Equateur - Les peuples indigènes demandent la création d'un comité technique de haut niveau pour la prévention des infections

Publié le 2 Avril 2020

Servindi, 1er avril 2020 - Dans une déclaration adressée au président Lenin Moreno, les principales organisations indigènes et paysannes d'Équateur demandent à être déclarées particulièrement vulnérables à la pandémie de coronavirus.

Dans ce document, elles détaillent les conditions d'exclusion et le manque de soins interculturels adéquats, qui les maintiennent dans le risque d'augmenter les chiffres de la contagion dans leur pays.

Activités stratégiques


Le gouvernement équatorien a décidé que des activités telles que l'exploitation minière et des hydrocarbures ne doivent pas être arrêtées parce qu'elles sont considérées comme stratégiques, au même titre que les services financiers, sanitaires et autres.

Cependant, il n'a proposé aucune stratégie pour isoler les communautés qui vivent avec ces projets, ce qui suscite l'inquiétude de la population.

Dans un dialogue avec Servindi, Paola Maldonado, présidente de la Fundación Aldea, a déclaré qu'il y a une consternation dans les communautés car elles ne sentent aucun soutien de la part du gouvernement, alors qu'elles voient comment la protection militaire et policière se déplace vers les camps miniers et pétroliers.

"De nombreuses nationalités ferment leurs frontières, dans l'exercice de leur autonomie, et comme la mesure la plus efficace qu'elles ont trouvée pour se protéger", a-t-elle déclaré.

"Le gouvernement équatorien n'a pas produit d'informations culturellement appropriées, ni n'élabore une stratégie adéquate pour leur diffusion", a-t-elle ajouté.

Il n'existe pas non plus de stratégie de biosécurité pour les agriculteurs familiaux qui, selon la FAO, fournissent 80 % de la nourriture consommée dans le pays.

Et ce, malgré le fait que la fourniture de nourriture figure sur la liste des activités stratégiques que le gouvernement du pays souhaite maintenir à pleine capacité.

Entre deux feux


L'un des problèmes les plus graves de la situation d'isolement est peut-être que les communautés sont prises au piège ; d'une part par des activités illégales telles que l'exploitation minière et forestière qui n'ont pas été arrêtées et qui s'ajoutent au problème en tant que vecteurs de contagion qui ne sont pas contrôlés dans les territoires.

D'autre part, le gouvernement du président Moreno a militarisé le pays, sans écouter les demandes des nationalités pour leur permettre d'exercer leur autonomie et soutenir la fermeture de leurs frontières, en l'absence d'autres options.

La situation, déjà tendue, pourrait s'aggraver à court terme, car les communautés craignent que la présence militaire ne devienne un risque de contagion, plutôt qu'une garantie de protection.

L'armée est concentrée dans les endroits où il y a des poches de résistance aux projets d'extraction et non pas là où opèrent les bûcherons et les mineurs illégaux qui continuent à opérer en toute impunité.

Mesures urgentes avec participation des autochtones


Face à cette situation, un groupe d'organisations indigènes et d'institutions de la société civile réclame des garanties sanitaires urgentes, appropriées et culturellement pertinentes face à l'urgence.

La demande a été signée par la Confédération des Nationalités Autochtones de l'Équateur (CONAIE), la Confédération des Nationalités Autochtones de l'Amazonie Equatorienne (CONFENIAE), la Fédération de la Nationalité Awa de l'Équateur (FNAE), l'Alliance des Organisations des Droits de l'homme et d'autres ONG alliées.

Ils exigent le respect des droits à la vie, à l'intégrité, à l'accès à la santé et à l'autodétermination des peuples et des nationalités autochtones, ainsi que des communautés paysannes.

Elles exigent que les mesures soient élaborées dans le cadre d'une table ronde technique de haut niveau, à laquelle participent des professionnels spécialisés dans la santé et la sécurité.

La table ronde devrait bénéficier du soutien permanent des organisations indigènes, non indigènes et paysannes ayant une expérience de travail avec ces peuples et territoires afin de garantir la pertinence de leur intervention et de minimiser les dommages potentiels.

Enfin, elles demandent qu'une coordination agile et efficace soit garantie entre le COE national, le ministère de la Santé, le Secrétariat des risques, la police et les forces armées, et les organisations et dirigeants indigènes et paysans aux niveaux national, régional et communautaire.

L'objectif est de faire en sorte que les communautés restent exemptes d'infection et qu'elles aient leurs exigences minimales en termes d'alimentation et de santé globale.

Traduction carolita d'un article paru sur Servindi.org le 31/03/2020

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Equateur, #Santé, #Coronavirus

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