Brésil : Le peuple Karajá du nord

Publié le 15 Juin 2020

 

image

Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état du Tocantins, mieux connu sous le nom de Xambioá , divisé en deux villages sur la rive droite du rio Araguaia. Même s’ils parlent la même langue que les Iny Karajá et les Javaé de l’île de Bananal, ils sont plus liés à la communauté voisine qu’à ces peuples autochtones. En raison du déclin intense de la population et des mariages avec des non autochtones dans la région, les Karajá du nord ont subi d’importants changements culturels. Il semble y avoir un consensus sur la nécessité de mettre en œuvre des projets et des initiatives pour préserver les aspects les plus traditionnels de la culture des Karajá du nord pour affirmer leur identité ethnique.

Auto désignation : le nom karajá du nord est le nom qu’ils utilisent car le terme xambioá était le nom d’un village existant à l’embouchure du rio du même nom et dont on suppose que les membres de ce village portait aussi le même nom qui s’est ensuite étendu à tous les Karajá du nord. Aujourd’hui ce nom sert surtout à désigner la ville de Xambioá.

Population : 287 personnes (2014)

Langue : xambioá, dialecte spécifique de la langue karajá de racine macro-jê.

Localisation et terre indigène

  • T.I Xambioá – 3326 hectares, 363 personnes, réserve homologuée dans le Tocantins. Ville : Santa Fé do Araguaia. 2 peuples y vivent : Guaranís Mbya (langue tupí guaraní) et Karajá du nord (langue karajá).

Ils habitaient traditionnellement la région inférieure du rio Araguaia, près des rapides. Les deux villages actuels Xambioá et Kuhere appartiennent à la municipalité d’Araguaiana sur la rive droite du rio Araguaia. La croissance des deux villages, de 135 en 1987 à 185 en 1997 indique que ce groupe se développe progressivement malgré le retrait des Mbya Guaranís. Il y a une plus grande tendance à rechercher des partenaires au sein du groupe lui-même ce qui peut signifier la fin des mariages avec des personnes régionales non autochtones.

rio Araguaia Par Original téléversé par בן הטבע sur Wikipédia hébreu. — Transféré de he.wikipedia à Commons., CC BY-SA 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2048780

karaja_norte_3

Foto: André Toral,198

Organisation sociale et environnement

Ils définissent les saisons en fonction du régime hydrique du fleuve : « début de la crue », « crue », « behetxi » (période intermédiaire), « temps des nouvelles plages (décrue) », « temps des plages (sécheresse).

Les manifestations religieuses, les formes d’organisation sociale et politique et les activités de subsistance sont basés sur les cycles du fleuve. Chaque saison suppose un rythme bien défini et des activités sociales. La saison des pluies et la saison sèche marquent non seulement des régimes de subsistance différenciés mais aussi l’arrivé et le départ d’être surnaturels attendus et reçus par les groupes linguistiques Karajá tout au long de l’année. Les temps pluvieux et les basses eaux influencent le mouvement et les rassemblements et dispersion des villageois.

Les peuples de langue karajá se désignent eux-mêmes comme appartenant aux réseaux de parenté des vivants (wasy) et des morts (wabadé). L’ensemble du territoire Karajá est occupé selon les ancêtres qui y vivaient.

L’unité de base est la famille élargie, dans les petits villages il n’y a qu’une seule famille élargie, le beau-père vivant avec ses gendres et leurs proches, dans les grands villages, il ;y a différents groupes apparentés qui se rencontrent entre familles élargies pour parcourir les lacs et les affluents du rio Araguaia pour explorer les espèces disponibles à chaque saison.

Religion

Les pratiques religieuses des groupes linguistiques Karajá se manifestent durant l’été à travers un système rituel complexe. Au cours d’une cérémonie le chaman (xamã) communique avec les ijasó (seigneurs des animaux du ciel, de l’eau et de la terre). Ces actions conjuguées sont les facteurs qui garantissent la nourriture du village. C’est une vision traditionnelle assez courante selon laquelle la subsistance est assurée par une attitude religieuse.

