Brésil : Le peuple Kokama

Publié le 31 Mai 2020

 

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Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état d’Amazonas et habitant les rives du rio Solimões. Les contacts avec les sociétés non indigènes remontent aux premières décennies de la colonisation. Les déplacements et les implantations forcées dans des villages imposées par les missionnaires puis par les fronts d’extraction ont créé un contexte si défavorable que la reproduction physique et culturelle de ces groupes a été bloquée par le déni d’identité autochtone pendant plusieurs décennies. Depuis les années 1980 néanmoins, l’identité Kokama est de plus en plus valorisée dans le cadre des luttes politiques (avec d’autres peuples du Solimões) pour la terre et l’accès à des programmes différenciés d’éducation et des alternatives économiques.

Langue : cocama, de la famille tupi-guarani très liée à la langue omagua (kambeba). Peu de locuteurs de cette langue au Brésil.

Population : Etat d’Amazonas au Brésil : 14.314 personnes (2014)

Autres populations en Colombie : 236 personnes (1988)

Au Pérou : 11.370 personnes (2007)

Localisation et terres indigènes au Brésil

  • T.I Acapuri de Cima – 19.400 hectares, 237 personnes, réserve déclarée. Villes : Fonte Boa et Jutaí.
  • T.I Barro Alto – 1937 hectares, 62 personnes, réserve homologuée. Ville : Tonantins.
  • T.I Espírito Santo – 33.849 hectares, 425 personnes, réserve homologuée. Ville : Jutaí.
  • T.I Guanabara – 15.600 hectares, 382 personnes, réserve déclarée. Ville : Benjamin Constant.
  • T.I Ilha do Cameleão – 236 hectares, 565 personnes. Réserve homologuée. Ville : Anamã. 2 peuples y vivent : Kokama (langue tupí-guaraní) et Ticuna (langue tikuna).
  • T.I Lago do Correio – 13.209 hectares, 50 personnes, réserve homologuée. Ville : São Antônio do Içá. 2 peuples y vivent : Kokama (langue tupí-guaraní) et Ticuna (langue tikuna).
  • T.I Prosperidade – 5572 hectares, 156 personnes, réserve homologuée. Ville : Tonantins.
  • T.I Riozinho – 362.495 hectares, 196 personnes, réserve déclarée. Villes : Juruá, Jjutaí. 2 peuples y vivent : Kokama (langue tupí-guaraní) et Ticuna (langue tikuna).
  • T.I Santa Cruz da Nova Aliança – 5969 hectares, 339 personnes, réserve homologuée. Ville : Tonantins.
  • T.I Domingos do Jacapari e Estaçao – 134.781 hectares, 604 personnes,  réserve homologuée. Villes : Jutaí, Tonantins.
  • T.I São Gabriel/São Salvador – 203 personnes, en cours d’identification.
  • T.I Sapotal, 1264 hectares, 524 personnes, réserve homologuée. Ville : Tabatinga.
  • T.I Sururuá – 36.125 hectares, 197 personnes, réserve déclarée. Villes : Benjamin Constant, São Paulo de Olivença. 2 peuples y vivent : Kokama (langue tupí-guaraní) et Ticuna (langue tikuna).

 

TI Sapotal

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Organisation sociale

Les relations familiales constituent la base de l’organisation interne kokama. Il y a une relation étroite entre la proximité physique et généalogique dans l’agencement des maisons. Une communauté est composée uniquement de groupes de parents avec des liens étroits entre eux. Tous les villages sont organisés selon les mêmes critères d’aménagement spatial en enfilade et proches les uns des autres, les façades des maisons tournées vers le cours d’eau et le fond vers la zone forestière. Les maisons sont construites sur pilotis. Avant les premiers contacts les familles élargies vivaient dans des malocas. La règle de résidence était patrilocale et la progéniture patrilinéaire.

L’organisation politique est sans chef et décentralisée. Les chefs ou responsables de famille se consacrent à l’autorité du groupe domestique ou de la famille élargie.

Mode de vie traditionnel

Dans la tradition ils étaient pêcheurs et chasseurs. Les hommes fabriquaient des arcs et des flèches, des hameçons, les femmes s’occupaient des repas, de l’approvisionnement en eau, de l’aide dans les champs, du transport des denrées.

Vêtements

Dans la tradition les hommes portaient un cushma, une sorte de chemise atteignant les genoux avec des motifs géométriques violet, bleu et jaune. Les femmes portaient une sorte de tunique en coton nouée à la taille atteignant les genoux, elles avaient un châle sur les épaules. Elles  portaient des ornements en plumes, une ceinture en coton, des bracelets ; des bracelets de cheville.

