A propos des gardiens - De Mumia Abu Jamal

Publié le 29 Avril 2020

Publié le 27 avril 2020
Par Mumia Abu-Jamal

Je me souviens quand j'étais à la prison de Huntington, et ensuite à Greene, je parlais à un gars, d'homme à homme, et il me disait : "Ecoute, je suis un pion. Tu sais, si quelque chose arrive ici, je suis jeté aux chiens".

Je me disais : "Putain ! Il vient de dire ça ?" Eh bien, oui. Ces types savent, mais il leur est interdit de le dire, sauf si personne ne les entend.

Ils croient à la propagande parce qu'elle est lucrative. Cela leur donne un avantage financier, vous voyez ce que je veux dire ?

Il y a quelques jours, j'écoutais un reportage sur un cessez-le-feu, et un retraité a commencé à me parler. Il a travaillé pendant trente ans pour le département des services correctionnels et il reçoit maintenant sa pension. Il disait des choses comme "nous les gardiens... devons... nous battre si fort... bla bla bla".

Et je me suis dit : "Mec, c'est cool !"    C'était un Noir d'une soixantaine d'années qui ne faisait plus partie du système, mais dans son esprit, il en fait toujours partie.

Je vous dis que ce genre de choses est dû au génie diabolique de William Jefferson Clinton. Lorsque ses partisans ont donné des milliards de dollars aux États pour construire des prisons, ils ont créé une classe de personnes qui en ont tiré des avantages économiques d'une manière qu'ils n'auraient jamais pu faire autrement.  Et maintenant, ils sont engagés dans ce système de répression... Disons que vous êtes un homme dans la cinquantaine ou la soixantaine et que vous envisagez de faire travailler votre fils ou votre petit-fils ici, ou de faire travailler votre femme comme infirmière, ou cuisinière, ou garde !

C'est juste que beaucoup de comtés comme Greene ou Schuylkill sont les zones les plus déprimées de l'économie de l'État de Pennsylvanie. Mais si vous y vivez et que vous pouvez trouver un emploi qui vous permette de bien gagner votre vie dans une prison, vous vivrez dans le luxe.  Ce n'est peut-être pas le cas dans les villes de Pittsburgh ou de Philadelphie, mais dans ces communautés qui étaient autrefois minières, vous allez manger de la tarte !

Et cela alimente la machine du système.

En raison des mouvements économiques et sociaux, il y a maintenant plus de personnes noires et brunes impliquées dans ces industries répressives, mais en regardant la situation de loin, les choses ne s'améliorent pas. En fait, elles s'aggravent.

C'est pourquoi je crois aux mouvements, parce que j'ai vu des mouvements faire des choses positives dans la société. Je dis toujours que les mouvements transforment la conscience. Mais ils font plus que cela. Ils transforment l'histoire. Et ils transforment notre vision de l'avenir.

Je regarde le monde et pour vous dire la vérité, j'ai des craintes et des espoirs, parce que cette chose peut aller dans n'importe quelle direction. Elle va comme les gens poussent, sans être poussé par elle. Lorsque les gens créent du mouvement, ils créent du changement. Mais s'ils restent assis et attendent que d'autres fassent quelque chose qu'ils savent qu'ils auraient dû faire, ils s'engagent sur la voie de la répression.

C'est donc tellement dialectique et un peu plus clair.  Vous obtenez ce pour quoi vous vous battez. Ce pour quoi on ne se bat pas, on ne l'obtient pas. C'est aussi réel que ça.

Je crois aux mouvements. Je crois à la libération. Je crois aux gens, une fois qu'ils se réveillent.

De la nation emprisonnée, je suis Mumia Abu-Jamal

*C'est le deuxième des quatre textes publiés par notre cher compañero  Mumia Abu-Jamal pour son anniversaire. LIBERTE POUR MUMIA  !

Photo : Ulysses Cisneros

-(c) "20maj

24 avril 2020

Audio enregistré par Noelle Hanrahan, http://www.prisonradio.org

Texte diffusé par Fatirah Litestar

Traduction en espagnol Amigos de Mumia au Mexique

traduction de l'espagnol carolita

Rédigé par caroleone

Publié dans #prisonniers politiques, #Mumia

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article