Brésil : Le peuple Ikolen

Publié le 5 Juin 2020

 

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Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état de Rondônia et qui est également dénommé Gavilán (épervier), locuteur d’une langue tupí-mondé. Ils habitent le bassin de l’igarapé Lourdes et d’autres affluent du rio Machado (Ji-Paraná).

Nom : ikolen = épervier dans leur langue, c’est pour cette raison qu’ils sont appelés Gavilán ou Gavilán du Rondônia pour les distinguer d’avec les peuples autochtones connus sous le nom de Gavilán, les Parkatêjê dans le Pará et les Pykopjê dans le Maranhão.

Langue : gavião du Ji-Paraná, branche mondé de la famille linguistique tupí.

Ils ont une génétique apparentées aux langues parlées par leurs alliés Zoró et leurs anciens ennemis Paiter et Cinta Larga.

Population : 675 personnes (2014)

Terre Indigène et localisation

Il y a 6 villages dans la T.I : Igarapé Lourdes, Ikolen, Cacoal, Nova Esperança, Castanheira, Ingazeira.

La zone de la T.I est couverte en majorité par la forêt tropicale dense et ouverte, un réseau dense d’igarapés jaillit au sein de la réserve formant une zone de plaines inondables.

  • T.I Igarapé Lourdes – 185.534 hectares, 984 personnes, réserve homologuée, état du Rondônia. Ville : Ji-Paraná. 3 peuples y vivent : Ikolen (langue mondé), isolés de la Serra da Providência, Karo (langue ramarama).

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Relations avec les autres peuples indigènes

Il y a longtemps les Ikolen entretenaient des relations avec les Karó et les Zoró. Des mariages mixtes avaient déjà lieu au début du XXe siècle en conséquence de la coutume guerrière d’enlever et d’incorporer des femmes et des enfants ennemis. Jusque dans les années 1940 les Ikolen habitaient certains affluents du rio Branco dans le bassin du rio Aripuanã, une région où ils entretenaient des relations étroites de coexistence et de mariages mixtes avec les Zoró et souvent on les confondaient.

 

peuple Zoró

Après avoir été attaqués par les Paiter et les Cinta Larga et avoir été harcelés par les propriétaires fonciers, ils migrent dans le sud-ouest vers la Serra da Provindência où se concentrent les eaux amont des igarapés Lourdes, Prainha, Tarumá et d’autres affluent du rio Machado. Ces cours d’eau étaient habités par les Karo. Même s’ils parlent des langues différentes ils entretiennent alors des relations avec les Karo le long du cours inférieur de l’igarapé Lourdes avant le contact avec les non-indiens. Les Ikolen dominaient alors les eaux d’amont et le cours supérieur des rivières et les Karo les cours inférieurs.

 

peuple karo

Mais les relations avec les Karo se dégradent à partir du moment où les Ikolen obtiennent des ressources provenant de la société nationale par le biais des exploitants du caoutchouc et des offensives éclatent entre les deux peuples et même avec les Zoró et les Ikolen se séparent.

Aujourd’hui les relations entre les Ikolen et les autres peuples autochtones se caractérisent par de nouvelles formes d’articulation et d’organisation comme dans le cas de l’organisation des Associations indigènes du Ji-Paraná, Panderej.

Organisation sociale

Lors des mariages entre les Ikolen et les Zoró, la tendance était de dire qu’un enfant appartiendra au groupe du père. Mais il y a beaucoup d’exceptions à la règle. Le peuple est patrilinéaire et bilatéral, c’est-à-dire qu’ils considèrent les parents à la fois du côté du père que de la mère.

La règle de résidence est matrilocale c’est-à-dire que l’homme une fois marié va vivre quelque temps dans la famille de sa femme. A long terme la tendance devient patrilocale. Les Ikolen sont très flexibles et dans la pratique un enfant finit toujours par appartenir au groupe où il a grandi.

Activités productives

Femmes Gavião et Zoró, transportant du bois de chauffage, traversant un champ de macaxeira. Terre indigène de l'Igarapé Lourdes (RO).
Photo : Elisabeth Forseth, 1981

Les activités productives sont diversifiées : chasse, pêche, agriculture, projets d’élevage et système agroforestier avec pour objectif l’autoconsommation, le commerce et les sources de revenus. Tous les membres de la communauté participent à ces activités indépendamment de l’âge et du sexe. Ils sont organisés de manière familiale et communautaire.

Les plantations se trouvent près des villages. L’abattage des parcelles et le brûlis ont lieu de mai à juillet, c’est le travail des hommes. La plantation, le désherbage et la récolte sont le travail de tous, y compris les enfants. Chaque parcelle de culture est utilisée 3 ans de suite, puis elle est abandonnée pour former une nouvelle végétation qui la rendra réutilisable.

