Brésil : Le peuple Rikbaktsá

Publié le 11 Mai 2020

 

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Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état du Mato Grosso et qui était connu sous le nom d »orelhas de pau (oreilles de palo) ou « canoieros (canoeyeurs). Ils étaient considérés comme de féroces guerriers dans les années 1960 et ils ont dû faire face au processus de dépeuplement entraînant la mort de 75% de sa population. Une fois remis ils imposent encore de nos jours le respect de la population régionale pour leur persistance à défendre leurs droits territoriaux et leur mode de vie.

Le nom régional donné : canoieros (canoeros qui fait référence à leur capacité à utiliser des canoës.

Le nom « oreilhas de pau » a été donné en raison de l’utilisation d’énormes pièces en bois de caixeta (un type de bois clair facile à travailler (tabebuia caáinoides) inséré dans les lobes élargis des oreilles.

Population : 1514 personnes (2014)

Langue : rikbatsá, non classée dans une famille connue mais cependant incluse selon le SIL dans la racine linguistique macro-jê. Il y a une différence entre le discours masculin et le discours féminin, la terminaison de nombreux mots indique le sexe du locuteur.

Actuellement ils sont bilingues car ils ont incorporé le portugais.

Terres Indigènes

  • T.I Erikpasa – 79.935 hectares, 676 personnes, réserve homologuée. Ville : Brasnorte.
  • T.I Escondido – 168.938 hectares, 45 personnes, homologuée. Ville : Cotriguaçu.
  • T.I Japuíra – 152.509 hectares, 357 personnes, homologuée. Ville : Juara

 

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Activités économiques

La nature est considérée comme une grande source dans laquelle les Rikaktsá sont immergés. Les connaissances millénaires sont acquises et transmises oralement pour les espèces végétales, animales et leurs interrelations dans les cycles de reproduction ainsi que les techniques de leur utilisation appropriées qui garantissent une reproduction biologique et sociale. La division du travail se fait selon le sexe profitant et renforçant les liens d’interdépendance préexistants au niveau de la reproduction biologique.

L’autonomie économique et politique des groupes domestiques est constituée d’unités de production et consommation contrebalancée par les relations dans le système de parenté et l’ordre rituel.

Selon eux ils sont plus chasseurs que cueilleurs et agriculteurs mais l’agriculture et les fêtes rituelles associées jouent un rôle central dans le rythme et l’organisation de la vie sociale. Leur économie alterne des activités différenciées tout au long de l’année en se concentrant pour chacune d’elle de façon saisonnière. L’unité de production et consommation quotidiennes est la famille élargie (les résidents d’une maison). Ce n’est qu’au cours des rituels qui accompagnent la vie agricole (défrichement des champs de culture, récolte du maïs) et d’autres occasions qu’il y a une coopération plus large.

Les champs de culture sont de forme circulaire, de deux hectares chacun et une ou plusieurs espèces y sont plantées. Tous les 2 ou 3 ans de nouveaux champs sont ouverts et ils abandonnent les précédents afin que la jungle reprenne ses droits sur cet espace. Ils cultivent du maïs, des patates douces, du cará, du manioc, de l’igname, du riz, des haricots, des fèves, du coton, du roucou, des bananes, de la canne à sucre, du coton, des arachides, des citrouilles, des ananas, des agrumes, du tabac (à des fins médicinales).

La chasse

Une grande partie de la nourriture consommée vient de la chasse, de la pêche et de la cueillette tout au long de l’année.

La chasse est une activité d’excellence pour les hommes car le rôle social chasseur/guerrier est le point central de référence pour l’ensemble des valeurs constituant l’identité masculine du pourvoyeur de nourriture et du défenseur de la communauté.

Ils consomment presque tous les animaux présents dans leur habitat à part le jacaré, le tamandu, les cobras, les jaguars, certains singes.

Les gibiers les plus appréciés sont le pécari, le caititu (ayassu tajacu), le coati, le paca, le cerf, le tapir, mulita canastra (tatou).

La pêche et la cueillette

Ils pêchent toutes sortes de poissons et récoltes des œufs de tucumaré (cichla sp.), des œufs de tracajá ou cagado (mauremys leprosa) sur les plages. Les enfants dès l’âge de 3 ans en jouant dans les ports du village tuent de petits poissons avec leurs petits arcs et flèches à 3 pointes. Ils attrapent à la main des poissons nouvellement éclos dans la végétation submergée au bord des cours d’eau, les consommant crus s’ils sont tout petits.

La nourriture la plus collectée sont les châtaignes, elles ont une grande valeur nutritive et sont consommées entières, râpées, cuites sous forme de farine, de mingau (bouillie), dans le beiju (manioc), en pain, gâteaux ou huile pour la friture.

Le miel est très consommé et obtenu à partir de différents types d’abeilles. Il est utilisé pour sucrer, en mélange avec de l’eau ou dans la chicha. Ils préfèrent le miel au sucre.

