Brésil : Le peuple Jarawara
Publié le 10 Juin 2020

Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état d’Amazonas et qui fait partie des peuples indigènes les moins connus des rios Juruá et Purus.
Autres formes du nom : yarawara, jarauara, jaruará.
Langue : jarawara de la famille linguitique arawá
Eux se désignent en tant que e yokana = vraies personnes (Vogel 2006), qu’ils traduisent par « nous-mêmes ».
Ils formaient en 2006 un petit groupe d’environ 180 personnes qui a atteint 218 personnes en 2010.
On ne connaît pas l’origine de ce peuple, en effet leur nom n’apparaît dans aucun document historique du rio Purus. Eux-mêmes disent être originaires du haut rio Purus dans l’état d’Acre. Ils ont probablement descendu le fleuve jusqu’à l’endroit où ils se trouvent aujourd’hui. Ils disent qu’il y a 60 ans, nombre d’entre eux épousaient les membres d’un autre peuple appelé Wayafi qui parlait la même langue qu’eux, partageaient une partie de la mythologie jarawara, qui étaient arrivés dans la région fuyant les Apurinã.
Ils se déclarent donc un mélange de ces deux groupes. Les Wayafi et les Jarawara sont sans doute des sous-groupes du même groupe ethnique mais il n’y a aucune preuve pour en attester.
Population : 271 personnes (2014)
Localisation et terre indigène
- T.I Jarawara/Jamamadi/Kanamanti – 390.233 hectares, 527 personnes, réserve homologuée. Villes : Lábrea, Tapauá. 2 peuples y vivent : Jamamadi (langue arawá) et Paumari (langue arawá).
Ils vivent dans la Ti Jarawara/Jamamadi/Kanamanti située dans le milieu du rio Purus entre les municipalités de Lábrea et Tapauá, avec les peuples Jamamadi et Kanamanti.
/image%2F0566266%2F20200608%2Fob_1296a9_c3adndias-da-tribo-jarawara.jpg)
Brésil - Peuple Jarawara - Cosmologie - coco Magnanville
image Le cosmos Jarawara est divisé en quatre dimensions : la terre, le ciel, les eaux et la terre. Le ciel et la terre sont très similaires et habités par les mêmes types d'êtres : humains ...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2020/06/bresil-peuple-jarawara-cosmologie.html

Activités économiques
Le cycle annuel est marqué par la régime pluvial avec plus de précipitations de novembre à février et des niveaux d’eau plus élevés de mars à avril, plus bas de juillet à octobre. Leur activité essentielle de subsistance est l’agriculture continentale en complétant leur régime alimentaire par la chasse et la pêche. Les cultures principales sont le manioc amer et le macaxeira (manioc doux), les pommes de terre, les tubercules comme le cará (dioscorea alata), l’aria, le taioba (légume semblable à la carde), le maïs, les bananes, les ananas, les citrouilles, les pastèques, les noix de cajou, le pupunha (bactris gasipaes)) en plus de la canne à sucre, du tabac, d’une liane appelée kona (timbo) dont le poison mortel sert à la pêche.

cará

taioba

pupunha Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=131177
Dans les patios appelés yamabarikani (= près de la maison) ils cultivent plus de 30 espèces de fruts, palmiers, légumineuses, légumes, condiments, aromatiques et plantes médicinales.
Ils chassent sur les terres fermes et insulaires, sur des portions de terrain situées au milieu de la zone d’inondation du rio Purus, quand elles ne sont pas inondées à la saison des pluies.
Ils pêchent toute l’année en utilisant plusieurs techniques dont le poison végétal kona (tingui ou timbo) qui semble être le même qu’utilisent les peuples Jamamadi et Zuruahá.
Ils vendent des produits de la selva, du caoutchouc, des noix du Brésil, de l’huile de copaiba, la sorva (fruit de l’espèce sorbus domestica L.).