Ils fabriquaient des paniers cylindriques avec des dessins hexagonaux, des tamis en feuilles et en écorces.

 

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L’ajuri

L’ajuri est une sorte de travail collectif réunissant plusieurs groupes familiaux pour un travail de grande ampleur et suivi d’un repas avec la consommation de boisson à base de manioc fermenté, le pajuaru. Cette habitude est partagée avec d’autres peuples indigènes de la région du Solimões, Kambeba et Tikuna entre autres.

Les Kokama étaient un peuple de tradition guerrière qui organisait des expéditions de 40/60 pirogues pour aller affronter leurs ennemis.

La mort était conçue par les Kokama comme un état dépourvu de limitations et de souffrances dans lequel tous les biens corporels difficiles d’accès ou dangereux pendant la vie sur terre étaient appréciés sans mesure. Dans cette autre vie, ils retrouvent leurs proches et peuvent vivre l’idéal de manger, boire, chanter, danser avec la tête de leurs ennemis.

Chamanisme

Chez les Kokama il existe 4 classes de chamanes.

Les souffleurs qui guérissent en soufflant ou en imposant leurs mains sur la partie infectée du corps du patient, ils soufflent également sur la nourriture et les boissons donnés comme remèdes.

Les chanteurs qui s’installent à côté du patient et chantent des chansons invoquant les esprits incarnés dans des oiseaux ou d’autres animaux, ils prient pour que l’âme du patient ne l’abandonne pas.

Ceux qui aspirent la partie infectée afin d’extraire le sort.

Le dernier chaman est l’ayunador qui utilise des jeûnes rigoureux que doivent subir également le patient et ses proches pour qu’il découvre l’origine du mal.

Les chamans les plus célèbres étaient ceux qui se retiraient de la communauté dans une hutte et jeûnaient pour invoquer des esprits pendant plusieurs jours et revenaient avec le message reçu des esprits sur les causes des dommages.

Les autres chamanes utilisaient des hallucinogènes en particulier l’ayahuasca au cours de séances réunissant de nombreux participants et duraient toute la nuit.

Ressources

 

 

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L’agriculture est devenue la base alimentaire de la subsistance et le manioc le produit le plus courant, il joue un rôle important dans l’alimentation quotidienne  et la farine est aussi un moyen d’échange interne et commercial. Les produits qu’ils récoltent qui ont de la valeur commerciale sont le miel de jandaira, le bois, les châtaignes ou noix du Brésil, le poisson, les poulets, les bananes, les porcs, les fruits cultivés ou récoltés.

La zone où sont situées la plupart des terres indigènes est constituée par le varzea, inondé sporadiquement où ils cultivent des plantes vivaces ou semi vivaces comme le cacao, la goyave, les noix de coco, le palmier açai, les citrons, les bananes, ces produits étant consommés par les familles. Dans les zones inférieures du varzea inondées par période par la crue du rio Solimões ils plantent des cultures de cycle court comme les pastèques, le maïs, les haricots, les courges, ces produits étant utilisés pour la consommation interne et la vente des excédents sur le marché.

Forêt de varzea sur les bords de l'Amazone   CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1717205

La pêche est une activité fondamentale pour obtenir des protéines et des revenus monétaires en vendant du poisson sur le marché. La pêche se réalise avec l’arc et les flèches, le fil et l’hameçon et la technique du timbo,du curico.

Les poissons les plus appréciés sont le pirarucu, le tambaqui, le curimatá, le pacú, le matrinchã, le piranha, le poisson-chat, le tucunaré.

La chasse

Ils chassent pendant les périodes d’inondation quand les poissons se font rares. Les espèces chassées sont des oiseaux (perdrix, hocco, tinamous), des crocodiles, des singes noirs, capucins. Ils utilisent à présent des armes à feu.

Ils élèvent également des poulets, des canards, des porcs pour leur consommation et des chiens pour les aider à la chasse.

Bacaba Par Agcandrei — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=51944716

La cueillette est une pratique régulière qui a lieu à proximité du village. Les produits recherchés sont les fruits, les racines, le bois, la paille, les lianes (titica, imbe), l’açai, le bacaba (oenocarpus bacaba), le bacuri (platonia insignis), l’inga, le camu-camu, l’achiote ou roucou, le buriti (mauritia flexuosa).

Source : pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Peuples originaires, #Kokama

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