Brésil - Le peuple Kwazá

Publié le 13 Mars 2020

Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état du Rondônia et parlant la langue koazá.

Ils ont été expulsés de leurs terres par les agriculteurs après l’ouverture de la route BR-364 dans les années 1960 et le peuple a perdu de nombreux membres et sa culture. Aujourd’hui la cinquantaine de personnes qui constitue le peuple vit avec les Aikanã et les Latundê dans la sud du Rondônia une région où ils vivent depuis des temps immémoriaux.

Population : 54 personnes (2014)

Le nom, la langue et dans l’histoire

Une première mention des « Coaiás (Kwazá) est faite sur une carte manuscrite dy général Rondon (1913) les situant sur les rives du ruisseau São Pedro appelé Djaru-Jupirará par les Kepkiriuat (de langue tupi guarani).

Selon l’anthropologue Lévi-Strauss, la langue kwazá était parlée le long du ruisseau São Ppedro, un affluent du rio Pimenta Bueno. Alors qu’il visitait la région à la fin des années 1930 il a rencontré un jeune Kwazá parmi les Kepkiriuat, il venait du ruisseau São Pedro.

Une première reconnaissance des Koaiá par le SPI est faite en 1942 quand ils sont mentionnés dans le rapport du lieutenant Eestanislau Zack.

Lévi-Strauss, Zack et Carlsa ont rassemblé de brèves listes de mots qui prouvent qu’il s’agit d’une langue identique à celle des actuels Kwazá.

Ils étaient connus dans la littérature sous le nom de Koaiá, leurs voisins traditionnels étaient les Aikanã, les Kanoê, les Tuparí, les Sakurabiat, les Salamãi et d’autres avec les lesquels ils entretenaient des relations comme des échanges de femmes et des partis de guerre.

Leurs langues n’étaient pas intelligibles mais malgré cela, leurs cultures étaient similaires en raison des contacts intertribaux et des moyens de subsistance communs dans la région.

Aujourd’hui une grande partie de ces peuples a été décimée en raison des contacts ou bien, dispersée, leurs cultures ont été détruites par le contact avec la société nationale depuis le début du siècle.

La plupart des Kwazá sont mélangés aux Aikanã et vivent sur la T.I Tubarão-Latundê avec les derniers de ces deux peuples.

Sur la T.I Kwazá du rio SãoPedro il existe une famille mixte Kwazá/Aikanã.

Le nom de Koazá n’est pas leur autodésignation et ils ne le reconnaissent pas, pour eux, il n’a aucun sens.

Le nom « arara » a été utilisé pour les désigner dans le passé par des employés de la FUNAI et dans certains ouvrages de la littérature scientifique. Cette dénomination n’est pas appréciée par les indiens et n’était pas répandue de plus elle pouvait créer la confusion avec d’autres peuples du Rondônia appelés Arara.

Des dénominations personnelles ont une valeur descriptive mais ne sont pas utilisées comme Tsãrã txinuténaheré « ceux de la grande terre » et tsãrã txuhuinaheré «  ceux de la petite terre » (faisant référence à 2 groupes de Kwazá qui vivaient à des endroits différents du sud du Rondônia à la fin du siècle dernier). Les Kwazá les appelaient Tainakãw.

Langue

La langue koazá est une langue isolée, non apparentée à aucune autre langue ou famille linguistique connue. Elle est menacée d’extinction car il y a peu de locuteurs et elle n’est pas transférée aux nouvelles générations.

Terres Indigènes (T.I) dans l'état du Rondônia

  • T.I Kwazá do río São Pedro – 16.799 hectares, 25 personnes, réserve homologuée. Ville : Parecis. 2 peuples y vivent : Aikanã (langue aikanã) et Kwazá (langue koazá).
  • T.I Tubarão/Latundé – 116.613 hectares, 195 personnes, réserve homologuée. Ville : Chupinguaia. 3 peuples y vivent : Aikanã (langue aikanã), Kwazá (langue koaza), Nambikwara (langue nambikwara) Nambikwara Latundé et Nambikwara Sabané

Foto: Hein van der Voort, 1998

Mode de vie traditionnel

L’habitat traditionnel se situait dans une zone de haute forêt, ils vivaient le long des rivières des cours supérieurs.

L’échange intertribal avec les peuples mentionnés plus haut a abouti à la création du dénommé « complexe culturel Marico » par l’anthropologue Denise Maldi (1991) avec pour caractéristiques :

  • Les paniers en fibres de tucum (marico) ;
  • Les cabanes communautaires en forme de ruche pour une dizaine de familles nucléaires ;
  • la chicha de maïs tamisé et fermenté ;
  • le manioc, les bananes, l’açai ;
  • le chamanisme avec l’usage de tabac à priser à base de paricá ;
  • la division en clans avec des noms d’animaux et des traits spécifiques de la mythologie.

Les Kwazá correspondent à ce type mais seulement, ils ne s’en souviennent pas, quelques indices néanmoins sont présents dans la mémoire orale du groupe voisin et suggèrent l’existence ancienne de clans chez les Kwazá.

