Colombie -Bulletin 015 Système de surveillance du territoire (TMS) - ONIC Informations pour protéger la vie et les territoires

Publié le 20 Avril 2020

17 avril 2020

ONIC - L'Autorité gouvernementale nationale autochtone produit le bulletin quotidien pour contribuer aux décisions opportunes et pertinentes des autorités traditionnelles, qui agissent de leur propre chef pour la protection des territoires et des communautés ainsi que des organisations sociales, des entités de coopération et des institutions gouvernementales, et pour joindre leurs efforts afin d'assurer la survie et l'intégrité des 115 peuples et nations autochtones face à la pandémie. Conformément aux directives des aînés et aînées, à partir du Bulletin 004, aucune référence n'est faite au nom scientifique du virus.

La survie des peuples et des nations indigènes est un impératif éthique et une nécessité pour toute la société, car ils sont les gardiens de la mémoire historique de la nation et les garants de la protection des biens naturels communs de tous les Colombiens.


Méthodologie

Les rapports de l'Institut National de Santé (INS) ont été spatialement liés à la localisation des centres de population où le gouvernement national a confirmé la présence de cas et à la localisation géoréférencée par l'ONIC des communautés indigènes, dans les zones rurales du pays[1] ainsi que de certaines communautés dans le contexte de la ville. L'analyse établit un lien entre l'expansion territoriale du virus et la localisation des communautés indigènes par rapport aux centres urbains où des cas ont été confirmés, dans un rayon de dix (10) kilomètres, en projetant l'incidence des différents facteurs de vulnérabilité dans l'analyse des risques.

L'objectif du Système de Surveillance Territoriale - SMT est d'alerter à temps les peuples et les nations autochtones, en fonction du comportement du modèle de contagion. Dans ce cadre, il a été décidé d'étendre la portée (10 à 15 km) pour surveiller la situation de risque des communautés indigènes, en cherchant à anticiper la réponse de confinement à la configuration spatiale de la pandémie, qui s'est déplacée très rapidement des capitales et des centres urbains vers les petites villes, afin que les populations indigènes soient à temps pour renforcer leurs mesures d'autoprotection et de contrôle territorial, et que les gouvernements nationaux et territoriaux les soutiennent sans délai.

Le Bulletin est conçu comme un effort collectif auquel se sont jointes d'autres voix des peuples indigènes et ethniques depuis le numéro 005 du 1er avril. La Confédération Indigène Tairona (CIT) de la Sierra Nevada de Santa Marta s'articule avec le Système de surveillance du territoire (SMT), dans le cadre de cette urgence sanitaire, depuis le 2 avril.

Que contient ce bulletin ? Le Bulletin 015 présente ce qui suit :

  • Mise à jour de la carte : Au moment de la publication de ce bulletin (16.04.20), 201 576 familles indigènes étaient en alerte en raison de la probabilité d'infection, soit 580 familles de plus que dans le bulletin 14.
  • Suivi des cas et des alertes : Rapport de solidarité sur les communautés afro
  • Suivi spécial : COMMUNAUTÉ PEÑA BLANCA RIO TRUANDO, ENTRE LA DEPOSSESSION ET LA SURVIE
  • Cas : Premier cas confirmé d'un membre du peuple Zenú. MAIRIE DE CAIZEM DE MEMBRILLAL À CARTAGENA
  • Recommandations : Activer un plan propre articulé au Système de surveillance territoriale pour l'identification des cas possibles et pour éviter la propagation du virus dans les territoires. LA SANTÉ EST L'AFFAIRE DE TOUS
  • Exigences : Aux institutions sanitaires de la République de Colombie, un appel à agir avec pertinence et dans le respect de leurs mandats constitutionnels face à l'alerte épidémiologique dans la communauté de Peñas Blancas (Riosucio Chocó).

