Le Covid-19 avance et la nature "respire"

Publié le 1 Avril 2020

Alors que le COVID-19 progresse, se répandant dans plusieurs pays de la planète, il se passe quelque chose dans le monde : la nature respire. Oui, la nature, ce système vital de notre planète et le fait que nous lui causons souvent tant de dommages, aujourd'hui nous pourrions dire qu'elle se "venge" de nous, les humains.

Par Elmer Antonio Torrejón Pizarro

31 mars 2020 - Alors que nous, dans le monde, sommes abrités entre les quatre murs de nos maisons, la nature reconquiert son espace qui a été violé par les humains. 

Les mouettes remplacent les baigneurs sur les plages, les animaux sauvages sortent dans les rues et sur les routes des grandes villes, remplaçant la marche multitudinaire des humains ; l'air pur avec beaucoup d'oxygène pur a remplacé le ciel polluant de Pékin, Rome ou Lima ; le chant des oiseaux se fait entendre aujourd'hui comme jamais auparavant et plus fort, remplaçant le bruit strident d'une ville.

Bref, l'anthropocentrisme, l'égocentrisme, lui qui pensait posséder cette planète, a donné son bras à tordre, laissant la nature reprendre son trône sur la planète.

Dans les grands pays industrialisés comme la Chine et les pays européens (Italie, Espagne, France), le ciel est plus propre que jamais et la pollution atmosphérique a considérablement diminué, en particulier les particules qui produisent des gaz à effet de serre comme le dioxyde de soufre, le monoxyde de carbone, les oxydes d'azote et d'autres particules en suspension.

Cette urgence sanitaire mondiale a permis de réduire les émissions de CO2 en Chine jusqu'à 25 % par rapport à la période de l'année dernière (400 millions de tonnes) ; en outre, il est interdit aux chinois de chasser les animaux sauvages pour se nourrir. 

Depuis l'espace, on constate une diminution étonnante de la pollution sur terre. À Venise , les eaux de ses canaux sont plus transparentes et la vie animale y est plus importante, et les touristes ne sont plus sur les bateaux.

Les espaces rouges de chaleur et d'énergie, typiques des grandes industries, ont été déplacés, par des espaces propres, pleins de vie animale, d'air pur et de ciel clair.

Au Pérou, selon les mesures effectuées par les organisations qui exploitent des réseaux de surveillance des gaz contaminants, elles ont constaté qu'entre le lundi 16 mars et le jeudi 19 mars, l'avenue Javier Prado a enregistré 30 % de particules en moins après la restriction presque totale des véhicules, par rapport à la semaine du lundi 9 mars au dimanche 15 mars.

En ces 15 jours d'immobilité des véhicules, Lima cessera de recevoir environ 90 000 tonnes de dioxyde de carbone et 27 milliards de décibels émis par les klaxons des véhicules - un répit nécessaire pour la capitale !

Aujourd'hui, sur les plages de la Costa Verde, divers oiseaux apparaissent et envahissent le sable. Aujourd'hui, il n'y a plus d'humains qui profitent du soleil, de l'eau et laissent des déchets sur le sable ; aujourd'hui, des dauphins parcourent la mer du Grau, tout près des falaises. 

Lorsque le soleil se lève, vous n'êtes plus réveillé par le bruit strident d'un vieux microbus qui passe à toute vitesse, mais par le chant des oiseaux qui volent au-dessus de la fenêtre de votre chambre.

A Lima, comme jamais auparavant, on peut voir un ciel bleu intense le jour et un ciel étoilé la nuit. Sans aucun doute, le monde a changé ces jours-ci !

Si cette pandémie nous apprend quelque chose, c'est qu'après cette urgence mondiale, rien ne devrait plus être comme avant. Le COVID-19 nous enseigne que nous devons pratiquer l'hygiène individuelle et familiale, pour nous laver les mains ; mais il devrait aussi nous apprendre l'hygiène pour le bien de notre planète, en ne jetant plus d'ordures et en ne polluant plus notre ville, nos forêts et nos rivières. 

Ce virus microscopique nous demande d'être plus solidaires et responsables entre humains ; mais soyons également solidaires et responsables avec notre planète, ne brûlons et ne coupons plus les forêts, ne tuons plus les animaux pour le plaisir, nous devons être responsables et solidaires avec notre flore et notre faune.

Que, dans cet état d'urgence, les réfugiés chez nous, un NOUVEL HOMO SAPIENS apparaisse pour la nouvelle vie qui devrait nous attendre après le COVID-19 ; une nouvelle humanité naît solidaire, responsable et rationnelle non seulement avec ses semblables, mais aussi avec la nature et sa planète. 

Cet apprentissage forcé et violent que nous vivons avec un microbe appelé COVID-19, nous permet d'analyser le comportement que nous avons eu avec notre environnement naturel, avec le changement climatique et la biodiversité qui nous nourrissent, nous donnent la vie et sont notre plus grande valeur.

Ne donnons plus la priorité à la croissance économique et technologique au détriment de l'humanité et de la nature. 

Le COVID-19, un "soldat microscopique" de cette nature, nous apprend à survivre, non seulement parmi les humains, mais il nous enseigne que nous devons parier sur la survie de notre planète. 

Après la fin de ce cauchemar mondial pour nous, les humains, après avoir quitté nos maisons, nous devons nous demander : serons-nous capables de changer vers un homo sapiens sapiens plus solidaire, responsable et rationnel avec la nature, prendrons-nous conscience de ce qui nous est arrivé, malheureusement tout semble indiquer que ce ne sera pas le cas. 

#Je reste à la maison

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*Elmer Antonio Torrejón Pizarro est originaire de Luya, en Amazonie. Il est anthropologue de l'Université Nacionale Mayor de San Marcos (UNMSM) et possède un master en études amazoniennes de la même université, ainsi qu'un diplôme de troisième cycle en projets d'investissement public (UNMSM) et en gouvernance et gestion politique (PUCP)

traduction carolita d'un article paru sur Servind.org le 30/03/2020

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #PACHAMAMA, #Santé, #Coronavirus, #Respire terre-mère

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