figurent le « manguier centenaire », les « quartiers des esclaves » et la grotte ou « trou » de Santo Antônio. Le manguier est sans cesse identifié à l’image de la terre mère qui protège, apporte la paix et le confort. Le manguier est au centre de l’attention car à son pied sont morts de nombreux indiens affamés et pendus. Cet arbre est le souvenir de ce qui s’est passé et devient un cadre d’activités contemporaines d’importance capitale. Par exemple c’est à l’ombre du « manguier sacré » que les Pitaguaries organisent chaque année le 12 juin un événement traditionnel dont l’objectif principal est de présenter le Toré à la communauté-même mais aussi aux visiteurs venus de l’extérieur.

La danse du Toré commence avec les participants se tenant par la main et formant un grand cercle comme une chaîne de prière. Ceux qui dansent suivent les ordres des « tireurs » de Toré, c’est bien souvent le cacique ou le chaman. Le chant est accompagné du son des maracas et au rythme des tambours au milieu du cercle a ce moment la manguier pleure ils disent que la clameur des indiens asservis dans le passé est si fort que lorsqu’ils dansent le Toré, il pleut sous l’arbre . Selon un ancien chaman la pluie représente les pleurs du manguier.
Le rituel est complété par l’ingestion d’une boisson à base de fruits originaires de la région à tous les membres d’un seul contenant (une gourde) qui doit tourner dans le sens des aiguilles d’une montre. Cette boisson se nomme l’atanhanga.
Il existe aussi des croyances en les êtres Enchantés présents dans les rapports mythiques comme personnages principaux.
Aspects socio-économiques

Potager communautaire à Horto Foto: Joceny Pinheiro, Julho 2006, Maracanaú-CE
En plus de la chasse et de la pêche qui complètent le régime alimentaire de certains Pitaguaries, la subsistance est surtout assurée par l’extraction végétale, minérale et l’artisanat, l’agriculture familiale, de petits emplois formés au sein de la zone indigène et des emplois informels dans la zone urbaine de Maracanaú et Fortaleza.
L’agriculture de subsistance concerne la plantation de manioc, haricots, maïs, jérimum (courge), cette activité n’est réalisée que par certaines familles et dépend beaucoup de la saison des pluies.
L’activité artisanale englobe de nombreuses personnes mais elle s’est révélée vulnérable en raison du problème de l’extraction des espèces végétales qui commencent à péricliter et aussi par le profit que veulent faire les intermédiaires.
L’artisanat est fabriqué à base de matières premières de la région, la production comprend des colliers, des costumes typiques en fibre de tucum (bactris setosa) et d’autres matériaux, la fabrication de céramiques peintes à la main avec différents types d’argile. La production artisanale la plus populaire parmi les Pitaguary sont les colliers à base de graines indigènes comme le mucunã (pois mascate, mucuna prurens), mulungu (erythrina mulungu), coco babaçu (attalea speciosa), lágrima-de-nossa-senhora (herbe à chapelets, coix lacryma-jobi).

tucum Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=131177

Mulungu By CostaPPPR - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=64460238

Graines de coix lacryma-jobi Par Lionel Allorge — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=30366541

Production de colliers - Foto: Joceny Pinheiro, Março 2006, Maracanaú-CE
Ils produisent également des paniers, des sacs en fibres, des ornements utilisés dans les évènements traditionnels en fibres végétales, plumes d’oiseaux.
Les activités extractives sont la coupe de bois, l’extraction de sable lavé (qui est une source importante de revenus des personnes à Santon Antônio, Horto et Olho d’Agua) mais ils sont obligés de chercher d’autres formes de création de revenus car l’extraction a trop éprouvé les forêts et les rives des rivières et l’environnement local est à présent impacté.
Les emplois formels sont réduits aux emplois résultant de la mise en œuvre de politiques publiques vivant la santé et l’éducation des autochtones (enseignants, agents de santé, gardiens etc..)

Source : pib.socioambiental.org