Les cas de contagion ont montré un schéma d'expansion qui s'est d'abord concentré sur les capitales de plus de 800 000 habitants comme Bogota, Medellín, Cali, Barranquilla et Carthagène, qui représentent à ce jour plus de 70 % des cas, et qui se déplace vers des municipalités intermédiaires dont la population se situe entre 700 000 et 100 000 habitants pour s'étendre aux municipalités de moins de 100 000 habitants, près desquelles se trouvent la plupart des territoires indigènes. Actuellement, 5,5 % des cas cumulés (178) surviennent dans des villes de moins de 20 000 habitants ou dans les catégories 5 et 6[2] ; à la fin de ce bulletin, le nombre de municipalités et le pourcentage cumulé de cas dans les municipalités de catégorie 6 sont supérieurs à ceux de toutes les villes de moins de 500 habitants, ce qui confirme la tendance à l'accumulation de cas dans les municipalités qui ne disposent pas des infrastructures sanitaires nécessaires pour faire face à cette pandémie. Les données de l'Institut National de la Santé (INS) et du Système de Surveillance du Territoire (SMT) indiquent que le nombre de nouvelles municipalités dans lesquelles la pandémie s'est déplacée est de 2 : Timbio (Cauca), San Martín (Cesar).

Graphique 1 : Nombre de cas confirmés et pourcentage cumulé en fonction du nombre d'habitants par municipalité

Source : COVID-19 Colombie | Rapport 16-04-2020-Corte- 4PM, Institut national de la santé, catégorisation des départements, districts et municipalités, Comptes nationaux, 2020  Elaboration : Équipe de la population et équipe pour l'articulation, le suivi et la production d'informations ONIC.

Les déclarations du ministre de la santé le 14 avril, dans lesquelles il a admis que les tests massifs ne sont pas assez nombreux, que ceux qui sont effectués sont à la demande et le sont dans 47 laboratoires dont 7 publics et 40 privés et, en outre, qu'il n'y a pas de réactifs ou de fournitures pour les tests de type sérologique (sang), dont il a annoncé l'arrivée dans le pays après le 21 avril, indiquent que la stratégie de confinement du virus n'est pas complète et donc, les annonces que le gouvernement commence à faire, à mettre l'accent sur la protection et la biosécurité, afin de mettre fin à la quarantaine, révèlent les nuances d'une politique irresponsable car il n'est pas possible, sans preuve, d'évaluer réellement le comportement de la pandémie dans le pays.

Dans la dynamique de contagion, le pic épidémiologique se manifeste dans tout le pays et, conformément à l'analyse du bulletin, se déplace vers les villes intermédiaires et celles de moindre population (<100 000 habitants), une situation qui causera des dommages irréparables aux populations indigènes, qui font l'objet d'une protection constitutionnelle spéciale et sont collectivement titulaires de droits fondamentaux, comme l'a établi la Cour constitutionnelle dans son Arrêt T-973 de 2014, entre autres. Pour éviter cette situation, nous continuons d'exiger que des tests massifs territorialisés soient effectués et qu'un soutien soit apporté aux autorités indigènes en matière de surveillance et aux brigades sanitaires qui sont mises en place dans certaines communautés et qui doivent être réalisées dans toutes pour la détection précoce des personnes infectées symptomatiques et asymptomatiques afin de contenir la propagation du virus.

Les différents rapports soumis au ministère de la santé continuent de montrer que l'absence de garanties alimentaires, de biosécurité et d'eau potable pour l'isolement préventif obligatoire est la variable qui aggrave la vulnérabilité des peuples et des nations indigènes, qui ont déjà adopté les plans d'urgence nécessaires et les mettent en œuvre selon leurs propres capacités sans soutien efficace du gouvernement national.

Dans ce contexte, il est toujours opportun que les autorités et les organisations indigènes accélèrent les décisions qui permettront d'avancer de manière décisive de deux manières : en surveillant et en recherchant activement les éventuels cas d'infection respiratoire aiguë (IRA), en prenant toutes les précautions et en n'ayant aucun contact physique (moins de 1,5 mètre) avec les familles interrogées, en donnant la priorité aux territoires indigènes les plus proches des centres de population où des cas de virus ont été confirmés, et en renforçant ou en mettant en œuvre des stratégies et des programmes visant à récupérer la souveraineté alimentaire dans tous les territoires indigènes.

Depuis le Bulletin 009, deux types d'ALERTES de risque ont été émis pour les familles indigènes : le premier, dérivé de l'analyse de risque de proximité des centres de population, qui enregistre à ce jour 201 576 familles en alerte en raison de la probabilité de contagion, et le risque dérivé de la crise humanitaire, qui implique le maintien de l'alerte générale pour les 535 113 familles indigènes identifiées par l'ONIC et dont les possibilités de faire face à la pandémie sont diminuées, car elles ne disposent pas des conditions humanitaires requises pour l'isolement préventif obligatoire, désormais prolongé jusqu'au 26 avril à 23h59.

