Suriname/Brésil : Le peuple Tiriyó

Publié le 27 Février 2020

 

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Povo_Tiriy%C3%B3.jpg

Peuple autochtone vivant dans au Suriname et au Brésil (état du Pará) et parlant une langue de la famille linguistique karib.

Autodésignation : wü tarëno, txukuyana au Brésil

Ewarhuyana, akuriyó au Suriname

Le nom

Tiriyó est un nom qui a été donné par l’homme blanc. Eux s’identifient comme Tiriyá en portugais pour les non-tiriyó (indigènes et non indigènes) mais quand ils parlent dans leur propre langue ils s »identifient en disant : « wü Tarëno, je suis tarëno, je viens d’ici, de cette région »

Population

Suriname : 1845 personnes (2006)

Brésil : 1715 personnes (2014)

Localisation

Ceux qui vivent au Brésil partagent la bande ouest du parc indigène Tumucumaque (PIT) depuis la fin des années 1960 avec les peuples Katxuyana et Txikuyana et des Ewarhuyana et Akuriyó. Certains vivent sur la frange orientale du PIT avec les Apalaï et les Wayana du cours moyen et supérieur du rio Paru de Leste.

Au Suriname ils vivent en plus grand nombre qu’au Brésil, au bord des rivières Tapanahoni, Sipariweni et Paroemeu.

La région où ils habitent est divisée politiquement entre le Brésil et le Suriname. Les terres s’étendent du nord de l’état du Pará (Brésil) jusqu’au sud du Suriname. Les principaux affluents de l’Amazone traversent la partie brésilienne de leurs terres et sont les rios Mmarapi, Paru de Oeste, Citaré et Paru de Leste. Les rios Sipariweni, Tapanahoni et Paroemeu naissent du côté du Suriname de leurs terres et vont se jeter dans l’océan Atlantique.

Foto: Denise Fajardo Grupioni, 2001

Terres Indigènes (T.I)

  • T.I Tumucumaque –3.071.070 hectares, 1700 personnes, réserve homologuée. 6 peuples y vivent locuteurs de langues karib : Aparaï, peuple isolé Akurio, peuple isolé du rio Citaré, Katxuyana, Tiriyó, Wayana. Villes : Alenquer, Almerim , Laranjal do Jari, Obidos, Oriximina.

Langue

Tiriyó  langue de la famille des langues karib du nord.

Ils vivent dans un environnement multilingue dans la diversité linguistique des groupes karib, tupí, arawak de la région guyanaise et avec les groupes de réfugiés africains et leurs descendants qui ont peuplé la région. Le fait de vivre des deux côtés de la frontière fait que du côté brésilien ils vivent avec des locuteurs de portugais et d’allemand et au Suriname avec des locuteurs de néerlandais et des anglophones. Donc en plus de leur propre langue ils parlent ou comprennent les langues des groupes de personnes des deux pays avec lesquels ils entretiennent des relations étroites.

Relations interethniques et communautaires

image (village de Palomeu Suriname)

Jusqu’à la fin des années 50 les Tiriyó des fleuves Panama et Paru de Leste jusqu’aux rios Sipariweni, Tapanahoni et Paloemeu se reconnaissaient comme appartenant à des groupes différenciés qu’ils nommaient itüpü, des locuteurs d’une langue karib. Ils avaient un réseau d’échange fréquent aux XIXe et début du XXe siècle avec des groupes surinamais, de Guyane française et du Brésil comme les Xarumã, Mmacuxi, des Teko et des Piriu. Avec l’arrivée des missionnaires dans la région des informations et des documents historiques, des sources orales mentionnent une référence aux Wayana comme partenaires idéaux dans le commerce. Ils les considéraient comme kuré kurano (très bons) par contre les Katxuyana avec qui ils partagent le même territoire aujourd’hui étaient désignés comme piá kuré (pas très bons), ceux-ci en effet avaient l’habitude d’enlever des femmes tiriyó.

Avec l’arrivée des missionnaires les notions chrétiennes du style « nous sommés tous frères »vont changer les relations et les Katxuyana autrefois désignés comme ipürume ‘ennemis), une fois transférés dans la mission Tirizó établissent des relations étroites avec les Tiriyó et seront considérés comme ainya imöitü (nos parents conhabitants) s’insérant dans un réseau d’échanges matrimoniaux.

Les Ewarhuyana sont considérés aussi comme ipürume, mais à l’initiative des missionnaires ils vont résider avec les autres groupes de la mission Tiriyó du côté brésilien mais de nos jours les 12 membres de ce peuple n’établissent pas d’échanges matrimoniaux avec les Tiriyó mais vivent près d’eux et sont considérés comme parents génériques, imitühton car ce sont des indiens.

Organisation sociale

 

L’unité sociale spatiale de base des Tiriyó est nommée pata, celle-ci équivaut à un village. Chaque lieu est associé à son pataentu, le propriétaire du lieu, celui qui l’a identifié, choisi et a réuni un ensemble de parents bilinéaires. Chaque pata est constitué d’une seule ou d’un ensemble d’unités résidentielles nommées pakoro. Dans chaque pakoro vit un couple avec ses enfants non mariés et ou fille ou gendre nouvellement mariés. Un groupe familial de parents co-résidents est un imoitü. Imoitü désigne l’existence de la parenté (réelle ou virtuelle) de la co-résidence. Le territoire qui regroupe l’ensemble des patas où réside la population est désigné Tarëno mono (terre des Tarëno)

Activités économiques

Leur base de subsistance est ancrée dans la culture du manioc, la chasse, la pêche et la cueillette. Avant les années 1960 ces activités étaient intégrées au sein d’un système mobile d’agriculture et d’emménagements à intervalles de 5 à 10 ans. Depuis ils sont devenus sédentaires à cause de la centralisation des logements autour des postes missionnaires. Les missionnaires ont encouragé la plantation de produits comme les bananes, la canne à sucre, les ananas, les papayes, les pastèques qu’ils ont bien réussi par contre ils ont moins bien réussi les cultures du riz, des haricots et des légumineuses.

Les missionnaires ont également encouragé les Tiriyó à l’élevage d’animaux comme les porcs, les moutons, les poulets, les canards mais l’habitude des Tiriyó envers ces animaux traités comme des animaux de compagnie n’était pas compatible avec la notion d’élevage et d’abattage comme source de nourriture.

L’acquisition de produits manufacturés par le biais du commerce avec les noirs remonte au siècle dernier et c’est une institution dans la région.

Ce n’est que dans la phase missionnaire qu’un système de prestation de services a été introduit en échange d’une rémunération en argent ou en biens matériels. Ce système a considérablement modifié l »organisation du temps et du travail des familles impliquées dans la prestation de services.

Par Sérgio Meira — Travail personnel, CC BY-SA 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1400522

A partir des années 90 les incitations gouvernementales croissantes pour embaucher des agents de santé et d’éducation autochtones avec des salaires plus importants associées à des possibilités d’accès aux centres urbains régionaux (Paramaribo au Suriname, Macapá et Belém au Brésil), des sommes d’argent relativement importantes sont devenues monopolisées par quelques-uns et se sont matérialisées par la possession de biens matériels variés allant de l’ours en peluche aux vélos et téléviseurs, cassettes vidéo et antennes paraboliques.

source : pib.socioambiental.org

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Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Brésil, #Suriname, #Tiriyó

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