Brésil : Le peuple Karipuna d’Amapá
Publié le 28 Mars 2020
Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état d’Amapá, faisant partie du complexe des peuples autochtones habitant la région de la rivière Oiapoque inférieure. Ils sont intégrés dans des réseaux d’échanges couvrant des familles indigènes et non indigènes établis dans des villages et des villes voisines au Brésil et en Guyane française.
Population : 2922 personnes (2014)
Localisation et Terres Indigènes en Amapá
- T.I Galibi – 6689 hectares, 151 personnes, réserve homologuée. Ville : Oiapoque. 2 peuples y vivent : Galibi de l’Oiapoque (langue karib), Karipuna d’Amapá (langue créole).
- T.I Juminá – 41.601 hectares, 121 personnes, réserve homologuée. 2 peuples y vivent : Galibi-Marworno (langue créole), Karipuna d’Amapá (langue créole).
- T.I Uaça I et II – 470.164 hectares, 4462 personnes, réserve homologuée, ville : Oiapoque. 3 peuples y vivent : Galibi-Marworno (langue créole), Karipuna d’Amapá (langue créole), Palikur (arawak).
En 2002, 1700 personnes karipuna vivaient principalement sur les rives du rio Curupí, un affluent du rio Uaça, dans le nord de l’état d’Amapá. La région de la rivière Oiapoque inférieure est une zone frontalière entre le Brésil et la Guyane française.
Depuis 2002, tous les villages se situent sur les Terres Indigènes (T.I).
Langue : portugais et patois, une linga franca de la région qui présente des variations du patois parlé par d’autres groupes indigènes (comme le patois de Cayenne par exemple).
Le terme Karipuna est utilisé comme dénomination personnelle par le peuple et indique son identité d’indiens mixtes ou « civilisés ». cette dénomination a été attribuée et assumée par les familles Karipuna.
Brésil - Peuple Karipuna d'Amapá - Histoire - coco Magnanville
Ritual do Turé na Aldeia do Manga - Aldeias do campo fronteiriço do Oiapoque En ce qui concerne l'histoire plus générale de la région, il convient de souligner que, dans la phase commune de ...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2020/03/bresil-peuple-karipuna-d-amapa-histoire.html
Foto: Vincent Carelli, 1982.
Organisation sociale
Ils partagent le vaste réseau d’échanges avec les peuples Galibi-Marworno, Palikur et un groupe de Galibi qui a migré des côtes de la Guyane et vit le long de la rivière Oiapoque.
Dans les critères du mariage il y a un nombre expressif de mariages avec des parents proches y compris neveux et cousins. Ces unions considérées par les groupes voisins comme incestueux sont appréciés chez les Karipuna pour correspondre à un idéal qui est de « ne pas répandre le sang ». dans les mariages interethniques, les femmes ont tendance à épouser des hommes non indigènes et les hommes trouvent des épouses aux côtés d’autres ethnies. Les deux tendances matrimoniales karipuna, celle de la fermeture qui se manifeste dans la consanguinité au milieu de la famille élargie et celle de l’ouverture évidente dans la valorisation des unions avec des personnes de l’extérieur constituent deux mouvements opposés mais qui permettent la construction d’un modèle approprié d’organisation sociale.
Le mode de résidence peut aller de grands villages à de petites villes dont les maisons abritent une seule famille nucléaire. C’est au sein de ces cercles de coopération et d’entraide qu’il est possible de visualiser la constitution de groupes locaux où opère la tendance de la consanguinité. Au sein de ces milieux intervient le travail collectif pour des activités garantissant la subsistance des familles (construction et entretien des maisons, transformation de la farine pour la consommation propre ou la vente).
Cosmovision
Dans « notre système », on trouve un ensemble de pratiques de connaissances et de croyances considérées comme les leurs, qui englobent les connaissances chamaniques et catholiques.
Dans « notre monde » il existe d’autres mondes définis comme « fonds « fond des eaux, fond des forêts, sous le soleil). C’est un présent parallèle au nôtre se produisant dans un autre registre. Des êtres surnaturels vivent dans ces mondes : bet (bête), nam (âmes), met (maître), ghãpapa (grands-parents, cobra, caïman, laposinie (une espèce de crapaud).
Ils affirment que ces êtres sont comme des gens de leur monde, buvant le caxiri, faisant la fête et se promenant dans leur monde.
Activités productives
La pêche est abondante dans les rivières du bassin de l’Uaça surtout à la saison sèche. Certaines espèces de poissons sont recherchées dans l’océan et les crabes sont très appréciés. Ils traquent des alligators et des tortues d’eau douce qui sont constantes tout le long des rivières. Dans les cours inférieurs des rivières il y a des mangroves et des forêts mais plus bas se trouvent de grandes extensions de champs entrecoupés de forêt continentale, les tasos où les villages sont construits ou ouverts aux plantations. Le paysage est connu comme une savane, il est peuplé de hérons, de jabirus, de maguaris (héron de grande taille), de canards sauvages. Le gibier comporte des rongeurs, des cochons sauvages, des singes.
A la saison sèche les familles travaillent à l’ouverture des champs, les hommes effectuent le travail collectif pour abattre, brûler et nettoyer les parcelles en août et septembre. A cette occasion, la viande et les œufs de caméléons trouvés dans la forêt brûlée entrent dans le menu. Jusqu'en octobre et novembre, lorsque les premières pluies tombent, les plantations sont prêtes à être plantées, réalisées en grands travaux collectifs animés.
Les rituels
Le Turé
Turé au village Espírito Santo. Foto: Vincent Carelli, 1982.
Le Turé est considéré par les familles du Curupí comme une occasion de danser, de boire et de chanter avec les êtres surnaturels , de leur offrir du caxiri et les remercier d’avoir aidé le chaman dans les actes de guérison. Les Turé rassemblent des familles apparentées qui ont en commun la confiance accordée à un chaman et la reconnaissance de l’ensemble des êtres surnaturels qui sont considérés comme zami (ami), mamad (camarades) ou karuaña du chaman.
La fête du Divin
La fête du Divin est considérée par les Karipuna comme leur principale fête, le Ghã fet, comme ils disent en patois. C'est une célébration de deux semaines qui rassemble dans le village de Espírito Santo ceux qui se considèrent comme faisant partie de la "communauté Curipi". Le reste des villages sont libérés à cette date, car presque toutes les familles vivant dans le Curipi font la fête dans le village d'Espírito Santo. C'est donc dans la Festa Grande que l'on peut visualiser de manière heureuse et dynamique ce qui est difficile à trouver dans d'autres moments de la vie du groupe, car c'est dans la fête que "la société" Karipuna prend forme.
Une lecture pour ce peuple
Chamanisme et politique dans l’Uaçá, Bas-Oyapock (Amapá, Brésil)
Source : pib.socioambiental.org