Nous devons garder à l'esprit que bien que dans ce bulletin, l'augmentation du nombre de familles à risque de contagion soit de 578 (0,3 %) puisque de nouvelles municipalités de moins de 100 000 habitants continuent à présenter des cas confirmés du virus, nous pouvons affirmer que l'expansion territoriale se poursuit, non plus à un rythme exponentiel, mais avec une tendance croissante (et = 254,41x2 + 694,79x - 11057 R² = 0,9247). Il est inquiétant que le nombre de cas confirmés dans les municipalités de catégorie 5 et 6 continue d'augmenter en termes absolus (178) et en pourcentage (5,5%), car ce sont les municipalités les plus proches des territoires indigènes et qui n'ont pas la capacité de répondre dans les hôpitaux (voir graphiques 1 et 2).

Graphique 2 : Tendance à l'expansion du risque dans les familles indigènes en fonction de la proximité de 15 km de centres urbains où des cas de virus ont été confirmés

source: Georeferenciación de Comunidades Indígenas, ONIC 2020, Instituto Nacional de Salud, COVID-19 Colombia | Reporte 16-04-2020-Corte 4pm. Elaboró: Equipo de Población ONIC y Equipo de Articulación, Monitoreo y Producción de Información ONIC.

Au 16 avril, le virus s'est propagé à 25 départements et 155 municipalités. Compte tenu de la proximité des communautés et territoires indigènes avec ces zones (15 kilomètres) et de leur étroite relation sociale, économique et culturelle avec ces centres de population, 20 départements et 128 zones ont été identifiés, soit 34% des municipalités [3] ayant des populations indigènes dans les zones rurales et urbaines qui coïncident avec celles identifiées au niveau national. Le nombre de familles à risque a augmenté de 578 pour atteindre 201 576. Il est donc recommandé aux peuples indigènes vivant dans les départements du Magdalena et du Cauca d'adopter toutes les mesures d'autonomie visant à réduire la fréquence des interactions sociales avec ces municipalités ou avec celles où des cas de virus ont été confirmés, à renforcer la gouvernance, le contrôle territorial, la coopération entre les peuples et le troc, entre autres, sans attendre que le gouvernement national soit en mesure de faire face à court terme à la crise humanitaire causée par l'isolement forcé.

Tableau 1. Familles indigènes des zones rurales et urbaines par département présentant un risque d'infection au 16 avril 2020

Source : Communautés indigènes géoréférencées de Colombie, ONIC, 2013-2020, COVID-19 Colombie | Rapport 16 -04-2020-Corte- 4PM, Institut national de la santé Elaboration : Équipe de population et équipe d'articulation, de suivi et de production d'informations ONIC.

L'analyse de l'expansion spatiale du virus indique que d'ici le 14 avril 2020, les peuples indigènes Yanacona, Kokonuko, Kogui doivent renforcer et/ou consolider les mesures de confinement et de contrôle territorial contre la pandémie,. Le peuple Kogui entre en danger et le peuple Kokonuko augmente sans cesse le nombre de familles en danger jusqu'à présent cette semaine et dans ce Bulletin, il est de 1,3 % par rapport aux Bulletins précédents ;  Les autorités indigènes de Huila (Isnos, Palestina, Pitalito), du Magdalena (Aracataca et Ciénaga), du Cauca (Popayán, Puracé, El Tambo et Totoro) sont alertées afin de renforcer les actions qu'elles entreprennent en raison du grand nombre de centres de population et de communautés avec des maisons mitoyennes (continues) qu'elles ont sur leur territoire. En général, l'augmentation est de 1 % du nombre de familles à risque en raison de leur proximité avec les capitales municipales où il y a des cas confirmés d'infection par le gouvernement national.

Tableau 2 : Familles indigènes des zones rurales et urbaines par ville exposées au risque d'infection au 16 avril 2020

Source : Communautés indigènes géoréférencées de Colombie, ONIC, 2013-2020, COVID-19 Colombie | Rapport 16-04-2020-Corte- 4PM, Institut national de la santé Elaboration : Équipe d'articulation, de suivi et de production d'informations ONIC


Conformément à ce qui précède, un total cumulé de 201 576 familles autochtones ont été identifiées pour ce bulletin comme étant à risque de contracter le virus[4]. L'ONIC insiste donc sur l'importance d'initier et/ou de renforcer la mise en œuvre de plans d'urgence visant à identifier et à faire face à la présence imminente du virus sur leurs territoires (voir tableau 2).

