Brésil : Le peuple Jamamadi

Publié le 9 Juin 2020

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Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état d’Amazonas et qui fait partie des peuples autochtones peu connus de la région des rios Juruá et Purus. Ils ont survécu à deux cycles de caucheros au milieu du XIXe siècle et dans les années 1960 ils ont presque disparu en tant que groupe spécifique. Pourtant ils ont réussi à se rétablir aussi bien sur le plan physique que sur le plan culturel.

Population : 987 personnes (2014)

Autodésignation : les Jamamadi de la TI Jarawara/Jamamadi/Kanamanti utilisent ce nom dans leurs contacts avec les non autochtones ou d’autres groupes ethniques. Pour autant l’anthropologue Lúcia Helena Rangel soutient que le terme jamamadi a sans doute été attribué par le peuple indigène Paumari et signifie « peuple de la selva ». l’ethnologue américain Steere (début du XXe siècle) affirme aussi que l’origine du terme provient des Paumari. Dans la langue paumari, jama = selva, makhari = homme.

Langue

La langue jamamadi fait partie de la famille linguistique arawá étudiée par Barbara et Robert Campbelle du SIL à partir de 1963. Ils ont développé une orthographe simple et claire pour les Jamamadi. La langue est similaire à celle des Jarawara.

Localisation et terres indigènes

Leurs terres sont situées dans la partie central du rio Purus dans les états d’Amazonas et Acre, région des igarapés Curiá et Saburrun, affluents du rio Piranahas et d’autres igarapés, affluents du rio Purus. Ce sont des habitats de forêts continentales et de selvas denses de la basse amazonie.

  • T.I Caititu – 308.062 hectares, 1022 personnes, réserve homologuée. Villes : Lábrea. 3 peuples y vivent : Apurinã (langue arawak maipure), Jamamadi (langue arawá) et Paumari (langue arawá).
  • T.I Camadeni – 150.930 hectares, 148 personnes, réserve homologuée. Ville : Pauini.
  • T.I Igarapé Capanã – 122.555 hectares, 85 personnes, réserve homologuée. Ville : Boca do Acre.
  • T.I Inauni/Teuini – 468.996 hectares, 246 personnes. Réserve homologuée. Ville : Boca do Acre. 3 peuples y vivent : Jamamadi (langue arawá) et Paumari (langue arawá) et isolés de l’igarapé Maburrã.
  • T.I Jamamadi do Lourdes – en cours d’identification, ville : Boca do Acre.
  • T.I Jarawara/Jamamadi/Kanamanti – 390.233 hectares, 527 personnes, réserve homologuée. Villes : Lábrea, Tapauá. 2 peuples y vivent : Jamamadi (langue arawá) et Paumari (langue arawá).

 

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Activités économiques

Le cycle annuel est marqué par le régime pluviométrique, avec plus de précipitations de novembre à février et un niveau d’eau plus élevé en mars/avril, plus bas de juillet à octobre.

récolte de manioc doux Por Rutinaldoc - Obra do próprio, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=57253010

Les Jamamadi sont agriculteurs et chasseurs. Deux plantes sont cultivées, le manioc amer (toxique quand il est cru et utilisé pour faire de la farine) et le macaxeira (manioc doux, comestible). La base alimentaire est constituée par la farine de manioc, qui entre dans la préparation d’un plat qu’ils apprécient, le pain de manioc, ou yawa, une pâte de farine stockée dans des paniers tapissés de feuilles de bananier et cuite dans une casserole.

Leur pratique de l’horticulture consiste à ne pas désherber mais à s’investir dans la gestion de la forêt renouvelée après la croissance des arbres fruitiers ou la chasse intensive de petits et grands animaux.

Les cultures sont entièrement recouvertes de plantes envahissantes après un an donc ils ouvrent d’autres parcelles mais les anciennes ne sont pas abandonnées pour autant car les tubercules donnent encore pendant 3 ans.