Dès le début des pluies et la montée des eaux du fleuve, ils se rassemblent dans les plus grands villages pour préparer la chasse, les champs, les plantations, la récolte de différentes espèces végétales.

Ils ont pu préserver encore de nos jours le rituel d’initiation des garçons qui a lieu le 19 avril, le jour de l’indien. Ce rituel marque le passage de l’état d’enfant à celui d’homme. Quelques esprits guerriers kayapó tués au combat avec les Karajá du nord visitent le village et rejoignent les garçons comme esprits protecteurs. Les familles des garçons participent à la cérémonie et sont chargées de nourrir les Kara lahuni et préparer le korotxu, un gâteau de beiju à base de farine de manioc rempli de morceaux de poissons.

Vie politique

Les familles élargies se divisent en petits groupes et vivent de façon indépendantesen étant la base du système politique Karajá du nord. C’est à la saison des pluies que l’activité politique augmente, il est temps de mettre à jour un système d’alliances complexe. Certains dirigeants sont chassés, d’autres consacrés. Cela peut entraîner la formation de nouveaux villages par des groupes qui ont été défavorisés.

A partir du XXe siècle, l’arrivée d’organisations religieuses ou gouvernementales dans les villages introduit d’autres sujets de négociation entre les familles élargies articulées en factions. Dès lors, la nomination des postes de la Funai, les emplois disponibles, la communication  avec les blancs, les opportunités et avantages offerts au groupe sont devenus des objets de polémiques politiques entre eux. Aujourd’hui les principales factions Karajá du nord continues d’être liées aux chefs de familles élargies qui se sont réunis au moment de la fondation du village de Xambioá. Cette relation des personnes actuelles avec les groupes familiaux originaires de Xambioá semble être d’une grande importance aujourd’hui.

Activités économiques

Les Karajá du nord sont avant des tout des pêcheurs et la base alimentaire est fournie par les poissons et la récolte sur les rives du rio Araguaia, dans des zones appropriées ou dans des lagunes situées hors de la TI. Des excursions de quelques jours ont lieu l’été, à la saison des pluies la pêche peut être faite par deux hommes. Les instruments utilisés sont l’hameçon, les filets, le harpon, l’arc et les flèches.

La chasse a été une activité compensatoire dans les années 1990 mais elle perd son importance aujourd’hui. Les espèces les plus appréciées sont le caititu (une sorte de sanglier), les cerfs, les tatous, les singes, les tortues.

La cueillette est limitée aux fruits de saison :  bacaba (oenocarpus bacaba), macaúba (acrocomia mexicana), anajá (attalea dubia) ce sont des fruits de palmiers) en décembre ; açai en août ; cajá (jobo/spondias mombin) en février.

Des manguiers sont présents dans les villages et donnent beaucoup de fruits en décembre et janvier.

Bacaba  https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bacaba_2.jpg

Anajá CC BY 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1227421

macaubá Par Jim Conrad — JIM CONRAD'S NATURALIST NEWSLETTER. Written in the community of 28 de Junio and issued from a ciber 8 kms to the west in Pujiltic, Chiapas, MÉXICO.http://www.backyardnature.net/n/08/080414.htmhttp://www.backyardnature.net/n/08/080414cy.jpg, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4330869

caja By Martin Reith - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=35519157

 

Artisanat

Il est compliqué par manque de ressources disponibles et les Karajá du nord sont obligés bien souvent d’acheter du matériel. Ils arrivent néanmoins à produire de l’artisanat surtout utilitaire, qui peut aussi être vendu (pots en argile pour l’eau, rames en bois). Il n’y a pas d’artisanat confectionné pour la vente aux touristes.

D’autres sources de revenus proviennent du travail saisonnier de certains (avril à juin) dans des exploitations agricoles de la région pour nettoyer les champs de culture agricole.

Source : pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Peuples originaires, #Karajá du nord

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article