Les migrants dans le contexte de la pandémie américaine : entre absence absolue de protection et abandon
Publié le 18 Avril 2020
Guillermo Castillo
17 avril 2020
....les migrants irréguliers et forcés sont les nouveaux parias du monde. Leur condition de parias planétaires, entre autres processus de violence structurelle, est liée à deux dynamiques. D'une part, une fois dans le pays de destination, les migrants sont des travailleurs exploités, dont la marginalisation réside non seulement dans les heures supplémentaires et les bas salaires, mais aussi dans l'absence de droits du travail et de services sociaux. D'autre part, faute de documents migratoires et de citoyenneté dans le pays de destination et dans des cadres de criminalisation injustifiés, les migrants n'ont pas accès au respect de leurs droits humains, ni à la sécurité sociale de base dont tout individu devrait bénéficier dans les sociétés modernes et démocratiques d'aujourd'hui. Arbre d'Urbano.
Pour Balderrama, penser que le monde peut être un endroit plus juste et plus inclusif...
Selon des estimations récentes de l'Organisation Mondiale de la Santé, les États-Unis sont devenus le centre de la pandémie mondiale du COVID 19 (avec près de 600 000 personnes infectées et plus de 24 000 décès). Et, selon le site d'information Democracy Now et dans le contexte où New York est la région la plus touchée par les infections et les décès, parmi les groupes les plus touchés figurent les Latinos et les Afro-Américains. Cela est dû à trois processus principaux.
(1) D'une part, à la grande capacité de contagion du virus (ce qui explique sa grande dispersion géographique aux États-Unis et dans le monde entier).
(2) Mais, d'autre part, dans le cas des États-Unis, à cela s'ajoute la détérioration structurelle et chronique, la réduction et la privatisation des systèmes de santé américains, une situation qui découle de décennies de politiques néolibérales et de libre marché.
(3) Enfin, et comme le montrent Democracy Now et le New York Times, la pandémie a été amplifiée par la réponse tardive, erratique et inefficace du gouvernement américain (caractérisée par l'attitude négligente et indifférente du président américain à l'égard de la grande majorité de la population).
Depuis des décennies, les États-Unis sont également l'un des pays du nord du monde qui compte le plus grand nombre de migrants réguliers et irréguliers. En particulier, les migrants irréguliers se comptent par millions et jouent un rôle clé dans divers créneaux productifs de l'économie de ce pays, de l'agriculture, de la construction, de l'industrie manufacturière, au secteur des services (tourisme, activités de nettoyage, répartiteurs de magasins, etc.) Non seulement ces migrants constituent une main-d'œuvre bon marché, flexible et très précaire, mais comme ils ne bénéficient pas d'avantages sociaux et sont mal payés et exploités, ils augmentent aussi considérablement les bénéfices des entreprises (dans le cadre des processus d'accroissement de la richesse et d'accumulation du capital).
Depuis des années maintenant, et dans le contexte de l'actuel gouvernement américain, ces migrants irréguliers ont déjà subi une série de processus de violence et d'exclusion (criminalisation, raids massifs, expulsions, séparation des familles et discours et pratiques racistes), tant de la part des institutions gouvernementales que des groupes nativistes xénophobes. Aujourd'hui, avec l'éventualité du COVID 19, leur situation est devenue plus précaire à plusieurs niveaux [1].
- Comme le rapporte La Jornada, la majorité des migrants en situation irrégulière (des centaines de milliers) n'ont pas accès aux services de santé et, dans le contexte actuel, ne peuvent pas recevoir de soins médicaux parce qu'ils n'ont pas de documents migratoires et que leurs conditions de travail sont partielles et incomplètes [2].
- Dans le cadre des mesures visant à contenir la pandémie, les journalistes de La Jornada ont expliqué comment le processus d'isolement social et de suspension des activités économiques signifie la suspension temporaire du travail pour des millions de ces migrants sans papiers. Sont particulièrement touchés ceux qui travaillent dans la construction, l'industrie et les services [3]. Ils sont maintenant privés des moyens de subsistance dont ils ont besoin pour survivre.
- En revanche, il existe des centaines de milliers de ces migrants qui effectuent des travaux considérés comme "essentiels", et qui sont clairement à risque et exposés au COVID 19. Il s'agit de ceux qui travaillent dans l'agriculture (près de 2,5 millions de journaliers), ou de ceux qui travaillent dans des services de messagerie ou de nettoyage dans des secteurs clés (hôpitaux, magasins d'alimentation, etc.) [4]. Ces travailleurs sont extrêmement vulnérables au virus, non seulement parce qu'ils y restent exposés, mais aussi parce que, s'ils tombent malades, ils n'ont pas accès aux services médicaux.
- En outre, l'impact de cette pandémie aux États-Unis aura des effets négatifs et une longue période de récupération pour de nombreuses personnes, en particulier pour la population migrante [5]. En raison de la récession économique qui menace le monde et les États-Unis en particulier, il y aura une contraction du marché du travail et des milliers de ces migrants en situation irrégulière perdront leur emploi de façon permanente, ce qui aggravera encore leur situation d'exclusion et leur vulnérabilité socio-économique.
Aujourd'hui, comme avant la pandémie, les migrants sans papiers font partie des groupes les plus exclus et les plus oubliés.
Notes
NOTAS
[1]https://www.jornada.com.mx/2020/04/11/mundo/024n1mun
[3]https://www.jornada.com.mx/2020/04/11/mundo/024n1mun
traduction carolita d'un article paru sur Desinformémonos le 17 avril 2020
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