L'urgence s'appelle la faim
Publié le 17 Avril 2020
COMMUNICATION 16 avril 2020
Communiqué de presse
Face à la situation d'extrême calamité que vivent les communautés indigènes du Paraguay, en raison des mesures imposées dans le cadre du Covid 19, l'Organisation des femmes paysannes et indigènes Conamuri, déclare ce qui suit :
La quarantaine nous oblige tous à nous réfugier dans nos maisons pour éviter la propagation de la maladie ; avec cela, de nombreuses familles ont été laissées dans la détresse car elles ont perdu leur source de revenus. Les mesures adoptées par le gouvernement de Mario Abdo, consistant à endetter les citoyens par des prêts internationaux pour plusieurs milliers de dollars et pendant de nombreuses années, afin d'atténuer d'une certaine manière les effets du coronavirus, sont contaminées par des procédures opaques qui finissent par causer des dommages aussi importants que ce que l'on veut éviter.
Dans le cas des familles indigènes, ces subventions ne sont pas suffisantes car la majorité d'entre elles reçoivent tous les deux ou trois mois la contribution de Tekoporã, un transfert conditionnel en espèces, et pour cette même raison elles sont exclues de la liste des bénéficiaires. L'aide doit provenir de l'Institut Paraguayen des Indigènes (INDI) sous forme de nourriture et de marchandises, mais elle ne parvient pas à toutes les communautés et, lorsqu'elle le fait, elle peut facilement prendre trop de temps.
Nous, les communautés indigènes, sommes littéralement sur la brèche, à la fois face à la pandémie et face à la faim qui commence à balayer les territoires.
Dans des circonstances normales, l'INDI et les gouvernements ignorent les peuples indigènes, et si cela est déjà criminel, dans ce scénario décourageant, c'est pour les pousser à l'extinction définitive. Par conséquent, si l'absence de réponse des autorités nationales se poursuit, nous irons nous mobiliser dans les jours qui suivent.
Si la situation se poursuit au même rythme, le coronavirus sera le moindre des défis que devront relever les peuples indigènes, car ils sont en complète détresse, sans nourriture, sans médicaments, sans possibilité d'aller chercher ce dont ils ont besoin pour survivre.
Il est clair que la quarantaine est une mesure de prévention efficace, mais elle a pris par surprise le pays qui traîne en lui-même des décennies de misère imposée, responsabilité exclusive des gouvernements colorados, habitués à la corruption, à l'inégalité, à l'impunité, à la narco-politique et, par conséquent, à l'oubli systématique des besoins de tous les paraguayens, en particulier des peuples indigènes.
Nous exigeons que les autorités respectent leurs engagements envers les peuples indigènes, conformément à la Convention 169 et à d'autres instruments juridiques, afin de les protéger, en particulier dans les circonstances actuelles.
traduction carolita d'un communiqué de Conamuri du 16 avril 2020