Honduras - 4 ans après son départ : Berta est toujours infinie
Publié le 5 Mars 2020
Posté le 2 mars 2020 | par communications
Par : Heidy Alachan
Parmi les 8,6 millions de voix qui habitent ce petit cœur d'Amérique centrale appelé Honduras, il y a 45 ans, il y avait la voix d'une guerrière, d'une femme forte qui savait incarner toute la rébellion heureuse, juste et nécessaire, qui n'arrivait pas à rester dans aucun moule et c'est précisément pour cela qu'elle les a tous cassés et a créé l'un des siens, conformément à ses principes fermes et inébranlables, comme sa voix quand elle dénonçait les injustices et défendait courageusement les biens sacrés de son peuple. Cette femme qui est logée dans des milliers et des milliers de cœurs est : Berta Isabel Cáceres Flores.
Elle est née le 4 mars 1973 à La Esperanza, Intibucá. Indigène Lenca, dont la mère était sage-femme et infirmière et qui est devenue la première femme maire du Honduras, Berta Cáceres a su incarner et étendre jusqu'à des limites inimaginables cet héritage maternel de pouvoir et de force issu de la condition féminine. En 1993, elle a cofondé le Conseil Civique des Organisations Populaires et Indigènes du Honduras (COPINH) et a mené dès lors des luttes constantes pour la défense des biens naturels du peuple Lenca. Menacée, persécutée et aussi emprisonnée pour son combat, Berta a pris tous les risques par amour et a su être une femme courageuse qui a prononcé sa parole avec fermeté et sans crainte.
Elle a parlé à la rivière Gualcarque, et y a reconnu les voix de tous ses ancêtres. Elle comprenait comme peu d'autres la palpitation de la Pachamama et savait sentir dans son sang toutes les formes de vie pulser. Elle chérissait dans sa poitrine un amour qui transcende l'idée même d'amour, et il a appris à le retrouver dans les visages de ses frères et sœurs qui se sont battus, il savait que dans la lutte, côte à côte, il y avait bien plus que deux.
Berta ne rentre dans aucun moule. Elle les a tous cassés. Elle ne rentrait pas dans le moule patriarcal. Elle ne rentrait pas dans le moule traditionnel de la femme, elle a tout foutu en l'air. Elle ne rentre pas dans le moule d'une organisation populaire, le moule d'un parti politique. Elle a dit les choses ouvertement devant qui que ce soit. Berta était bien plus qu'une écologiste. Berta incarnait les principes anticapitalistes, antiracistes, anti-patriarcaux, antimilitaristes et anti-impérialistes. Berta était anti-système.
Le 2 mars 2016, ils pensaient avoir mis fin à sa force, mais ceux qui lui ont fait cela n'ont jamais imaginé que ce serait le début de la naissance de milliers et de milliers de Berta poussées par les profondeurs de l'indignation et du courage. Comprendre ce qu'Anne Frank a écrit dans son journal intime sur le miracle que chacun peut, dans l'instant qui suit, commencer à rendre le monde meilleur.
Le 2 mars, l'héritage de Berta Cáceres a choqué le monde entier, car on ne savait pas comment comprendre que ses racines dépassaient toutes les frontières, que son combat faisait d'elle la sœur de toutes les langues et de tous les langages, que sa force imprégnait les profondeurs de ceux qui ne connaissaient même pas son nom. Berta est revenue à la terre, au cœur de la Pachamama, aux sources d'eau qui coulaient toujours dans son sourire frais et serein, dans son geste aimable et son esprit plein de la simplicité que seule la sagesse peut donner.
Ainsi, au milieu de milliers et de milliers de frères et sœurs, la graine de Berta a germé avant même d'être semée. Aujourd'hui, son esprit libre et rebelle s'ébat dans la cascade, embrasse chaque arbre, chaque goutte de cette rivière, et souffle doucement sur le visage de ses fils et filles, frères et sœurs ; de sang et de vie.
Sa graine germe, car elle transcende les limites de l'humain. Ceux qui ont essayé de la faire taire n'ont jamais imaginé qu'ils allaient multiplier sa voix et ses pleurs dans le monde entier. Ceux qui ont essayé de la faire taire n'ont jamais imaginé qu'ils la situeraient là où elle se trouve maintenant, dans l'infini, dans l'éternel, dans ce qui pousse sa juste et nécessaire rébellion, dans la mémoire collective des peuples, là précisément d'où ils ne pourront jamais l'effacer.
traduction carolita d'un article paru sur madj.org le 02/03/2020
A 4 años de su siembra: Berta sigue siendo infinita
El 2 de marzo de 2016 creyeron poner fin a su fuerza, pero quienes le hicieron eso nunca se imaginaron que sería el inicio del nacimiento de miles y miles de Berta´s pujando desde lo más hondo d...
https://madj.org/index.php/2020/03/02/a-4-anos-de-su-siembra-berta-sigue-siendo-infinita/