Graphique 3 : Évolution de l'incidence et de la prévalence[5] du virus au niveau national avec une date butoir au 16 avril 2020

source Instituto Nacional de Salud, COVID-19 Colombia | Reporte 16-04-2020-Corte 4pm. Elaboró: Equipo de Población ONIC y Equipo de Articulación, Monitoreo y Producción de Información ONIC

L'évolution de la prévalence de la pandémie marque une tendance irrégulière au jour le jour mais, clairement elle est en augmentation et il n'est donc pas possible de garantir qu'au niveau national il y ait des signes d'aplanissement de la courbe, ce qui signifie que la probabilité de contagion augmente si l'on tient compte du fait qu'il y a un nombre indéterminé de cas asymptomatiques et que des tests massifs ne sont pas effectués, ce qui limite le spectre de prédiction des données officielles ; Ces situations, ajoutées au pourcentage élevé de cas sans rapport, aux plaintes du procureur général de la nation qui remettent en cause les chiffres officiels promulgués par l'INS et aux déclarations du ministre de la santé selon lesquelles ils ne disposent pas de suffisamment de réactifs pour effectuer un plus grand nombre d'analyses, nous amènent à conclure que le gouvernement Duque n'a pas nécessairement présenté aux citoyens la véritable ampleur du problème ou n'a pas la capacité technique et scientifique de le projeter, Dans les deux cas, il est nécessaire de s'associer à des institutions scientifiques et universitaires indépendantes afin de permettre une évaluation plus objective de la pandémie dans le pays et de mener à bien les actions de sensibilisation correspondantes, de sorte que le gouvernement national puisse soutenir les plans d'urgence élaborés par les populations indigènes, tout en attribuant un pourcentage des tests de dépistage (47 000 au départ) aux communautés indigènes qui présentent actuellement les niveaux de risque les plus élevés, en les intégrant dans les conglomérats de la population la plus vulnérable.

L'ONIC évalue comment introduire de nouveaux éléments méthodologiques qui évaluent des facteurs de vulnérabilité supplémentaires tels que le taux de mortalité, la prévalence-incidence au niveau municipal, les maladies préexistantes et la disponibilité des lits, entre autres, afin d'établir les niveaux de risque que les communautés indigènes possèdent par rapport à cette pandémie.


SUIVI DES DOSSIERS ET DES ALERTES

À partir de ce bulletin, les cas confirmés et les alertes émises dans les différents bulletins publiés feront l'objet d'un suivi.

ALERTES : RAPPORT DE SOLIDARITÉ COMMUNAUTÉS AFROS (15/04/20) : Dans le Bulletin No. 005, les communautés afros ont lancé un appel d'alerte pour l'abandon du gouvernement et l'intensification du conflit armé qui aggrave les facteurs de vulnérabilité à la pandémie, voici les informations de suivi.

 "Avant l'arrivée de la maladie, nous étions dans une situation mauvaise et après sa disparition, nous serons pires" Carlos Rosero, leader afro.

En ce moment, les communautés afro, tant sur le territoire que dans les villes, résistent à l'isolement dans des conditions précaires, ce qui a conduit à l'émission de diverses communications faisant référence à la situation vécue par les communautés (Directives pour répondre au COVID 19 pour les personnes et les communautés afrodescendantes en Colombie-Mars 2020, Chocó entre la pandémie et la guerre-Avril 2020 et Communiqué public : Victimes de COCOLATU nous demandons que l'UNP s'engage à notre protection et à notre sécurité). [6]

En ce moment, il y a plusieurs cas à Buenaventura, à Quibdó il y en a 1 ainsi qu'à Tumaco, ce qui aggrave l'inquiétude quant au risque de contagion. Dans le contexte urbain, où les gens vivent au jour le jour et qui correspond à 80 % de la population, rester à la maison n'est pas une option.

Quant à l'infrastructure hospitalière, qui se traduit par des lits (ICU), du matériel médical, du personnel médical, etc., malgré les exigences du gouvernement, aucun progrès n'a été réalisé dans ce domaine. Les tests ne sont pas appliqués et les rares qui le sont prennent beaucoup de temps à donner des résultats ; l'abandon du gouvernement est devenu plus évident dans cette crise.

