Poésie amérindienne - Juan Gregorio Regino

Publié le 8 Novembre 2019

De Milton Martínez / Secretaría de Cultura CDMX - https://www.flickr.com/photos/culturacdmx/41882611510, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=71235058

La poésie de Juan Gregorio Regino (né en 1962) s'enracine dans la tradition orale présente dans la culture Mazatèque dont il fait partie, où il a puisé dans la mémoire pour trouver de nouveaux chemins vers la littérature. Sa poésie s'est répandue dans différents pays tels que : Espagne, France, Italie, Serbie, Cuba, Argentine et États-Unis. En 1996, il a remporté le Prix Nezahualcóyotl de littérature en langues mexicaines, décerné par le Conseil national de la culture et des arts. Il a publié deux recueils de poésie : Tatsjejin nga kjaboya (La mort n'est pas éternelle) et Ngata'ara Stsehe (Que vienne la pluie). Une partie de sa production poétique a été traduite en anglais, français, italien, serbe et catalan. 

JE CONNAIS LA LANGUE DU MONDE

Le monde tourne déjà avec moi,
il m'ouvre déjà ses portes.
Je peux écouter ceux qui parlent,
ceux qui rient, ceux qui pleurent.
Je vais découvrant le mystère du monde.
Le monde tourne déjà avec moi,
m'enseigne et me parle.
Parce que je connais la langue du monde.
Parce que je connais la langue de la colline,
du tonnerre, de l'arbre et du jour.
Parce que je connais la langue du soleil.
Parce que je connais la langue de la pierre,
de la terre, de la fleur et de la nuit.
Parce que je connais la langue de l'étoile.
Parce que je connais la langue de la lune,
du nuage, de la mer et de la mort.
Que les fleurs viennent maintenant.
Que les oiseaux viennent maintenant.
Que les coqs viennent maintenant.
Laisse-les chanter avec moi.
Que le copal vienne maintenant.
Que le tabac vienne maintenant.
Que le cacao vienne maintenant,
qu'ils m'écoutent.
Ils seront mes gardes.
Ils seront les clés
qui m'ouvriront les portes.
Ils veilleront sur moi
dans le tranchant, dans le visible,
dans le clair et l'ombre.
Ils seront mes gardes.

BE´AN ÉHEN NGASONDIEHE

Jé ts´afuatjiyajóna ngasondie,
jé ts´akjix´ána ngatjua,
t´ie yejé´an ´yá xi chja,
xi mojnó, xi kjanda.
Bé yije´an kó kji´í ngasondie.
Kuixi ts´afoatjiyajóna,
xi ts´abokóna, xi se´enchjajóna.
Ngat´e be´an éhén ngasondie.
Ngat´e be´an éhén naxihi.
Ngat´e be´an éhén chohon
Ngatjandibua nisié´ne.
Ngatjandibua xundaxi´í´ne.
Ngisiejóna.
Ngatjaa tjingo bojón´e.
Ngatjaá tsjiun´e.
Ngat´e be´an éhén yáhá.
Ngat´e be ´an éhén ts´uíhi.
Ngat´e be án éhén ndijoho.
Ngat´e be´an éhén t´anangui.
Ngat´e be´an éhén naxoho.
Ngat ´e be´an éhén nixtjiehen.
Ngat´e be´an éhén nñoho.
Ngat´e be ´ an éhén sáhá.
Ngat´e be´an éhén kjaboyáha.
Ngat´e be´an éhén choho.
Ngat´e be´an éhén inimaha.
Ngatjandibua naxón´e.
Ngatja´a k´ion´e
Nguit´iénan´e
Nguit´iénan é
Kuíxi kamá chik´o´an,
Kuíxi kamá yibina
Xi skjix´ána ngatjua.
Kuíxi skona
Ñanga tsijen, ñanga nixtjien,
Ñanga jñó, ñanga tjik´ien.
Kuí kama nchik´oan.

CONOZCO LA LENGUA DEL MUNDO

El mundo ya gira conmigo,
ya me va abriendo sus puertas.
Puedo escuchar a quienes hablan,
a quienes ríen, a quienes lloran.
Voy descubriendo el misterio del mundo.
El mundo ya gira conmigo,
me enseña y me habla.
Porque yo conozco la lengua del mundo.
Porque yo conozco la lengua del cerro,
del trueno, del árbol y del día.
Porque yo conozco la lengua del sol.
Porque yo conozco la lengua de la piedra,
de la tierra, de la flor y de la noche.
Porque yo conozco la lengua de la estrella.
Porque yo conozco la lengua de la luna,
de la nube, del mar y de la muerte.
Que vengan ahora las flores.
Que vengan ahora los pájaros.
Que vengan ahora los gallos.
Que canten conmigo.
Que llegue ahora el copal.
Que llegue ahora el tabaco.
Que llegue ahora el cacao,
que me escuchen.
Ellos serán mis guardias.
Ellos serán las llaves
que me abrirán las puertas.
Ellos me vigilarán
en lo nítido, en lo visible,
en lo oscuro y las sombras.
Ellos serán mis guardias.

Juan Gregorio Regino  traduction de l'espagnol carolita

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