Elevage

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Ils élèvent diverses espèces d’oiseaux pour leur fournir des plumes pour les ornements, aras, perruches, pénélopes, hoccos et il est courant de voir des aras sur le sol et dans les maisons environnantes, à l’intérieur ou dans les arbres voisins. Ils élèvent également des poulets pour leurs œufs et leur viande, les plumes de la queue des coqs pour les ornements, des chiens comme auxiliaires à la chasse.

Ils ont incorporé des marchandises et des ustensiles produits par la société dominante avec laquelle ils entretiennent des relations commerciales pour obtenir un revenu monétaire grâce à la production et la commercialisation de caoutchouc, châtaignes et artisanat (leur art des plumes est considéré comme le plus beau par les groupes tribaux du Brésil).

Ces dernières années les défrichements autour de leurs terres ont affecté la présence du gibier dans les forêts et des poissons dans les rivières les rendant plus dépendants à l’égard du marché. Ils ont développé une alternative économique au modèle d’occupation régionale marqué par les vastes défrichements et en 1998 ils ont pu mettre en place un projet de gestion durable non ligneuse axe sur l’extraction et le conditionnement des cœurs de palmier à vendre et ils prévoient d’obtenir des avantages dans la commercialisation des châtaignes et d’autres produits.

Il s’agit de l’Association Indigène Rikbaktsá fondée en 1995 avec les conseils techniques de l’Institut d’Etudes Environnementales IPA et de l’institut de soutien développement humain et environnemental  TROPICS ainsi que de la Funai.

Organisation sociale

Foto: Rinaldo S.V. Arruda, 1994

Le village traditionnel comprenait une ou deux maisons habitées par des familles élargies, de la maison des hommes (rodeio en portugais, makyry dans leur langue) où résidaient les veufs et les hommes célibataires. Avec la centralisation imposée par les jésuites les villages sont devenus moins grands, moins nombreux et situés le long des rives du rio Juruena.

Actuellement il y a 33 villages dans les T.I et les zones contigues situées le long des rios Juruena, Sangue et Arinos. En 1998 ils ont construit un nouveau village dans la T.I Do Escondido.

Ils divisent les êtres de l’univers en deux séries opposées et complémentaires. Cette division fonctionne aussi dans la société Rikbaktsá et configure le système de parenté. La société est divisée en moitiés exogames, l’une associée à l’ara jaune et l’autre associée à une espèce d’araignée. Chacune est subdivisée en plusieurs clans associés à différents animaux et plantes.

Les mariages ont lieu entre les deux moitiés. La progéniture est patrilinéaire et basée sur la croyance qu’un enfant est généré par le père, il lui ressemble toujours et non à la mère. Ils pensent aussi que tout homme qui a des relations sexuelles avec une femme enceinte est impliqué dans la paternité. Ils disent que le fils prend la place du père et assure ainsi la continuité.

La résidence est uxorilocale, c’est-à-dire qu’une fois marié l’homme va vivre dans la famille de sa femme.

La monogamie est la règle générale et la polygamie parfois autorisée et pratiquée.

Von Agência Brasil (no other authorship available) - http://www.agenciabrasil.gov.br/galerias-de-fotos/2007/12/03/galeria_de_fotos.2007-12-03.1946159578/view, CC BY 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6949220

Organisation politique

La société Rikbaktsá est basée sur les relations réciproques établies entre les clans appartenant aux moitiés de parenté qui les articulent dans la communauté plus large.  Ils échangent des femmes par le biais du mariage, ils échangent des biens et du travail pendant les festivités qu’une moitié offre à l’autre pour aider au défrichage et aux plantations.

Dans la chasse il y a aussi une interdépendance car le chasseur donne l’animal chassé à son compagnon, le plus souvent son beau-frère de l’autre moitié.

Chaque groupe domestique est constitué comme une unité politique. Dans la tradition les chefs n’existaient pas bien que certains aient pu émerger et transcender une maison ou un village. Aujourd’hui d’autres types de leaders émergent, des jeunes ayant une meilleure connaissance de la société qui les entour et qui peuvent apporter des réponses plus adéquates aux problèmes rencontrés avec le contact.

Soins et activités rituelles

La maladie est conçue comme un déséquilibre résultant de la rupture des tabous ou encore le produit d’un sort ou d’un empoisonnement causé par un ennemi. Les techniques de guérison traditionnelles sont basées sur l’utilisation de nombreuses plantes aux propriétés médicinales et de purifications rituelles.

Toutes les activités, chasse, cueillette, pêche, agriculture sont ritualisées dans un cycle cérémoniel marqué par le calendrier du cycle agricole.

Pour eux la musique, les chansons, les accessoires de plumes revêtent une importance fondamentale car ils expriment leur univers social et mythique et leurs formes de sensibilité affective, esthétique et religieuse.

Le festival qui se démarque est celui du maïs vert en janvier puis celui de la clairière en mai et ensuite d’autres plus mineurs suivent tout au long de l’année.

Les Rikbaktsá sont d’excellents joueurs de flûte et chanteurs, musique et danse accompagnent toutes les occasions de fête.

 

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Source : pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Brésil, #Rikbaktsá

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