copaiba
Organisation sociale
Il y a 5 villages principaux, Casa Nova, Yemete, Aagua Branca, Saubinha, Nazaré et un village provisoire où les habitants du village Saubinha se déplacent pendant l’hiver amazonien pour récolter des noix du Brésil.
Les villages sont petits, ils contiennent maximum 50 personnes. Ce sont des entités économiques et politiques autonomes. Dans chaque localité il y a un cacique dont la fonction sociale est de servir d’intermédiaire entre le groupe et les membres de la société nationale. Dans l’idéal il devrait y avoir un chaman dans chaque village mais cela n’est pas possible aujourd’hui car il reste peu de pajés (chamans). Avec l’arrivée des missionnaires évangéliques il y a une vingtaine d’années, ce peuple était très mobile et changeait de temps en temps de village pour différentes raisons : mort d’un membre du groupe, combats, maladies.
La raison de leur installation permanente, selon eux, c’est la présence des blancs. Les villages Casa Nova et Agua Branca abritent les maisons des missionnaires de la société linguistique d’été (SIL) et du groupe youth as a mission (JEM). Ces missionnaires ont vécu avec les autochtones de longues périodes mais ils reviennent maintenant pour leur rende visite et les indigènes prennent soin de leurs maisons.
Ces deux villages ont également une école et un poste de santé de la Funasa.

Maisons Jarawara du village Casa Nova. Foto: Peter Schröder, 2000/ PPTAL
Les maisons du village sont construites selon le modèle régional amazonien, sur pilotis en planches de paxiúba avec le toit en fibres de palmier ou en aluminium selon la situation économique de la famille. En général chaque maison abrite une famille nucléaire et dans les maisons voisines vivent les groupes de frères.
Les jeunes mariés construisent un maison le plus près possible des parents. Les maisons ont une cuisine et une chambre commune avec des hamacs et des moustiquaires. A proximité des maisons se trouve un enclos pour y garder des animaux domestiques, poulets, cochons, ^écaris à lèvres blanches, et des vergers dont je parle plus haut.
Rituel
Le chicane

A menina pintada para os dias de festa.
Desenho de Dyimayanici (fevereiro 2014)
Le rituel le plus important est le chicane (marina ou ayaka), l’initiation féminine, cette fête étant considérée par eux comme la meilleure du monde. C’est un moment d’apprentissage, de rencontres avec des proches vivant dans différents villages, c’est un moment de plaisir, de nourriture en excés, de chants, de danses, de football, de jeux, de rires, de flirts et de rencontres (clandestines ou non).
Les noms qu’ils utilisent pour se référer à ce rituel sont évocateurs : marina = banquet (Vogel 2006 :131) et ayaka = verbe chanter en général et chant du rituel masculin spécifique.
Après sa première menstruation, les cheveux de la jeune fille sont coupés très courts. Le père ou l’oncle de la jeune fille construit une petite maison en feuilles (wawasa) à l’intérieur de la maison à l’endroit où elle a son hamac. La jeune fille devra rester nuit et jour dans sa petite maison et ne pourra que se baigner. Lorsqu’elle sortira, elle devra se couvrir d’une serviette foncée sur la tête pour éviter de voir et d’être vue par les hommes, seulement dirigée par une autre femme (sa sœur bien souvent). Une fois arrivée au bord de l’igarapé, elle pourra alors librement se baigner, les bords de rivières sont des lieux exclusivement féminins pendant la journée. La période d’isolement dure 3 à 6 mois, le temps nécessaire à la chevelure de repousser jusque la nuque.
Ensuite la fête a lieu pour marquer la « sortie de la fille » qui est prise en fonction de la décision du père ou de l’oncle maternel qui informe tous les autres villages ou ceux qu’il souhaite inviter en définissant la date de la fête (en été, au mois de juillet, en hiver au mois de janvier). Cette « sortie de la fille » semble toujours correspondre à la date d’une pleine lune.
Le rituel du chicane a changé dans ses modalités ces dernières années à cause de la mort des derniers chefs spirituels ou xamãs, une vocation qui ne nécessite pas d’intérêt chez les jeunes de nos jours) et sur la pression des missionnaires.
La fête dure 3 jours et 3 nuits, parfois 6, s’il y a assez de nourriture pour la mener à bien.
Quand les invités arrivent au village, ils courent à travers les rues en criant, frappant sur les murs des maisons avec des bâtons. Les gens à l’intérieur commencent à imiter des bruits d’animaux et certains sont le chaman et sa femme font des gestes d’animaux, se balançant dans leur hamac comme des signes sur les branches. Ensuite les femmes quittent la maison avec des braises à la main pour effrayer les invités qui s’en vont, partent et reviennent tranquillement.
La fête alors commence réellement (ayaka aboni)
Source : pib.socioambiental.org