Brésil : Le peuple Jiahui
Publié le 20 Mars 2020
Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état d’Amazonas et qui est locuteur d’une langue tupí guaraní. Ils font partie du sous-groupe Kagwahiva vivant dans la région du cours moyen du rio Madeira dans le sud de l’état d’Amazonas. Les circonstances historiques ont presque conduit à la dissolution du groupe. Leurs terres traditionnelles étaient occupées par des propriétaires fonciers et ils ont dû vivre avec les Tenharim ou dans les villes voisines. Au milieu des conflits, le processus de réoccupation du territoire indigène a commencé en 1998 à partir de là, ils ont cherché à se réorganiser pour garantir leur survie physique et culturelle.
Autodésignation : kagwaniwa
Population : 115 personnes (2014)
En 2001, le peuple ne comptait plus que 17 personnes dans le village de Ju ‘i et quelques personnes réparties dans d’autres T.I et dans des villes voisines en tout ils n’étaient pas plus d’une cinquantaine de personnes. Ils vécurent alors une situation particulière partant d’une populations considérée comme éteinte, ils ont commencé à se réorganiser, à réoccuper le territoire traditionnel , ils ont tenté de recomposer leurs fragments à la recherche d’habitants dans d’autres villages et villes voisins. Il était important que malgré la dispersion, les individus ne perdent pas complètement le contact les uns avec les autres. Beaucoup d’entre eux ont retrouvé leurs proches et retracé leurs relations généalogiques.
Il y a 3 groupes domestiques en gestation.
Les membres exercent collectivement les activités économiques. Lorsque la chasse est abondante elle est distribuée entre tous.
Les derniers descendants du sous-groupe Kagwahiva sont actuellement : les Jiajui, les Tenharim (rios Marmelos, Igarapé Negro et Sepoti), les Parintintin, les Juma, les Uru-eu-wau-wau, les Amondawa, les Karipuna et des peuples isolés.
Jusque dans les années 1920 tous les peuples Kagwahiva s’appelaient Parintintins. Quand les Jiahui ont été reconnus officiellement comme groupe ethnique, ils ont reçu de très nombreux noms mais le nom actuel Jiahui est le nom qu’eux-mêmes ont choisi.
Langue
kagwahiva, branche VI de la famille linguistique tupí-guaraní.
Terre Indigène et localisation
- T.I Diahui – 47.354 hectares, 115 personnes, réserve homologuée. Etat d’Amazonas, ville : Humaitá.
Une première mention des Kagwahiva est donnée en 1750 les localisant dans la région du rio Juruena supérieur à côté des Apiaká. Ensuite cette région est dévastée par une vague de mineurs avançant vers le nord en provenance de Cuiabá à la recherche de nouvelles mines d’or. Ceci a peut-être provoqué le processus migratoire des Kagwahiva jusque dans la région du rio Madeira.
Les Jiahui font partie d'un groupe de peuples qui ont occupé le cours moyen du rio Madeira, au sud de l'État d'Amazonas, en provenance d'une migration du Haut Tapajós, harcelés par leurs ennemis traditionnels, les Mundurukú, dans la période postérieure à 1750.
IMAGES de ce peuple
Brésil - Peuple Jiahui - Histoire du contact - coco Magnanville
image Il est fait référence aux Kagwahiva pour la première fois en 1750, dans la région du haut Juruena, à côté des Apiaká. Peu après, cette région a été traversée par la vague de mine...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2020/03/bresil-peuple-jiahui-histoire-du-contact.html
Organisation sociale
Ils diffèrent des autres groupes de la famille linguistique tupí guaraní par un système complexe de moitiés exogames recevant le nom de 2 oiseaux : Meytu et Taravé (crax fasciolata ou hocco à face nue) et Maracanã (conure pavouane ou aratinga leucophthalmus). Ce système définit les possibilités de mariage car un homme à sa naissance appartient toujours à la moitié de son père et ne peut épouse que des femmes de l’autre moitié. Ce système divise la société en deux grands groupes qui se marient entre eux. Même si le dépeuplement a entraîné le dysfonctionnement du système, dans le cas précis des Jiahui, il continue de fonctionner dans des mariages internes ou dans des mariages avec d’autres groupes indigènes Kagwahiva. Il existe aussi des mariages entre Jiahui et Tenharim sur le rio Marmelos. Les survivants des Jiahui ont été incorporés aux Tenharim par le mariage dans les années 1970.
Activités productives
Les champs de culture(rozas) sont situés derrière les villages, dans ces champs ils cultivent le manioc, la papaye, la banane. Leurs modes de subsistance sont la chasse, la pêche et l’agriculture de subsistance. La cueillette est surtout considérée comme une perspective d’insertion du groupe dans le marché régional. La châtaigne (aussi appelée noix du Brésil) est le produit central dans lequel ils consacrent une grande partie de l’année. Avec le mouvement de récupération du territoire ils ont repris la récolte dans la châtaigneraie de Tañoapire et ils ont commencé à collecter d’autres produits pour le marché régional (dont l’açai largement produit et consommé sur les terres Jiahui).