Des coutumes ont disparu après les premiers contacts : les rites anthropophagiques (ils mangeaient leurs ennemis), les rites d’initiation pour les adultes avec l’isolement des filles pendant quelques mois, le jeu de ballon, la peinture corporelle avec le roucou et le jenipapo, les ornements corporels avec des bracelets, des colliers, des boucles d’oreilles et des coiffes utilisant des matériaux comme la noix de coco, des dents d’animaux, des coquillages, du tucum, des plumes. La lèvre inférieure était percée et ils y mettaient un labret, ils utilisaient des hamacs en fibre de tucum, les hommes jouaient de la musique et utilisaient des flûtes taboca, sacrées, interdites aux femmes, ils chassaient avec des arcs et des flèches et pêchaient à la nivrée en utilisant la liane timbo pour empoisonner un espace dans la rivière.

L’organisation de la société était assez égalitaire, ils étaient divisés en groupes territoriaux, peut-être en clans, les femmes pouvaient être chef ou chaman.

De nos jours, comment subsistent-ils

Aujourd’hui ils plantent du riz, des haricots (espèces introduites par les blancs), des bananes, du manioc, des arachides, des ignames, du tabac (espèces cultivées depuis toujours), dans des champs utilisant la pratique de l’essartage (abattis et brûlis), ils récoltent des fruits, ils ont des animaux domestiques (pénélopes, aras, cochons, singes).

Ils combinent la chasse et la plantation et travaillent dans des exploitations d’hévéas en échange de produits du marché (café, sucre, armes à feu) et travaillent aussi pour eux-mêmes.

Ils vendent du caoutchouc dans la ville.

Les missionnaires ont détruit des parties importantes de la culture indigène.

Les indiens dans ce processus d’acculturation sont devenus dépendants de produits alimentaires de base et de médicaments coûtant de l’argent, ils ont perdu leur autonomie.

Leurs terres peu fertiles ne contiennent pas de minéraux précieux, le bois dur à disparu, les cœurs de palmier ne se trouvent plus dans la région, le marché local du caoutchouc a chuté depuis 1997.

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Ces dernières années la collecte d’açai est devenue une source importante pour le peuple (voir traduction d’un article de la FUNAI de 2018).

source : pib.socioambiental.org

La collecte d'açaï génère des revenus et renforce la nourriture pour le peuple Kwazá dans l'État de Rondônia


Publié le 13 septembre 2018 
 

La collecte d'açaí à TI Kwazá est effectuée par onze couples de collecteurs. (photos : Vanderlei Castellani/Funai)

Le peuple kwazá célèbre le début d'une nouvelle saison de collecte de l'açaí dans la municipalité de Parecis, Rondônia. Avec le soutien logistique de la Coordination Technique Locale Chupinguaia (CTL/Funai), les quatre villages qui composent le territoire indigène Kwazá du fleuve São Pedro récolteront 36 000 kilos d'açaí dans la nature, entre les mois de juillet et décembre. Une partie de cette production est consommée par les quelque 60 indigènes des villages, et le reste est vendu dans les villes de Parecis, Cacoal, Pimenta Bueno et Rolim de Moura.

Afin d'améliorer la collecte et le traitement de l'açaï, la FUNAI a contribué à l'achat des équipements : deux machines à pulpe, deux congélateurs de 540 litres et un bateau avec un moteur à propulsion pour soutenir une "activité qui est devenue la marque de fabrique des Kwazá", rapporte le responsable de la CTL, Vanderlei Castellani.

Les Kwazás comptaient également sur le Conseil Missionnaire Indigène (Cimi), qui a fait don des matériaux afin que les indigènes eux-mêmes puissent construire le siège de l'agro-industrie [photo]. Ces nouvelles installations devraient améliorer les conditions de sécurité et d'hygiène lors de la bonne transformation des fruits : les 36 tonnes permettront d'économiser 21 000 litres.

Selon Castellani, "chaque jour, la collecte nécessite jusqu'à 11 équipes composées de deux indigènes : l'un d'eux monte sur le tronc de l'açaí et l'autre bat et charge le grain au point d'expédition. Actuellement, le flux se fait avec le soutien de la FUNAI, dans le transport des céréales vers les acheteurs des villes voisines", ajoute-t-il. 

Le coordinateur régional de Cacoal, Ricardo Prado, souligne que "la FUNAI a agi pour promouvoir la durabilité des personnes aidées, en mettant l'accent sur l'agrégation de la valeur dans les produits collectés et produits par les villages indigènes.

"L'açaí collecté par le peuple Kwazá a garanti un revenu aux indigènes avec la vente de la production, en plus de leur montrer l'importance d'une bonne gestion du territoire Kwazá, qui est riche en ce produit. Nous avons constamment démontré que le maintien de la protection des terres indigènes est le meilleur moyen de garantir ces revenus", explique Prado.


Conseil en communication/Funai  http://www.funai.gov.br/index.php/comunicacao/noticias/5038-coleta-de-acai-gera-renda-e-fortalece-alimentacao-do-povo-kwaza-em-rondonia

traduction carolita

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Brésil, #Kwazá

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