A tout cela s'ajoutent les pamphlets, les menaces envers les dirigeants et les persécutions sur le territoire. Dynamiques qui découlent de l'exercice du contrôle territorial dans le Pacifique par des acteurs armés. Cela a conduit à une intensification du conflit armé dans cette région du pays. Ce qui est le plus inquiétant, c'est l'enfermement dans lequel se trouvent les communautés, car il les rend plus vulnérables à ces groupes. En outre, on a constaté une augmentation du contrôle territorial exercé par des groupes illégaux dans la région, profitant des restrictions imposées à la population dans le contexte de la pandémie.

D'autre part, les annonces que le gouvernement a faites concernant l'aide aux communautés afro ne se sont pas concrétisées ; cependant, des stratégies sont mises en place pour résoudre ce problème au sein des villages, la nourriture continue d'être rare et les habitants n'ont pas de revenus car les produits qu'ils sèment n'ont pas pu être commercialisés, donc ils n'ont pas d'argent pour pouvoir acheter de la nourriture dans les zones peuplées.

Après la fin de toute cette crise, qui constitue un autre chapitre de la résistance des peuples afro, indigènes et paysans à l'abandon et à la précarité, ainsi qu'au non-respect des accords de paix, nous savons que la situation de nos peuples sera plus critique. Le modèle que nous avons ne nous permet pas de faire face à cette situation de crise et ce sont les ressources naturelles qui fourniront les besoins qui seront générés à la fin de toute cette situation. Ce que nous pouvons voir, c'est que ce ne seront pas les communautés mais les hommes d'affaires qui, à long terme, seront les grands bénéficiaires de tous les projets et méga-projets qui existent dans la région, avec les effets conséquents sur tous les droits territoriaux et les droits fondamentaux des habitants de la région. 

 Une autre préoccupation de ce panorama est la souveraineté alimentaire : les systèmes productifs sont brisés par l'exploitation minière, la coca, etc. Les communautés ne produisent pas et dépendent d'autres économies et d'autres entreprises, ce qui entraîne un déséquilibre des systèmes de marché. Le gouvernement national n'a pas cherché les garanties nécessaires pour peser le pour et le contre de cette question. Par exemple, les agriculteurs ont toute la capacité de produire et de fournir d'autres types d'aliments (naturels) qui ne sont pas pris en compte en cette période de pandémie et qui pourraient certainement générer d'autres économies au sein du pays.

De la part des communautés, il n'y a pas de proposition précise pour l'instant, ce que l'on sait c'est comment nous allons mettre de la nourriture sur la table ; en renforçant nos propres systèmes alimentaires (afros, paysans, indigènes). Nous devons produire de la nourriture mais d'une manière durable sur tous les territoires et de manière conjointe entre les peuples, un objectif devrait être de réinventer l'économie, de récupérer les pratiques ancestrales et d'être autosuffisants en produits de base ?

Si les bases du panier familial dans les communautés sont le riz, la noix de coco et le poisson, alors nous devons produire du riz, de la noix de coco et du poisson !

Sur la question du transport fluvial pour les bateaux et le commerce dans le port de Buenaventura, le ministère des finances et du crédit public et le ministre des mines et de l'énergie ont publié une résolution ; "Résolution 40123 du 14 avril 2020. Par lequel des dispositions temporaires sont dictées sur l'entrée au producteur de diesel marin" avec lequel il est essayé de couvrir les dépenses pour les navires du port. Toutefois, cette résolution ne résout pas le problème fondamental du coût du carburant pour les petits navires, qui profite aux grands navires. Une déclaration de l'association des navires côtiers est attendue en réponse à cette résolution.

Ce problème de transport et le coût élevé du carburant entraînent une augmentation de la nourriture et des transports ; des augmentations que les communautés ne peuvent pas assumer, donc une pénurie non durable se crée à temps pour la région et le pays lui-même.

En ce qui concerne le contrôle territorial, c'est la garde marron qui contrôle les territoires ; l'armée et la police ne font aucun contrôle, à la frontière avec l'Équateur l'armée et la marine ne font aucun contrôle. Sur la côte des Caraïbes, la même chose se produit, ce sont les gardes qui font le contrôle et les autorités militaires brillent par leur absence.  La corruption dans les forces publiques a dépassé les limites et on ne s'attend pas à ce qu'elles fassent le travail en ce moment de pandémie. Nous devrons surveiller comment les forces militaires font les contrôles, pourquoi ne les voit-on pas. Si nous devons payer les dépenses de la crise, pour quelle armée ? Allons-nous continuer à dépenser des ressources pour la guerre ou allons-nous respecter les accords de paix ?

