Les entreprises qui aident les colons israéliens

Publié le 16 Février 2020

Bachelet a présenté une liste de 112 entreprises au Conseil de sécurité des Nations unies

Les entreprises qui aident les colons israéliens

L'annonce a été célébrée comme une victoire pour la Palestine et a reçu le soutien des organismes internationaux des droits de l'homme, mais a été fortement critiquée par les États-Unis et Israël. 

Les Nations unies ont publié mercredi une liste de 112 entreprises qui exercent une sorte de commerce ou d'activité dans les colonies israéliennes, considérées comme illégales par le droit international, un rapport qu'Israël a qualifié de "honteux" mais qui a été salué comme une "victoire" par les Palestiniens.

La grande majorité de ces entreprises sont basées en Israël, mais il existe également de grands groupes internationaux, notamment dans le secteur du tourisme, tels que Airbnb, Expedia, TripAdvisor et Booking. "Je suis consciente que cette question a été et continuera d'être très controversée", a déclaré Michelle Bachelet, Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, dans une déclaration, soulignant que le rapport publié est "basé sur des faits". Le document "reflète la grande attention qui a été accordée" à ce travail, qui est "sans précédent et particulièrement complexe", a-t-elle ajouté dans une déclaration.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a cependant menacé de représailles. "Celui qui nous boycotte sera boycotté", a déclaré le président dans une déclaration de son bureau. "Nous rejetons fermement cette initiative méprisable", a-t-il souligné. "C'est une capitulation honteuse face aux pressions des pays et des organisations qui veulent nuire à Israël", avait déjà réagi le ministère israélien des Affaires étrangères. Cependant, il s'est réjoui de constater que "la plupart des pays ont refusé de se joindre à cette campagne de pression politique".

Au lieu de cela, le chef de la diplomatie palestinienne, Riyad al-Maliki, a salué "une victoire pour le droit international et nos efforts diplomatiques". Cette liste permettra de "drainer les puits du système colonial incarné par les colonies illégales dans les territoires palestiniens occupés", a-t-il ajouté.

Le rapport fait suite à une résolution du Conseil des droits de l'homme des Nations unies de 2016 demandant une "base de données de toutes les entreprises ayant des activités spécifiques liées aux colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés". Cette liste "ne constitue pas et n'a pas pour but de constituer un processus judiciaire ou quasi judiciaire", précise le communiqué de presse, en référence implicite aux craintes israéliennes qu'elle ne serve de base à d'éventuels boycotts.

La liste comprend 94 entreprises basées en Israël, dont plusieurs banques (Leumi, Bank of Jerusalem et autres) et des entreprises de divers secteurs comme l'industrie, les télécommunications et l'alimentation, surtout. Les 18 autres entreprises figurant sur la liste sont situées dans six pays différents. Parmi les groupes internationaux mentionnés figurent la société française Alstom, la société américaine Motorola Solutions ou Altice Europe (télécommunications, médias).

Le rapport, qui aurait dû être publié il y a trois ans, a été retardé à plusieurs reprises. Le bureau du Haut Commissaire a indiqué que plus de 300 entreprises avaient été analysées. La liste publiée identifie enfin les 112, au sujet desquelles "il existe des éléments raisonnables permettant de conclure qu'elles ont été impliquées dans une ou plusieurs des activités mentionnées" dans la résolution de 2016. Toutefois, les entreprises figurant sur la liste n'y resteront pas nécessairement éternellement, car le rapport prévoit un examen annuel, afin de pouvoir démontrer que les activités en question ont pris fin.

Plus de 600.000 colons israéliens vivent en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, en grande tension avec la population palestinienne. Bien que les colonies israéliennes soient illégales en vertu du droit international, la légalité des actions des entreprises dans ces territoires sera examinée lors de la prochaine session du Conseil des droits de l'homme à Genève du 24 février au 20 mars.

Bruno Stagno, directeur de Human Rights Watch (HRW), a salué la publication de cette liste, qui "devrait être un avertissement pour toutes les entreprises : faire des affaires dans les colonies illégales revient à soutenir les crimes de guerre". L'occupation des territoires palestiniens par Israël est considérée comme illégale par les Nations unies.

Au lieu de cela, le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a défendu les entreprises américaines citées dans le rapport. "Les tentatives d'isolement d'Israël vont à l'encontre de tous nos efforts pour créer des conditions propices à des négociations israélo-palestiniennes qui conduiront à une paix globale et durable", a averti M. Pompeo. "Je suis scandalisé que la Haute Commissaire aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, ait publié une base de données des entreprises opérant dans les territoires contrôlés par Israël", a déclaré le ministre des affaires étrangères de Donald Trump dans un communiqué. "Sa publication ne fait que confirmer la persistance du parti pris anti-Israël qui est si répandu à l'ONU", a-t-il déclaré. 

Fin janvier, le gouvernement du président Donald Trump a présenté son soi-disant plan de paix pour le conflit israélo-palestinien, qui propose une souveraineté limitée pour un futur État palestinien et autorise Israël à annexer de vastes zones de la Cisjordanie occupée.

Les dirigeants palestiniens ont rejeté la proposition de Washington avant même qu'elle ne soit présentée, ne considérant pas les États-Unis comme un médiateur. Mardi dernier, le président de l'Autorité nationale palestinienne, Mahmoud Abbas, a présenté au Conseil de sécurité des Nations unies son opposition frontale au plan de Trump et a clairement fait savoir qu'il n'accepterait pas un État palestinien comme celui qu'il propose, totalement fragmenté, comme un "fromage suisse".

traduction carolita d'un article paru sur pagina 12 le 15 février 2020

Rédigé par caroleone

Publié dans #Palestine libre

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article