Brésil : Le peuple Karo
Publié le 17 Juin 2020

Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état du Rondônia, dans deux villages Iterap et Paygap, situés dans la partie sud de la TI Igarapé Lourdes. Le peuple Ikolen (Gavião), leurs ennemis traditionnels vit également sur la même T.I. Ils ont été contactés à la fin des années 1940 lorsque une centaine d’entre eux sont morts des maladies contagieuses et les survivant sont allés vivre dans les plantations d’hévéa de la région. Cela les a impliqués dans le mode de vie non-indigène mais leurs chamans sont toujours reconnus par tous les peuples originaires de la région comme étant très puissants.
Population : 382 personnes (2014)
Le nom
Ils sont surtout connus sous le nom d’Arara, ou arara karo, arara tupí, arara du Rondônia ou tout simplement karo (ce qui signifie dans leur langue, arara = ara). Ces différents noms sont utilisés pour les distinguer des autres groupes arara de l’Aripuanã (arara du Beiradão), arara de l’état d’Acre (Shawadawa), arara du Pará (ukarãgmã).
Autodésignation : itârap (nous tous).
Langue
Karo, connue autrefois comme arara de la famille de langue ramarama du tronc linguistique tupí.
Dans les deux villages, les indigènes parlent leur propre langue et le portugais est appris comme deuxième langue, il est utilisé seulement comme langue de contact. Les enfants des deux villages apprennent le karo dès la naissance et l’utilisent plus tard même s’ils apprennent le portugais.
Localisation et terre indigène
- T.I Igarapé Lourdes – 185.534 hectares, 984 personnes, réserve homologuée dans l’état du Rondônia. Ville : Ji-Paraná. 3 peuples y vivent : Ikolen (langue mondé), Karo (langue ramarama) et isolés de la Serra de Providência.
Traditionnellement les Karo habitaient la région où ils vivent sur la T.I Igaparé Lourdes dans l’état du Rondônia.
Histoire du contact
Bien qu'ils aient maintenu un certain contact avec la population environnante depuis les années 1920, les Araras n'ont été contactés par l'ancien SPI (Service de protection des indiens) qu'à la fin des années 1940. Ce contact a été dévastateur pour les communautés Arara. Des centaines d'indiens sont morts de maladies transmises par des non-Indiens (principalement la pneumonie, la grippe et la rougeole), et les quelques survivants sont allés travailler dans les plantations de caoutchouc de la région, aux côtés de la population non indienne.
Ce n'est qu'à la fin des années 60 qu'un fonctionnaire du SPI, apparemment le chef de la poste indigène de Lourdes, M. Brigid, a réussi à regrouper les Arara, qui ont ensuite vécu avec les Gavião (Ikolen). Après de nombreux malentendus, au milieu des années 80, les Arara ont décidé de fonder leur propre village près de l'igarapé da Prainha, à environ 5 km de son embouchure sur le rio Machado. Puis ils ont obtenu de la Funai la reconnaissance du village, a été créé alors le poste indigène Iterap.
Au début des années 1990, il y a eu une discussion politique interne chez les Arara, et le chef de l'époque, Pedro Agamemnon, a déménagé avec son groupe familial dans une autre partie de la TI pour fonder son propre village, maintenant appelé Paygap. Selon les techniciens de la Funai, le village de Paygap ne compte pas assez d'habitants pour justifier la création d'un nouveau poste indigène.
Organisation sociale et politique

Foto: Nilson Gabas Jr., 2003
Comme ils sont en contact avec la population environnante depuis longtemps (environ 60 ans), leur organisation sociale et politique et leurs pratiques culturelles traditionnelles sont tombées en désuétude ou ont pratiquement disparues. Il y a avait des fêtes traditionnelles dont la récolte du maïs, l’isolement des jeunes au moment du mariage. Il y a récemment des mariages avec des non indiens mais cela n’est pas bien considéré par les membres de la communauté.
Les maisons ne sont plus construites selon le modèle traditionnel mais sont en bois voire en briques, avec un salon, 2 ou 3 pièces et une cuisine séparée en annexe de la maison, en fibres de paxiúba (iriartea spp.) cet endroit est le plus frais pour se reposer pendant les périodes très chaudes.
Mythologie et chamanisme
Les mythes encore persistants se réfèrent à la création de l’homme blanc à partir du jatobá (hymenaea courbaril).
Ils montrent la dualité du bien et du mal à travers la figure de deux frères, l’un vertueux et l’autre audacieux qui s’aventurent dans les bois jusqu’à ce que le premier tue le second.
Aucun rituel traditionnel n’est actuellement pratiqué par les Karo.
Plusieurs chamans sont présents dans les villages, tous sont très respectés par la communauté ainsi que par les membres d’autres ethnies. Leurs fonctions dans les villages semblent pourtant se limiter à celles de conseillers dans les questions d’ordre communautaire et non par des actes typiques de guérison chamanique.
Culture traditionnelle

Foto: Elisabeth Forseth, 1981.
Ils fabriquent des ornements corporels (colliers en graines, bracelets), des objets utilitaires (vannerie, filets de tucumã (astrocaryum aculeatum) en coton), des balais, des éventails, des articles de chasse.
Autrefois ils se peignaient le visage avec du jenipapo (genipa americana) en traçant une ligne d’un côté du visage à l’autre.
Ils perforaient les ailes du nez pour y placer une plume d’ara, ils utilisaient un petit labret dans la lèvre inférieure.
Ces techniques ne sont plus utilisées de nos jours quoique chez certains anciens les trous sont toujours visibles.
Ils utilisent pour la pêche, périodiquement le timbo pour anesthésié les poissons ainsi pêchés plus facilement au moment de la saison sèche dans l’igarapé. A la saison des pluies ils pêchent avec des lignes, des hameçons, des filets.
La chasse est pratiquée de nos jours avec des fusils de chasse. La chasse aux oiseaux nécessite encore la pratique traditionnelle des caches.
Peu de connaissances anthropologiques existent sur les Arara Karo, le seul document contenant une brève description des aspects de la vie des Arara se trouve dans un texte de Lévi-Strauss (1950).
Dans le domaine de la linguistique, des travaux (des listes de noms) ont été menés depuis 1925 avec Nimuendaju et d’autres références sont Horat Barbosa (1945), Hugo (1959), Nimuendaju (1955), Rondon et Faria (1948), Schultz (1955).
Source : pib.socioambiental.org