Brésil : Le peuple Gavião Parkatêjê

Publié le 9 Mars 2020

 

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Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état du Pará et parlant une langue du tronc macro-jê.

Après la pacification traumatisante qui s’est produite dans les années 1970 au cours de laquelle ils ont perdu 70% de la population, les Gavião ont vaincu la crise démographique et reconstruit leur mode de vie.

Le village de Kaikoturé a été érigé en 1984 et il traduit par sa conception le futur projet des Parkatêjê reproduisant la conception circulaire traditionnelle des villages Timbira, ce village dispose de maisons en briques dotées de réseaux d’eau, de l’électricité et le village a un système de drainage.

Population : 646 personnes (2014)

Le nom

Le nom de gavião (épervier en portugais) a été attribué à différents groupes Timbira par des voyageurs du siècle dernier, ce terme étant censé souligner leur caractère belliqueux. Parkatêjê voudrait dire « peuple en aval » dans la langue jê.

Langue

C’est un dialecte du timbira oriental faisant partie de la famille linguistique macro-jê.

Territoire et Terre Indigène

  • T.I Mãe Maria – 62.488 hectares, 760 personnes, réserve homologuée. Ville : Bom Jesus do Tocantins. 3 peuples y vivent : Gavião Parkatêjê, Gavião Kytatêjê, Gavião Akrâtikatêjê.

Le territoire est situé sur des terres de forêt tropicale, limitée par les igarapés (canaux étroits) Flecheiras et Jacundá, des affluents de la rive deoite du rio Tocantins.

En 1977 la limite sud-ouest de la T.I est affectée par la construction de la route PA-150 qui part de Morada Nova en direction de Castanhal. Elle s’ajoute à la construction de la route PA-70 qui accélère l’occupation de cette partie orientale de l’Amazonie et favorise l’invasion systématique et croissante du territoire des Gavião.

Magnifiques portraits comme un reportage photographique 

Portraits

 

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Organisation sociale

Malgré le déséquilibre ethnographique accentué ils ont pu rétablir le fonctionnement d’un système de classes d’âge qui a pour référence la population masculine plus nombreuse. Ils sont répartis entre les enfants, les adolescents et les célibataires, les adultes mariés sans enfants, les adultes mariés avec enfants. Chacune de ces classes est associée à un certain niveau de participation et de prestige.

Le système de nomination et les relations qui en découlent ainsi que les longs cycles cérémoniels ont été récupérés et réactivés également.

Chaque membre de la tribu reçoit deux noms et l'un d'eux ne peut être divulgué. Montrer à l'autre ce secret signifie transférer le pouvoir. Lorsqu'une personne reçoit le nom d'un parent déjà décédé, elle porte la responsabilité de maintenir les caractéristiques de son ancêtre et, quel que soit celui qui les choisit, elle assume le rôle de parrain avec la fonction de transmettre la culture. Après le mariage, pendant une certaine période, entre le gendre et la belle-mère, la belle-fille et le beau-père, il leur est interdit d'appeler l'autre par son nom.

Mode de vie

La division du travail entre les sexes et les classes d’âge est la règle chez ce peuple. Les femmes rassemblées en groupes de sœurs s’occupent des plantations et des récoltes des rozas de tubercules (pommes de terre, cará ou dioscorea alata, igname blanche et violette, kupá une espèce de liane cultivée traditionnellement par les Timbira).

cará ou igname ailée Par Remi Tournebize — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=27116279

D’autres cultures sont celles du manioc doux et amer, de 3 espèces de maïs, une espèce d’arachide, 6 espèces de bananes.

L’agriculture occupe une place prépondérante comme source de subsistance.

Les hommes de leur côté cultivent le riz sur de grandes surfaces avec le système d’agriculture coivara. Cette culture est destinée à la consommation  et à la commercialisation. Une partie des produits est commercialisée.

La chasse est toujours une importante source alimentaire mais la consommation est surtout limitée aux cérémonies car les animaux deviennent rares à cause de la déforestation.

Les espèces chassées sont les agoutis, les singes hurleurs, les pécaris, les tatous, les tapirs, avec des fusils de chasse.