La chasse occupe une place importante dans l’alimentation, ils maîtrisent deux types de chasse :

La chasse rapprochée associée à la forêt en cours de rénovation et l’environnement des villages

La chasse à distance associée à l’implantation de provisions d’extraction de copaiba.

La pêche est une activité complémentaire, qui se pratique avec l’arc et les flèches, la ligne et les hameçons, les harpons et un poison utilisé dans la rivière qui tue les poissons, nommé kona , connu plus généralement sous le nom de tingui.

 

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Organisation sociale et politique

Les groupes sont généralement petits et un village de plus de cent habitants est considéré comme hors de la moyenne. Les descendants sont de la lignée paternelle et pour les mariages leur préférence va au mariage entre cousins croisés (enfants de la sœur du père ou enfants du frère de la mère). Ce modèle de base est conservé jusqu’à nos jours bien qu’il y ait des exceptions à la règle dans certaines communautés, peut-être en raison de l’influence des missionnaires. La résidence postnuptiale est uxorilocale, c’est-à-dire que le mari va vivre dans la maison des parents de sa femme et il devra en tant que gendre fournir des services à son beau-père. Après la naissance du premier enfant, le couple peut opter pour une nouvelle résidence. Une autre règle stipule que le premier enfant doit être élevé par la grand-mère maternelle alors que les enfants nés plus tard seront élevés par la grand-mère paternelle.

Culture matérielle

La petite maison d'isolement à côté de la maison Jamamadi au village São Francisco (TI Jarawara Jamamadi Kanamanti). Foto: Peter Schröder, PPTAL/ 2000

Les maisons sont les mêmes que celles des riverains de la région (des pêcheurs vivant sur les bords des rivières), construites sur pilotis avec un plancher en planches de paxiúba (socratea exorrhiza ou palmier-marcheur) et les murs et toits recouverts de fibres. A l’intérieur, chaque famille a son espace pour dormir. Autrefois les maisons étaient d’immenses malocas coniques pouvant atteindre 40 mètres de large, 22 mètres de haut, subdivisées en 25 compartiments familiaux (selon Steere).

paxiuba Par Jimfbleak de en.wikipedia.org, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5748913

A côté des maisons, il y a de petites maisons d’isolement pour les filles qui ont eu leurs premières règles.

Ils construisent également des huttes temporaires pour les expéditions de chasse ou de cueillette.

Les hamacs qui sont utilisés pour le couchage sont en coton ou en écorce de châtaignier, battue, lavées, séchée de sorte que les fibres se détachent qui sont enroulées et tordues à la main se reposant sur la cuisse jusqu’à ce que le fil soit formé, qui, à son tour est enroulé dans une boule cylindrique.

Les ornements féminins comprennent des bandeaux en plumes de ara et de toucan, collées avec du breu (brou), des colliers en graines, dents de singe, des bracelets en coquillages de rivière.

Les bateaux sont de petits canots monoblocs taillés dans une seule pièce de bois.

Les arcs peuvent mesurer jusqu’à 2 mètres de haut, ils sont fabriqués en bois de palmier, la corde est en fibre de palmier, les flèches peuvent quand à elles atteindre 1,70m de long, de petites plumes sont clouées à l’extrémité inférieure des flèches. La pointe est longue de 15 à 18 cm en bois de paxiúba.

Rituel

Ils pratiquent le rituel du chinã (sina ou rapé) auquel participe toute la famille. Le propriétaire de la maison met un peu de poudre de chinã dans une feuille verte et la garde dans la paume de sa main. la feuille est passée de l’un à l’autre pour se servir du chinã en utilisant un os de la patte d’un épervier pour inhaler la poudre. Le trou osseux est lissé avec de la cire pour faciliter l’adaptation de l’instrument au nez, l’intérieur de l’os est ensuite nettoyé avec une baguette ou un stylet.

Source : pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Brésil, #Jamamadi

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