La chasse
Les sentiers de chasse suivent d’autres activités ainsi lorsqu’une personne part à la chasse, elle suite des sentiers alternatifs appelés sentiers de chasse, grâce aux connexions de ces sentiers, de vastes zones de territoire sont parcourues à la recherche d’animaux comme le taiaho (tayassu pecari ou pécari à lèvres blanches), le paca ou l’agouti. La chasse est une activité masculine, c’est une source importante de protéines pour la communauté. L’objectif idéal du chasseur est de rapporter de la chasse un gros animal. Ils utilisent des armes à feu, des arcs et des flèches ainsi que des pièges. La chasse est une activité individuelle ou en groupe de 2 ou 3 chasseurs. Le produit est partagé dans la communauté.
La pêche
La pêche est une activité qui complète le régime alimentaire, elle est pratiquée également aussi par les femmes et les enfants dans des cours d’eau proches du village. Les espèces les plus appréciées sont : tucunaré, poisson chat, cachema, jatuarana, matrinchá, piau.
Plusieurs types de techniques et instruments sont utilisés ainsi que le timbó.
La linhada est une activité courante dans laquelle la ligne et l’hameçon sont utilisés pour pêcher dans des lacs où dans des flaques où le niveau d’eau est bas. La pêche au timbó est très appréciée et se pratique l’été avec une plante toxique qui une fois broyée et mélangée dans l’eau libère une substance qui anesthésie les poissons.
La cueillette
châtaigne ou noix du Brésil Par Agnieszka Kwiecień, Nova — Travail personnel basé sur :Brazil_nuts.jpg: QuadellBrazilnut.jpg: Horst FrankBrazil_nut_DSC05477.JPG: Lior GolgherBrazil_nut_DSC05503.JPG: Lior Golgher, GFDL, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6104665
Elle est faite par tous et toutes et sert de produit de consommation et pour la vente sur les marchés. La châtaigne est utilisée nature ou mélangée à des plats typiques tels que le beiju, le pain de manioc, le tapioca ou assaisonnant la viande.
En tant que produit du marché son prix varie en fonction de la récolte. La production quotidienne n’est jamais supérieure à 2 boîtes de châtaignes pour chaque groupe domestique.
açai Par Agnieszka Kwiecień (Nova) — Travail personnel basé sur :[1] from Flickr by Constantino Lagoa, CC BY-SA.[2]: from Flickr by Eli Duke (eliduke), CC BY-SA 2.0.[3]: from Flickr by scott.zona, CC BY 2.0.[4]: from Flickr by Forest & Kim, CC BY 2.0., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=26402729
La récolte de l’açaï est une activité masculine et nécessite de l’habileté pour utiliser le peconha, un anneau en rotin attaché aux pieds de l’homme pour l’aider à grimper au tronc de l’arbre. Les fruits sont récoltés en grappes, acheminés au village en paniers (paneiros) pour produire du jus. Pour se faire il faut laisser tremper les fruits dans de l’eau tiède, ensuite les écraser au mortier pour libérer la pulpe et les graines. Le liquide est tamisé et consommé mélangé à la farine de manioc.
attalea speciosa, fruits Par Marcelo Cavallari — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=42692008
La récolte de palmier babassu (attalea speciosa ou orbignya phalerata) est une ressource importante pour le peuple. Les fruits sont consommés crus ou sous forme de farine ou d’amidon, les feuilles sont utilisées pour les toitures des maisons, ils aiment aussi le puremu, une chenille qui vit à l’intérieur de la noix de babassu et qui se mange frite. Selon eux elle serait efficace contre les cheveux gris.
Dans les rozas le manioc est cultivé en tant qu’aliment de base pour produire de la farine, la farine est consommée toute l’année.
Ils cultivent aussi des pastèques, des haricots, des courges, des bananes, du macaxeira (manihot utilissima , une espèce de manioc), du maïs parfois le surplus agricole est commercialisé ou échangé avec des voisins (Parintintin ou Tenharim)
La vente des produits a lieu dans la ville d’Humaitá ainsi que de l’artisanat fabriqué par les femmes (colliers, bagues, bracelets, coiffes).
Les coiffes à plumes cocares sont très importantes dans la culture car elles sont utilisées par les hommes dans les situations politiques comme moyen de montrer la force de la culture indigène.
Mboatava
La combinaison de toutes les activités économiques Jiahui (et Kagwahiva) se produit dans une célébration centrale dans la culture indigène. Chaque année au début de la saison de plantation les Kagwahiva préparent un festival applé Mboatava (un nom dérivé du mot châtaigne) dont le plat principal est de la viande de tapir ou de pécari bouillie dans du lait de châtaigne.
Ce festival est devenu un pôle catalyseur des groupes de même langue et un facteur politique d’identité Kagwahiva en général. Ces dernières années il est pratiqué dans les villages Tenharim et rassemble tous les Kagwahiva, il attire les administrateurs régionaux de la Funai, les missionnaires, les représentants gouvernementaux, locaux et les ONG. Les Jiahui sont en train de réaliser leur propre Mboatava de nos jours.
Source : pib.socioambiental.org