Brésil : Le peuple Kalankó

Publié le 11 Juin 2020

 

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Ils sont les descendants d’un des peuples indigènes qui vivait au XIXe siècle dans le village de Brejo dos Padres dans le Pernambouc. L’impact de la colonisation sur les populations indigènes du nord-est brésilien a été brutal et l’une des principales conséquences de ce processus a été  l’asservissement et l’extermination de divers peuples. La situation des peuples du rio São Francisco n’était pas différente et les Kalankó ainsi que d’autres groupes ont été éloignés de leurs ancêtres, de leurs traditions ancestrales et de leurs cultures. A partir de 198 ce peuple a commencé à se battre de façon plus expressive pour la reconnaissance officielle de son indianité. Ses fêtes et rituels réprimés au moment de la colonisation ont commencé à occuper de nouveaux espaces en donnant une visibilité à leur trajectoire.

Population : 329 personnes (2014)

Le nom

Le nom kalankó est lié au terme cacalancó, ethnonyme d’un peuple qui vivait au XIXe siècle dans le village de Brejo dos Padres avec les peuples Pankararu, Pankarú, Geritacó, Umão, Canabrava, Tatuxi de Fulo (Arruti, 1999).

Langue : portugais. Certains termes et expressions avec un contenu sémantique différent sont préservés avec un accent caractéristique.

Localisation et terre indigène

  • T.I Kalancó – 329 personnes, ville : Agua Branca dans l’Alagoas. En cours d’identification.

Organisation politique

A partir de 1998 avec leur réapparition, les Kalankó commencent à établir des relations constantes avec des organismes d’état comme la Funai, la Funasa et des organisations de l’église catholique comme le Cimi ainsi qu’avec des ONG. Ils redéfinissent leur mode de fonctionnement politique. L’activité communautaire est organisée par deux dirigeants, le chaman et le cacique. Le chaman dirige les rituels, encourage les valeurs traditionnelles, arbitre les conflits. Le cacique s’occupe des exigences de la communauté, la représente devant l’état et la société nationale. Les décisions sont légitimées par les conseils internes. Le premier conseil les le conseil tribal se concentrant sur les relations de la communauté avec le monde extérieur, le deuxième est le conseil local qui s’occupe des conflits internes. Depuis 1999 il existe le conseil de la santé qui s’occupe des questions liées à la Funasa. Le quatrième conseil est le conseil des enfants dont les activités visent à apprendre les valeurs Kalankó. Le conseil des enfants organise chaque mois « la fête des enfants » avec un toré auquel seuls les enfants participent.

Fêtes et rituels

Il y a trois rituels différents : le Toré, le Praiá et le Serviço de Chão.

Ils ont lieu la nuit mais parfois peuvent être effectués en journée. La figure centrale de ces rituels est le chaman qui dirige et chante dans les cérémonies. Les femmes participent au Toré et au Chão mais non au Praiá. Par contre pour ce rituel ce sont elles qui préparent les aliments et appliquent la peinture corporelle.

Chanteurs et danseurs

Les chanteurs sont les personnes les plus prestigieuses politiquement parlant pour les Kalankó. Ce sont eux qui ont le plus de pouvoir de décision et le plus d’obligations du groupe. Pour eux le chant naît avec la personne et cette qualité peut se transmettre de génération en génération suivant une lignée généalogique remontant aux familles nouvellement arrivées du village de Brejo dos Padres.

La danse, elle, s’apprend tout au long de la vie.

Le Toré

C’est une pratique des ancêtres de l’époque. Il est offert à une personne enchantée et il est parfois utilisé pour célébrer une date particulière ou pour le plaisir. Il implique toute la communauté et peut compter aussi la présence de non-indiens. Il se pratique dans des espaces différents, dans les maisons, à l’extérieur du village, dans des lieux publics où il acquière, alors, une forte connotation politique. C’est un rituel qui se caractéristique par des chants et des danses spécifiques qui s’arrêtent lorsque le chanteur émet un cri.

Le Praiá

Praiás Kalankó e Koyupanká em Inhapi, Alagoas. Foto: Alexandre Ferraz Herbetta, 2005

C’est la « Fête des Enchantés » qui se déroule uniquement à des dates précises : le samedi de l’Alléluia où il porte le nom de rituel Umbu, le 25 juillet pour célébrer la « résurgence » du peuple Kalankó. Le Praiá est un chant masculin qui ne se pratique que dans les terreiros. Le chant est un jeu de syllabes et voyelles émis par le chanteur. La danse est effectuée de deux manières dont l’une est la formation en ligne ou en cordon.

Instruments de musique

Il y a deux instruments de musique rituels qui sont la maraca et la gaïta. La maraca est liée à l’action de l’enchanté et connue sous le nom de chichiá. Elle est identifiée à la « semence » de l’enchanté, constituée d’une calebasse coité. La gaïta est en bambou et sert de siffler pour établir la communication entre les danseurs.

Les Enchantés (Encantados)

Ce sont les ancêtres qui, de leur vivant se sont transformés et sont devenus partie intégrante de la nature. Beaucoup sont associés à un élément naturel. Ils sont aussi liés au système médicinal Kalankó et travaillent à prévenir et guérir des maladies.

Le Terreiro

Le Terriro est un espace de forme rectangulaire qui existe dans les principaux villages du haut sertéao d’Alagoas. C’est ici que se déroulent les rituels du Praiá et du Toré. C’est un lieu privilégié pour recevoir l’enchanté.

Les Kalankó ont deux Terreiros sur lesquels ils pratiquent leurs rituels, l’un est la Lageiro do Couro et l’autre à Janúaria.

Chaque Terreiro est dirigé par le « père du Terreiro » et appartient à un encnahté qui est le « propriétaire » de l’espace. Le Terreiro doit avoir un paró (une maison sacrée où sont conservés les vêtements de cérémonie).

Activités productives et de subsistance

Les Kalankó cultivent des champs pendant l’hiver où ils plantent d’avril à septembre, des haricots, du maïs, du manioc, des arbres fruitiers comme noix de cajou, acérola, cocotiers, umbuzeiro ou umbú, un arbre commun dont le fruit est apprécié (spondias tuberosa ou prunier du Brésil).

fruits de l'umbu De Daniele Gidsicki - originally posted to Flickr as Umbu - Aracajú, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4346245

Ils cultivent du coton qui est vendu dans les centres urbains.

Ils ont de petits élevages de moutons et de chèvres, actifs toute l’année.

Ils apprécient la viande de gibier dont une sorte de tatou et une espèce de lézard.

Certains travaillent sur les parcelles de propriétaires en échange de salaires misérables.

D’autres encore migrent en été (octobre à février) sur la côte.

Source : pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Brésil, #Kalankó

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