La pandémie fixe un cap pour la société ; nous devons réinvestir les ressources de la guerre dans la santé, l'éducation, le développement technologique, etc. Elle doit être la prémisse


SUIVI PARTICULIER : LA COMMUNAUTÉ DE PEÑAS BLANCAS RIO TRUANDO, ENTRE DÉPOSSESSION ET SURVIE     

"Cette terre était, est et sera une terre de conflit et maintenant qu'ils balayent les esprits gardiens, nous avons besoin de la science culturelle des autres peuples pour nous préparer à continuer à protéger le territoire. Ils croient que la Terre mère ne ressent pas et ne sait pas qu'il y a des choses qui valent plus que ce que l'on peut en retirer pour générer de l'argent. L'harmonie vaut plus que tout.  Rapport sur l'affaire JEP 04 Chocó:2019.

La communauté de Peña Blanca Rio Truando, du peuple Embera Dobida, est située dans la sous-région du bas Atrato, dans le Chocó. Depuis janvier 2019, ils se sont installés au croisement des rivières Truandó et Salado, un point connu sous le nom de La Teresita, et auparavant ils étaient en amont, dans les contreforts de la Serranía del Baudó, d'où ils ont dû partir en raison du déplacement et de la confrontation entre les acteurs armés, ainsi que des difficultés d'accès aux soins de santé occidentaux et interculturels.

Cette communauté porte depuis 1992 le titre de Resguardo Peñas Blancas Río Truandó, mais ce titre ne couvre pas tout le territoire ancestral reconnu par la communauté, de sorte qu'elle mène un processus de délimitation et de démarcation avec un conseil communautaire, ainsi qu'un processus juridique de restitution des droits territoriaux, qui est en phase d'étude préliminaire.

Selon le Bureau du Médiateur, cette sous-région du Bas Atrato (Riosucio et Carmen del Darién), ainsi que la sous-région du Darién Chocoano (Unguía et Acandí), ont été sensiblement affectées par la dépossession de leurs terres (prouvée dans certains cas par les tribunaux) et la prétendue dépossession de terres et territoires (en cours de restitution ou en attente d'une réponse de l'État aux plaintes concernant les effets territoriaux). (Crise humanitaire au Chocó : 2014).

En effet, en février de cette année, la juridiction spéciale pour la paix a reconnu 69 communautés indigènes et leurs territoires comme victimes (les peuples Guna Dule, Embera Eyabida, Katio, Dobida, Wounaan et Zenú vivant dans les municipalités de Riosucio, Carmen del Darien, Unguía, Acandí dans le Chocó et Chigorodó, Carepa, Mutatá, Turbo et Apartadó à Antioquia) pour des actes survenus dans le cadre de la situation territoriale de la région d'Urabá, tels que des violations du droit international des droits de l'homme et des infractions au droit international humanitaire entre le 1er janvier 1986 et le 1er décembre 2016, constituant ainsi le cas 004 de la PJE dans la région d'Urabá.

Cet acte constitue une reconnaissance d'années de violation et d'atteinte aux droits de l'homme des peuples et communautés indigènes de cette région du pays, dans le contexte du conflit armé et des intérêts associés à cette zone géostratégique et biodiversifiée du Chocó biogéographique, à la frontière du Panama. Au milieu des multiples déplacements forcés auxquels les communautés ont été contraintes jusqu'à présent, les questions liées au droit à la santé sont également violées et niées ; L'ONIC, par l'intermédiaire du Département des droits de l'homme et de la paix, des organisations de la société civile, du médiateur et de la Cour constitutionnelle, entre autres, a émis de multiples demandes de soins de santé et de protection de la vie et des droits de ces communautés sans avoir obtenu de réponse efficace du gouvernement.

En août 2019, une Caravane humanitaire pour la vie a traversé le bas Atrato le long des rivières Truandó et Salaquí. Le bilan présenté est l'augmentation des violations des droits de l'homme, en présence d'acteurs armés sur le territoire, l'émergence et la réorganisation des acteurs armés avec l'invasion et la militarisation des territoires qui en découlent, la pose de mines antipersonnel, le tout sans aucune possibilité de dialogue et avec un leadership affaibli, avec des limites pour la survie physique et culturelle des communautés, ce qui les expose au risque de déplacement et de confinement alors que les forces publiques sont complices ;

Alors que le territoire est en guerre avec d'autres, le tissu collectif est affecté, il y a des risques pour la sécurité alimentaire, le recrutement par les forces publiques, le système judiciaire est affecté, les droits territoriaux collectifs sont dépossédés et menacés, et il y a une forte pression sur le territoire et les communautés, d'une part à cause des méga-projets tels que Puerto Tribugá, la route panaméricaine des Amériques et la base militaire d'Espavé, et d'autre part à cause du trafic de drogue, puisqu'une grande partie de la production de stupéfiants du pays y circule.