Les plantations sont : manioc, patates douces, cará, ignames, taoiba (ces légumes sont cuits ou torréfiées, ou sont consommés en bouillies sucrée ou fermenté dans la makaloba ou encore transformé en farine pour la consommation et la vente). Des variétés ont été introduites dans le régime Ikolen par les blancs, ce sont le maïs, les haricots et le riz. Ils cultivent aussi d’autres produits comme le coton (cordes), l’urucum (peintures corporelles, assaisonnement, insectifuge), les amandes, les haricots, la canne à sucre, les noix de coco, les ananas, les citrouilles, les bananes, les oranges, les citrons et mandarines.

La chasse et la pêche se font pour la consommation immédiate, il n’y a pas de stock, ni de commerce, ni de gaspillage. La chasse est une activité masculine qui touche une grande variété d’espèces chassées des oiseaux aux grands mammifères. Ils chassent seuls ou en groupe avec des techniques de chasse transmises de génération en génération : les pièges, l’imitation du cri de l’animal pour l’attirer, le pistage, l’arc et les flèches (dont certaines sont enduites de glu), les fusils de chasse.

La pêche concerne tout le monde, elle a lieu à la saison des pluies et elle est abondante dans les igarapés. A la saison sèche ils vont pêcher dans le rio Machado (où le poisson est abondant). Ils utilisent pour pêcher l’arc et les flèches avec des pointes de pupunha (palmier), os de jaguar ou métal, harpon, ligne et hameçon, tarrafa (filet circulaire). La pêche au timbo (liane avec une substance toxique pour les poissons) est fréquente en été.

Ils collectent également dans la selva des plantes pour la médecine traditionnelle, du miel, des fruits sauvages, patóa, babaçu.

Ils élèvent avec le soutien de la Funai et du gouvernement de l’état de Rondônia des bovins et des porcs à l’échelle familiale et communautaire.

Artisanat

Il est très varié et il est devenu commercial après les premiers contacts avec les non indiens. L’artisanat est surtout produit par les femmes bien que les hommes fabriquent eux aussi des objets en plumes de perroquets et d’aigles.

Les femmes fabriquent des colliers, des boucles d’oreilles, des bagues en tucumã, en inajá, en os d’animaux, des paniers, des filets en fibres végétales, des cordes en coton brut et lianes.

Pratiques rituelles

Mulheres da etnia Ikolen/Gavião na prova da corrida com tora

Malgré la présence des missionnaires sur leur territoire et les pressions de la société nationale, les pratiques traditionnelles comme le chamanisme, les savoirs traditionnels ikolen persistent et conquièrent peu à peu plus d’espace dans leur vie.

Plusieurs cérémonies sont effectuées liées à la récolte à différentes époques de l’année. Il y a des rituels de guérison par le chamanisme et la rencontre des chamans rassemblant les représentants des villages Ikolen et Karo au mois d’août.

Cosmovision

Pour eux la nature avec sa myriade de formes de vie végétale et animale est le résultat concret d’une série d’actes créatifs, exécutés par un personnage mi-homme, mi-dieu qui vivait sur terre au début des temps. Ils le nomment Gora.

Ils ont une riche tradition mythologique racontant les détails des événements aboutissant à la création du monde comme nous le connaissons.

Pour eux, toute interférence susceptible d’altérer les conditions de survie des espèces animales et végétales – en éteindre certaines au profit d’autres – aura outre ses effets socio-économiques et environnementaux une profonde signification religieuse. Cela provoque le chaos sur le plan spirituel –également dangereux pour les hommes – et offense l’ordre établi par Gora.

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La demeure des esprits

Pour eux chaque rivière ou igarapé a des propriétaires spirituels qui sont les Gonjan-ei, des groupes d’esprits qui vivent dans des villages au-dessus des rivières et possèdent le poisson, régulent les pluies, les tempêtes et les éclairs. C’est un groupe très important et redouté dans l’univers ikolen. Ils peuvent voler l’âme et l’emmener dans les villages souterrains causant la maladie et la mort au cas où le chaman ne pourrait pas découvrir la cause de la maladie et récupérer l’âme avant qu’il ne soit trop tard.

Ils disent qu’un changement radical dans le milieu aquatique provoquerait profondément le Gonjon-ei en tant que groupe pour deux rasisons ;

Parce qu’il tuerait de nombreux poissons et que les poissons appartiennent au Gonjan-ei étant des animaux domestiques.

Parce que cela modifierait l’organisation entière du monde aquatique d’aujourd’hui créant le chaos.

Source : pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Brésil, #Ikolen

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