Mexique/Ayotzinapa - Même si la mer s'assèche et que la tempête fait rage, je te chercherai toujours

Publié le 27 Avril 2020

26 avril 2020 par Tlachinollan

Ayotzinapa, Guerrero, 26 avril 2020 - Les mères et les pères des 43 étudiants d'Ayotzinapa, disparus de force, envoient un salut fraternel et combatif à tous les compañeros et compañeras qui ont combattu avec nous depuis le 26 septembre 2014.

Nous vous disons que rien ne nous empêchera de continuer à rechercher nos enfants quoi qu'il arrive. D'ici, nous adressons également nos condoléances à toutes les familles dont les proches sont morts du coronavirus, en espérant qu'elles trouveront bientôt du réconfort et nous leur disons que leur douleur est la nôtre ; que leurs proches ne sont pas des figures froides et inertes, mais des vies dont nous nous souvenons et que nous suivons leur exemple.

Aujourd'hui, les riches et les puissants se montrent dans la peur et l'incertitude. Avant qu'ils ne marchent avec arrogance et ne regardent ceux d'en bas. Leur pouvoir et leur argent leur ont fait croire qu'ils étaient au-dessus de la terre mère et de la nature. Maintenant, rien n'est sûr.

Nous voulons vous dire que nous, les mères et les pères, sommes tous des indigènes et des paysans et que depuis notre naissance, rien n'était sûr. L'incertitude et la mort ont toujours été une possibilité proche, la faim, la pauvreté, le manque d'accès aux services de santé sont des maux dont nous avons toujours souffert. Chaque jour qui se lève, nous devons nous battre du lever au coucher du soleil pour survivre et ne pas mourir de faim, mais nous vivons toujours en harmonie avec notre mère la terre. La disparition de nos enfants nous a frappés et a transformé notre vie compliquée en un cauchemar dont nous ne pouvons pas nous réveiller.

Maintenant que les riches et les puissants et leurs gouvernements savent ce que c'est que d'avoir la possibilité de mourir au coin de la rue, rien n'est plus sûr, ni leur pouvoir, ni leur argent. Leur bulle capitaliste et mercantiliste les a empêchés de voir que nous sommes des êtres vulnérables et que nous devons respecter ce qui nous entoure.

Pour le reste, les mères et les pères des 43 étudiants veulent vous informer que les enquêtes et les recherches ont fait peu de progrès, puisque d'importantes découvertes ont été faites qui sont en train d'être identifiées dans les laboratoires de l'Université d'Innsbruck, trois arrestations ont été effectuées et un mandat d'arrêt a été émis à l'encontre de Tomás Zeron de Lucio, ancien chef de l'Agence d'investigation criminelle et l'un de ceux qui ont construit le mensonge historique. Toutefois, ces mesures ne suffisent pas pour retrouver nos enfants, connaître la vérité et avoir accès à la justice.

Nous sommes préoccupés par le fait que la contingence décrétée par la pandémie de Covid-19 sert l'inaction des autorités forcées de chercher et d'enquêter sur le lieu où se trouvent nos enfants et que l'agenda médiatique concentré sur la question de la santé rend invisible les disparus et la douleur que vivent chaque jour les mères et les pères.

Il est nécessaire que le gouvernement cherche des mécanismes adéquats pour que, sans enfreindre les règles établies par l'éventualité sanitaire, la recherche et l'enquête ne s'arrêtent pas.

Pour notre part, nous ne resterons pas silencieux. Le 26 de chaque mois, notre voix se fera entendre pour demander une présentation en vie des 43. Que rien ne nous arrête, que rien ne nous fasse taire.

CORDIALEMENT

PARCE QUE VIVANTS, ILS LES ONT PRIS, VIVANTS, NOUS LES VOULONS !

Comité des mères et des pères de 43.

traduction carolita d'un communiqué paru sur Tlachinollan.org le 26 avril 2020

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Mexique, #Peuples originaires, #Los desaparecidos, #Ayotzinapa

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