Brésil : Le peuple Galibi Marworno
Publié le 14 Mai 2020
Peuple autochtone du Brésil vivant dans de vastes savanes et de vastes champs de l’état d’Amapá, un « pays d’oiseaux blancs et d’alligators sombres ». ils disent qu’ils sont un peuple « mixte et unis ». leur nourriture est saine et simple : poisson, farine et tucupi. Le caxiri, la boisson des indiens, des chamans et des esprits karuaña n’est jamais absente des festivités.
Nom : galibi marworno est leur autodésignation qui s’est imposée dans la dernière décennie et a remplacé les termes galibi de l’Uaçá ou uaçauara (peuple d’Uaçá en patois). Ceux qui se définissent ainsi composent un peuple indigène de populations ethniquement diverses : aruã, maraon, karipuna (locuteurs de tupi), galibi (locuteurs de la langue geral dérivée du galibi) et même des non indiens.
Population : 2529 personnes (2014)
Localisation et Terres Indigènes
- T.I Juminá – 41.601 hectares, 121 personnes, réserve homologuée. Ville : Oiapoque. 2 peuples y vivent : Galibi-Marworno (langue créole) et Karipuna de l’Amapá (langue créole).
- T.I Uaçá I et II – 470.164 hectares, 4462 personnes, réserve homologuée, ville : Oiapoque. 3 peuples y vivent : Galibi-Marworno (langue créole) et Karipuna de l’Amapá (langue créole) et Palikur (langue arawak).
La rivière Uaçá est la grande référence spatiale de ce peuple, il se jette dans l’estuaire du rio Oiapoque lui-même, qui délimité les états du Brésil et de Guyane française.
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Brésil - Peuple Galibi Marworno - Histoire - coco Magnanville
image L'histoire de la population galibi-marworno se réfère aux trajectoires de différentes populations, des migrants d'anciennes missions, des fugitifs de l'emprisonnement, qui ont créé des r...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2020/05/bresil-peuple-galibi-marworno-histoire.html
Langue : leur langue actuelle présente en tant que langue maternelle une variante du créole parlé en Guyane française. Cette langue est utilisée comme lingua franca des peuples indigènes de l’Oiapoque inférieur qui reconnaissent les différences phonétiques entre celle parlée par les Karipuna et la langue parlée par les Galibi Marworno.
Activités commerciales et de subsistance
Les activités de subsistante varient selon les saisons de l’année, soit sèche, soit pluvieuse. La saison sèche dure de juillet à novembre et la saison pluvieuse de décembre à juin. Les activités se réalisent sur le cours supérieur de la rivière dans les selvas parcourues pour chasser, récolter ou abattre du bois et dans les rivières pour pêcher.
Le travail collectif est réalisé dans les plantations par des maïuhi, des groupes de personnes qui effectuent des taches communes. Pour autant chaque famille vend sa production de son côté selon les préférences commerciales disponibles pour le faire (avec des intermédiaires, sur le marché ou sur la rivière directement au consommateur).
Le poisson et la viande de gibier selon des normes de préservation de l’environnement ne sont pas vendues en dehors de la zone indigène. La pêche est soumise à des périodes de restriction pour protéger le frai, surtout en ce qui concerne le pirarucu, la chasse au jacaré est interdite.
Les armes utilisées pour la pêche sont traditionnelles : l’arc et les flèches, le harpon, le zagaia.
Depuis les années 1930 ils vendent les excédents de leur production dont la farine de manioc qui est le principal produit vendu. Ce produit sert de monnaie d’échange pour acquérir d’autres produits alimentaires dans le village.
D’autres activités se font collectivement : la fabrication des canoës, l’abattage des arbres. Ces activités se font pendant les périodes libres de taches agricoles.
Ils vendent aussi de l’artisanat en quantités insignifiantes (colliers de graines, perles, dents de singes, os de cerf, bols gravés, arcs et flèches, tout ceci est ornemental produit pour le public). Sinon ils produisent pour eux des pointes de flèches richement travaillées.
Exemple d’un village


Foto: Vincent Carelli, 1982
Le village de Kumarumã est situé sur une grande île sur la rive gauche du cours moyens du rio Uaçá. C’est une petite ville en forme de croissant entourant un champ inondé. 163 maisons sont occupées par 6 à 10 personnes. Il y a eu des tentatives d’urbanisation de ce village : aménagement de ses rues, poteaux d’éclairage électrique, une grande tour a été érigée pour supporter un réservoir de’eau et un réseau de canalisations a été mis en place pour que les maisons puissent se ravitailler en eau mais de nos jours cela ne fonctionne pas.
Les maisons sont de style palafitos (sur pilotis), de forme rectangulaire avec des murs et un plancher en bois. Un petit escalier permet d’accéder à l’entrée, à l’intérieur il y a plusieurs divisions séparant la pièce principale des chambres à coucher. Ils dorment sur des nattes de roseau recouvertes d’une grande moustiquaire et maintenant dans des hamacs ou parfois des lits.
Relations politiques
La direction traditionnelle était composée de chefs des groupes locaux, des familles élargies occupant les îles du rio Uaçá. Certains néanmoins avaient plus de prestige et des familles plus nombreuses. Ceux-ci ont réussi à rassembler des groupes locaux pour la fête du Turé et de Santa María où une grande quantité de caxiri était consommée. Un réseau de sociabilité s’est formé dans le cours supérieur du rio Uaçá. Certains chefs sont restés dans la mémoire orale pour leur autorité et la crainte qu’ils inspiraient promouvant des alliances pas toujours bénéfiques pour les familles dans l’ensemble.
Actuellement dans le village de Kaumarumã il y a un fort sentiment de communication institutionnalisée, les décisions sont prises ensemble. Le cacique est conseillé par le vice-cacique et les conseillers communautaires en plus du chef du poste qui est indigène. Pour discuter des problèmes internes, le cacique, le vice cacique et les conseillers rencontrent la communauté après sa convocation. Une fois par an une assemblée interne est requise pour discuter des stratégies politiques, des projets économiques, des problèmes internes.
Chaman et Turé
Leur cosmologie et leur chamanisme dépendent du contact avec les karuãna les esprits auxiliaires des chamans et les habitants de l’autre monde. Les karuãna ne sont pas égaux entre eux et remplissent des fonctions différentes. Certains sont plus puissants et fournissent de l’aide mais ils peuvent aussi être dangereux et donc doivent être contrôlés.
Les oiseaux tiennent une grande place dans le chamanisme des Galibi Marworno, en tant qu’individus. Chaque chaman a un petit banc ou une chaise ornithomorphe sur lequel il s’assoit pour effectuer toute action impliquant un contact avec les karuãna.
Les bancs d’oiseaux sont recouverts de dessins avec 2 motifs de base, kroari et dãndelo. Ce sont des ressources ornementales mais qui servent à exprimer de nombreuses significations et représentent l’expression d’une métaphore fondatrice des groupes de l’Uaçá qui reposent sur la dichotomie ouvert vers l’extérieur/fermé.

Le Turé est considéré comme le rituel traditionnel des Galibi Marworno. Il est effectué normalement entre octobre et novembre au moment de la saison sèche et de l’ouverture des champs. De nos jours il n’est pas éxécuté car ils n’ont plus de chaman au village pour diriger le rituel. Ce rituel est pour eux quelque chose de sérieux et dangereux qui doit être fait selon les règles bien définies afin d’être une source de bonheur et ne pas causer de malheur.
Source : pib.socioambiental.org