Sur la question de la santé, les communautés ont déclaré : "Nous n'avons pas de brigades sanitaires permanentes, nous avons besoin de promoteurs de santé dans toutes les communautés pour répondre rapidement aux urgences qui se présentent, et pour fonctionner dans le respect de la médecine traditionnelle, bien sûr.

Dans le contexte de la pandémie, le promoteur de santé, après un voyage de 6 heures le long du fleuve, est arrivé hier, pour la deuxième fois ce mois-ci au risque de son intégrité en raison des affrontements entre acteurs armés, à Riosucio pour informer de la gravité de la crise sanitaire qui affecte la communauté. Grâce à la coordination entre le promoteur de santé et la communication avec la Commission colombienne de juristes, le SMT a eu accès au rapport qui a permis l'alerte épidémiologique ONIC 001 :

http://cocomagnanville.over-blog.com/2020/04/colombie-des-symptomes-coincidant-avec-le-coronavirus-touchent-90-habitants-de-la-communaute-embera-dobida-de-penas-blancas-municipa

A l'issue de ce bulletin, la Table ronde permanente de consultation des peuples autochtones nous informe qu'elle a chargé aujourd'hui le ministre de la Santé et le responsable de la stratégie contre le coronavirus COVID 19 de demander une réunion urgente entre le 17 et le 20 avril pour avancer dans la définition de la voie vers le Plan d'endiguement, d'isolement et de prise en charge des peuples autochtones face au Covid19 , ainsi que pour définir les ressources qui permettront sa mise en œuvre.

Cas : Premier membre du peuple Zenú avec un diagnostic positif CAIZEM CONSEIL MUNICIPAL DE MEMBRILLAL À CARTAGENA.

Description : Le cas est présenté comme un adulte, de sexe masculin, il ne figure pas dans les registres de recensement du Cabildo CAIZEM, mais il appartient au peuple Zenú, il est frère d'un noyau familial, c'est-à-dire qu'il est du premier degré de consanguinité, le foyer est situé dans la zone urbaine de Cartagena dans le quartier de Pozón, il est composé de 8 adultes 2 enfants. L'adulte positif travaillait comme vendeur, distributeur, empanadas, arepas et fast food dans le secteur du Centre Historique de Bocagrande.

Lieu de soins : hôpital universitaire de Carthagène, ils indiquent que le patient sortira aujourd'hui pour se rétablir à domicile. Le rapport de la famille concernée indique que c'est l'EPS COOSALUD qui était en charge du processus. Le conseil municipal demande l'attention et l'évaluation de la famille le 15/04/2020 à l'extension 125 autorisée pour l'urgence dans la municipalité. Les autres membres des familles ont déjà été testés négatifs jusqu'à présent.

L'aide humanitaire a été fournie par le gouvernorat du département en coordination avec le Cabildo, mais elle n'est pas suffisante pour assurer la sécurité alimentaire et les maintenir chez eux. Parmi les autres entités qui ont été liées à l'alimentation, il y a la Fondation Mamonal, maintenant appelée TRASO. En ce qui concerne l'aide humanitaire annoncée par le gouvernement national, dirigé par le ministère de l'Intérieur, en référence à la sécurité alimentaire et biologique, la communauté dit que rien n'en est sorti jusqu'à présent.

Ils demandent de toute urgence la distribution d'éléments de biosécurité à chacune des familles Zenú dans le cadre de la ville et du territoire.