Les taches masculines confèrent aux hommes beaucoup de prestige.

La préparation des aliments est la tache des femmes.

fruits d'acrocomia (macaúba) Par Jim Conrad — JIM CONRAD'S NATURALIST NEWSLETTER. Written in the community of 28 de Junio and issued from a ciber 8 kms to the west in Pujiltic, Chiapas, MÉXICO.http://www.backyardnature.net/n/08/080414.htmhttp://www.backyardnature.net/n/08/080414cy.jpg, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4330869

cupuaçu 

La collecte de fruits  sauvages, bacaba (oenocarpus bacaba), babaçu (orbignya phalerata), açaï (attalea maripa), macaúba (acrocomia aculeata), ingá (pacae), copoazu (theobroma grandiflorum), châtaigne du Pará (bertholletia excelsa) est une activité qui était autrefois féminine et de grande importance pour la subsistance. Cette activité se pratique de nos jours de la part des deux sexes.

poraqué Par opencage — http://opencage.info/pics.e/large_9953.asp, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17013344

La pêche au poraqué (electrophorus electricus, anguille électrique) est la seule qu’ils pratiquent. Cette espèce est appréciée pour la préparation du berarubu (kuputi) un plat traditionnel des groupes jê constitué de 2 couches de manioc râpé entrecoupée de viande de gibier grillée sous des pierres chaudes et des feuilles de bananier dans un four en terre.

Pendant les périodes de pénurie, femmes et enfants vont pêcher de petits poissons comme les carás et les traîras (hoplias sp) avec des fils et des hameçons dans les igarapés près des villages.

Pendant la saison sèche ils font des expéditions en canoës pour pêcher avec des filets circulaires.

La préparation de farine de manioc se fait de façon régionale de type « puba » ou « sèche » par les deux sexes pour l’approvisionnement de l’ensemble du groupe.

L’artisanat est commercialisé aux visiteurs du village ou à Marabá.

Les hommes âgés fabriquent les objets de la culture traditionnelle qu’ils utilisent encore de nos jours, comme des instruments de musique à vent et à percussion, des arcs et des flèches pour utiliser dans les cérémonies par les deux sexes.

La récupération des rituels

Dans leur programme de ré articulation culturel, le retour aux « brincadeiras »(jeux ) comme ils nomment les rituels signifiait la récupération des institutions et des règles essentielles au fonctionnement de l’organisation sociale. Les rituels gaviões ont trait directement aux relations entre les personnes et les groupes à travers un schéma symbolique : la division en deux.

L’ensemble du groupe est segmenté en fonction de ces moitiés cérémonielles Pán (Arara) et Hak (Gavião) qui contestent les courses de bûches traditionnelles et les jeux de flèches. Tout est mis en opposition pendant les rituels : parents/proches, hommes/femmes, classes d’âges. Le jeu de football par exemple oppose les hommes jeunes aux hommes plus mûrs. Les courses de bûches sont effectuées fréquemment avec des troncs de babaçu ou de sumáuna (ceiba pentandra) peints avec de l’achiote (roucou). Les équipes de relais (formées uniquement d'hommes) portent des bûches sur leurs épaules. Le plus important n'est pas de savoir qui arrive le premier, mais plutôt de s'amuser. La fête est d'autant plus grande que les équipes arrivent ensemble ou presque ensemble.

Krohokremhum, excellent joueur de flèches. Photo : Vincent Carelli, 1983

Le jeu de flèches a lieu presque périodiquement devant les maisons ou lorsque tout le monde se rend en forêt. Les flèches sont tirées selon deux modalités, l'une vers le bas et l'une vers le haut. Les distances qu'atteignent les flèches quand elles sont plantées déterminent le vainqueur. Les excellents tireurs, hommes ou femmes sont admirés au sein de la société Parkatêjê et leurs performances tout comme celles de coureurs les plus rapides et habiles avec les troncs sont une source d'occasion de prestige et suscite de longues conversation dans la cour.

source : pib.socioambiental.org

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Peuples originaires, #Gavião Parkatêjê

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