Recommandations

Aux autorités indigènes

  • Mettre en œuvre l'exercice autonome de surveillance et de recherche active de cas possibles d'infections respiratoires (IRA) dont les symptômes liés au virus coïncident dans les territoires indigènes et faire rapport au cas par cas sur l'identification et le géoréférencement des cas symptomatiques et la mise en œuvre des protocoles de microconfinement du virus dans les communautés, en prenant un soin extrême aux mesures de biosécurité, à la pratique de la médecine traditionnelle et au soutien communautaire aux familles touchées.
  • Rendre compte de la surveillance en temps utile au système de surveillance territoriale afin de déployer les actions nécessaires.
  • A la population de Peñas Blancas à Riosucio (Chocó), d'appliquer les directives des autorités et des médecins traditionnels, d'adopter dans la mesure du possible les recommandations de protection et d'autoprotection contre une éventuelle infection de coronavirus pour éviter son expansion.
  • Aux entités sanitaires elles-mêmes de mener les actions nécessaires pour garantir le déplacement d'une brigade sanitaire et la réalisation de tests de dépistage du virus dans la communauté de Peñas Blancas, conformément à l'orientation donnée par l'Alerte épidémiologique 001.
     

Exigences

  • Au gouvernement national et aux gouvernements territoriaux
  • Aux institutions sanitaires de la République de Colombie, un appel à agir avec pertinence et dans le respect de leurs mandats constitutionnels face à l'alerte épidémiologique dans la communauté de Peñas Blancas à Riosucio (Chocó).
  • Il est urgent que le diagnostic COVID19 soit effectué dans la communauté de Peñas Blancas à Riosucio (Chocó) afin de confirmer ou d'exclure l'infection par le virus.
     

Fiche technique

Rapports qualitatifs au Système de surveillance du territoire. Rapport du promoteur de la santé communautaire Peñas Blancas.

Sources

● Données officiellement communiquées par le gouvernement national à l'Institut national de la santé (INS) dans ses rapports quotidiens, disponibles à l'adresse suivante : https://www.ins.gov.co/Noticias/Paginas/Coronavirus.aspx
● Données du système de surveillance territoriale (SMT), qui rassemble 50 organisations autochtones membres et un réseau de premiers intervenants vivant dans les territoires autochtones. https://monitoreoterritorial-onic.co/
● DÉPARTEMENT ADMINISTRATIF NATIONAL DE STATISTIQUES - DANE (2018), XVIIIe recensement national de la population et VIIe recensement des logements.
● SPÉCIAL JUSTICE POUR LA PAIX. AUTO No SRVNH-O4/03 -12/20
● Bureau du médiateur. Crise humanitaire au Chocó : 2014. Disponible à l'adresse suivante : https://www.defensoria.gov.co/public/pdf/crisisHumanitariaChoco.pdf
● ONIC. Rapport sur la Caravane humanitaire pour la vie sous contrat, Choco 5 au 13 août.
● Peñas blancas : El lío de tierras que esconden las aguas del río Truandó. Disponible à l'adresse suivante : https://verdadabierta.com/disputas-de-tierra-ante-la-justicia/penas-blancas-el-lio-de-tierras-que-esconden-las-aguas-del-rio-truando

 

1] Forme des communautés indigènes de Colombie, 2013-2020, ONIC.
2] Catégories de municipalités : Spécial - Population =>500 000 ; 1ère - Population => 100 001 - <=500 000 ; 2ème - Population => 50 001 - <=100 000 ; 3ème - Population => 30 001 - <=50 000 ; 4ème - Population => 20 001 - <=30 000 ; 5ème - Population => 10 001 - <=20 000 ; 6ème - Population <10 000.
3] En raison de la proximité des capitales municipales avec les communautés situées dans les municipalités voisines, le nombre de municipalités avec des cas confirmés est plus important que ceux identifiés par l'Institut national de la santé (INS) au 8 avril 2020.
4] Depuis le Bulletin 006, la distance a été prise par rapport au périmètre des zones urbaines, ce qui a permis d'élargir le spectre de l'analyse des risques et d'évaluer/confirmer le schéma de propagation du virus par des sauts avec des cycles moyens d'une semaine.
5] Interprétation mathématique : Le taux de prévalence est la probabilité qu'un individu appartenant à la population de base soit affecté par l'événement (maladie) qui l'intéresse à un moment donné.
Méthode de calcul : Le taux de prévalence est calculé comme suit :

TAUX DE PRÉVALENCE = (Nombre de cas au lieu X et au moment / Nombre total de personnes dans la population au même lieu et au même moment) * 1000

[6] https://convergenciacnoa.org/directrices-para-responder-al-covid-19-para-el-pueblo-y-comunidades-afrodescendientes-en-colombia/
http://www.afrodescolombia.org/foro-interetnico-solidaridad-choco/
https://www.cinep.org.co/Home2/component/k2/tag/Choc%C3%B3.html

traduction carolita du bulletin de l'ONIC du 17 avril 2020

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